Comment dormir après une telle désillusion ?
Hier l’OM s’est payée une des plus belles sorties de route de son histoire, qui en est déjà tristement jalonnée. Généralement c’est en Coupe de France qu’on les connaît, avec en face des équipes contre lesquelles nous ne pouvions pas envisager la chute. Les joueurs non plus d’ailleurs, c’est bien là notre problème.
Trois jours après une lourde défaite contre le Qatar dans un match qui devait prétendument nous emmener sur la voie d’un titre, l’OM a raté une porte dans la descente vers l’autre titre, l’objectif le plus accessible pensions-nous, et tellement souhaité.
Il peut en être du football comme du ski, et les savoyards le savaient très bien sans doute, les temps de passage, c’est bien beau, encore faut-il arriver le premier en bas sans tomber. Hier, l’OM s’est égaré. L’équipe est partie direct dans la forêt comme Jean Alesi en F1 s’envoyait naguère en dérapage dans les graviers, s’attirant ainsi les moqueries des Guignols de la bande à Bruno Gaccio.
Les joueurs d’Annecy ne s’attendaient pas à une telle fête, mais à force qu’on les laisse approcher de la table, ils ont commencé à envoyer les mains et ils se sont empiffrés comme des morfales. On va pas leur en vouloir, on les comprend même.
J’entendais tout le monde maudire Balerdi à la sortie du stade pour son tir au but raté, lui qui était loin d’avoir fait son meilleur match, quand deux buts sont marqués dans l’axe, tu y es forcément pour quelque chose si c’est ton poste derrière, mais ce pauvre Balerdi dont on sentait tous que c’était le maillon faible de l’histoire au fur et à mesure qu’il s’approchait du point de pénalty, on aurait dit que c’était écrit, que les astres nous avaient spoilé la fin, n’aurait jamais dû se retrouver dans cette situation de frapper en 8e position. L’OM aurait du gagner ce match avant.
Tudor fait une erreur avec ses trois changements d’un coup juste après l’égalisation d’Annecy. Nous avons senti l’équipe se donner un temps d’inertie qui a permis à ses adversaires d’enfoncer le clou. Oui, il a sans doute voulu réagir trop vite et trop fort et c’est à l’effet contraire qu’il a eu droit. Mais la question qui se pose reste celle de la préparation du match. La préparation tactique et mentale.
Je veux bien entendre que le match joué il y a trois jours a pesé dans les jambes mais cette prestation olympienne avec tous ces manquements techniques dans la transmission, les contrôles et la construction sont difficilement acceptables. Sans compter le laxisme coupable de la défense sur les deux buts.
Le football est ainsi. Il tient à rester maître de son incertitude. N’espère jamais que ta logique s’imposera face à lui, malheureux, et encore moins quand tu supportes l’Olympique de Marseille auquel il a fait un jour un cadeau si fabuleux avec la Ligue des Champions qu’il nous demandera de le payer toute notre vie ainsi que celle de nos enfants.
Il faut s’incliner devant le football, sa puissance et sa malice, sa majesté. Rien d’autre à dire. Supportons de souffrir, c’est la vie que nous avons choisi. J’ai une pensée pour le petit Mughe qui aurait pu être le héros de toute une ville hier au soir. Courage petit, la prochaine fois peut-être, tu dois y croire encore, comme nous tous, même si c’est dur et que nous avons tous envie de nous mettre dans un grand trou pendant un moment.
Vive le grand Roger Magnusson !
Thierry B. Audibert