L’ancien milieu de terrain de l’Olympique de Marseille, Mathieu Valbuena, nous accordé un entretien exclusif. Dans la troisième partie de cette longue interview menée par notre nouveau consultant Jean Charles De Bono, il évoque les nombreux coachs qui l’ont marqué à l’OM. Retour sur ces entraineurs et sur le titre de Champion du Monde de l’équipe de France.
Gerets, Bielsa… tu gardes quelle image de leur travail, de leur personnalité, ce qu’ils t’ont apporté ? Si tu dois en ressortir un, qui t’a le plus marqué ?
Mathieu Valbuena : « J’en ai eu plusieurs à l’OM et ils ont tous été différents. Gerets m’a plus marqué parce que c’est lui qui m’a lancé. Quand il est arrivé, il avait 3 jours pour faire une composition d’équipe pour aller jouer à Liverpool. On était 19e au classement, c’était une situation très compliquée. L’électrochoc, Albert Emon a été démis de ses fonctions. Du coup Eric Gerets arrive mais il ne connaissait personne, mis à part Djibril Cissé. Donc il doit faire une composition d’équipe à Liverpool. Et ça a été une soirée de rêve pour moi avec ce but. Dans la continuité, c’est un entraîneur qui m’a fait confiance. Je jouais pratiquement tous les matchs. Il a été un élément très important pour la suite de ma carrière et il m’a lancé. Donc ces entraineurs là, on s’en rappelle. Il y a aussi eu Deschamps, parce qu’on a gagné des titres avec lui. Ça a été compliqué au début, pendant 5 mois il y a eu des tensions. Et quand on se retrouve en janvier après avoir perdu 2-0 chez nous face Auxerre, il décide de me donner ma chance. J’ai su la saisir, c’était les premiers matchs de Coupe de France un peu traquenard. On joue à Trelissac, on gagne et ils nous intègrent avec Hatem dans son onze et en 6 mois on est champion de France, on gagne la Coupe de la Ligue et Equipe de France en 2010. »
J’ai mis apporté ma pierre à l’édifice pour le sacre en 2018 à Moscou — Valbuena
L’Equipe de France, le titre mondial des Bleus. Tu as eu un regard malheureux puisque tu n’y étais pas. Qu’est-ce que tu en retiens? Tu as des regrets de ne pas y avoir été?
Mathieu Valbuena : » Non. S’il y a un regret à avoir, c’est l’Euro 2016. Pas la Coupe du Monde 2018 en Russie. J’étais très heureux pour cette génération qui est très talentueuse. Qui nous a pas forcément procuré un football de rêve mais aujourd’hui, on retient qu’ils ont une force de caractère incroyable. Personne n’aurait parié un penny sur l’équipe de France. Moi le premier. Mais elle a su se montrer terriblement efficace. Et Didier, c’est un meneur d’homme. Il a su former un groupe et c’est là où il est très fort. Aujourd’hui, le plus important dans des compétitions comme ça c’est plus les remplaçants que les titulaires. Quand tu vis plus d’un mois au quotidien ensemble, il faut savoir gérer un groupe. Qui tu vas prendre? Peut-être pas les plus talentueux. On a pu le voir en 2014, on a vécu des moments extraordinaires. Pour 2018, moi et tout ceux qui n’y sont pas allé, on a quand même apporté notre pierre à l’édifice. Il y a eu l’Euro 2012 avec Laurent Blanc, ça s’est mal passé. Didier a repris derrière pour faire la Coupe du Monde en 2014. On a eu le déclic lors du match face à l’Ukraine. On perd 2-0 là bas et on revient à 3-0 au retour. Il y a eu un déclic avec les supporters aussi. Depuis cette période, l’équipe de France a eu un progression constante. Elle a fait 2014, les supporters étaient contents parce qu’ils restaient sur une Coupe du Monde 2010 catastrophique. Et juste après, quart de finale en 2014 et finale de l’Euro 2016. Puis finalement le sacre en 2018. L’équipe a été en progression constante. Je me dis que lorsque Didier a pris les reines, j’y étais. Et j’ai fait jusqu’en 2015. J’ai mis apporté ma pierre à l’édifice pour le sacre en 2018 à Moscou. »
Et cette génération, il y a beaucoup de jeunes, est-ce qu’ils ont un bel avenir?
Mathieu Valbuena : « Oui mais le plus dur commence. Parce que le statut de champion du monde fait que l’on est attendu partout. Ce ne sera pas évident, même contre des petites nations puisqu’il n’y en a plus réellement. Mais je compare ça à l’OM, quand tu as été vice-champion d’Europe avec ta finale, tu es attendu partout. Et c’est là où il faut avoir la force de caractère. L’équipe de France c’est pareil, ils ont ce statut de champion du monde qu’il faut assumer et aujourd’hui, les gens disent : il faut confirmer, il faut gagner l’Euro. Il y aura beaucoup d’attente autour de l’équipe de France et je pense que le plus dur commence pour eux. »