Les fameux trois-coups attendus du championnat de Ligue 1 2022-2023 résonneront bientôt et après cette période de préparation débutée par la demi-surprise du départ de Sampaoli, suivie par son remplacement immédiat par Igor Tudor, nous pouvons tirer un certain nombre de constats et poser quelques questions.
Les constats
Il est inutile de tourner autour du pot, le groupe olympien n’est à ce jour pas prêt du tout à rentrer dans la compétition sur de bonnes bases. Le match face au Milan AC a été un révélateur violent qui nous a laissés sans guère de ces réserves habituelles que l’on se ménage dans un moment où les choses sont censées être encore en germe et en devenir.
Physiquement, nous n’avons pas noté que les joueurs disposaient du carburant nécessaire pour aller au bout de leurs idées, si tant est qu’ils en aient en magasin. Car côté jeu, si la philosophie de la possession que certains, trop nombreux à mon goût, reprochaient au coach argentin a disparu, nous n’avons pas noté que le jeu vertical, le pressing haut permanent, et le travail de sape des pistons, l’avaient remplacé. Pire que ça, nous n’avons pas vu la moindre trace d’un travail dans ce sens, que ce soit dans les sorties de balles, la construction, la capacité à déstabiliser l’adversaire.
La défense est à la rue même si Clauss et M’Bemba tirent plus que leur épingle du jeu. Le milieu patauge dans la récupération, l’articulation défense-attaque, les transitions, et devant, les attaquants semblent en errance. Payet qui va au pressing en début de match n’est pas dans son meilleur rôle, il est d’ailleurs peut-être un peu trop haut, quant à Luis Suarès, on attendait un déménageur, on a vu un un joueur de 3e zone sans jus ni potentiel technique apparent, même s’il a l’excuse d’une arrivée trop récente.
Des causes
Il semble évident d’une part qu’un climat malsain circule dans le groupe, favorisé par le sort fait à certains joueurs dont la direction souhaite se débarrasser pour récupérer du cash. C’est le cas surtout pour Dieng quand il n’y a guère d’alternative de choix à son poste pour l’instant. D’autant que pour le vendre, le mieux serait de l’exposer.
Et d’autre part, l’absence d’adhésion des joueurs aux idées du coach saute aux yeux. Igor Tudor n’a pas réussi à switcher derrière Sampaoli. Ni dans le management, ni dans ce qu’il leur propose, ni humainement peut-être même. Les remontées selon lesquelles il parlerait mal à ses hommes ne plaident pas en sa faveur, surtout s’il n’a pas encore réussi à montrer l’homme qu’il est vraiment sous la carapace. Dans cette idée, le fait d’avoir ouvert si tôt le parapluie devant les premières contre-performances de son groupe, prétextant un choix d’adversaires guère pertinent dans la préparation initiale, ne le sert encore pas auprès de ses troupes, même s’il souhaitait sans doute ainsi les protéger.
Se remettre en question
On a appris qu’une réunion avec Longoria a été demandée par des cadres en tête desquels figure le capitaine Dimitri Payet et je pense que c’est une très bonne chose.
S’il y a des remises en question qui doivent s’opérer, c’est maintenant, le plus vite possible, et c’est tout le monde qui devra se livrer à cet exercice jamais bien confortable. Les joueurs, le coach, mais aussi le président qui va devoir se mettre à poil sans tricher pour réunifier l’ensemble avec conviction, même si nous savons tous que le jeune dirigeant est sous la contrainte de directives venues de plus haut, d’un actionnaire majoritaire qui réclame des rentrées d’argent frais avant la reprise.
Il est certain que McCourt serait bien inspiré de venir à son tour devant la presse marseillaise pour s’expliquer, nous dire clairement où il en est, où il pense aller, et cela sans nous jouer du pipeau. Car s’il est une chose sur laquelle Sampaoli avait raison, c’est que l’ambition dont l’américain nous rebat les oreilles quand il daigne s’exprimer, aurait consisté dans un investissement supplémentaire pour consolider l’équipe qui avait fini deuxième du dernier championnat et qui devra montrer enfin quelque chose dans sa participation à une Ligue des Champions conquise de haute lutte.
Les supporters aussi
Enfin, ceux qui devront aussi se remettre en question et se réinterroger sur leur amour du club, ce sont les supporters. Nous sommes contraints à la patience et nous devons nous y résoudre. Sampaoli est parti et le bateau devait bien continuer d’avancer. Réclamer si vite la tête de l’entraîneur et pour certains par extension, celle du président ou de McCourt est juste irresponsable et d’une bêtise affligeante, même si cela ne concerne qu’une poignée d’individus constamment dans la négative et souvent frustrés d’une absence de vente à de prétendus riches saoudiens qu’ils annoncent invariablement jour après jour depuis plus d’un an et demi.
Nous avons tous intérêt à ce que cet effectif se rassemble derrière son staff et pleinement dans l’institution OM.
Vive le grand Roger Magnusson !
Thierry B Audibert