C’était un de ces grands soirs comme on les aime, dans une ambiance printanière à laquelle nous allons malheureusement devoir nous habituer en ces temps où les chauffages sont normalement allumés dans les foyers. Il y avait sans doute plus de candidats pour entrer dans le Stade qu’il n’existait de possibilités de le faire, côté Virage Sud, ceux qui se retrouvaient coincés aux portiques après s’être fait couillonner avec des billets multi-vendus (je ne vois que cette explication..l si vous en avez une autre) créaient une bouchon qui coinçaient ceux qui avaient voulu profiter au maximum des terrasses à l’avant-match dont mes amis et moi. La cohue fût indescriptible, des enfants coincés et pleurant, des femmes que la situation rendait nerveuse, des mecs à deux doigts de péter un boulon et de frapper au hasard. On a évité le pire, et la passivité des forces de police laisse interrogateur, massées inutilement un peu plus loin, reste incompréhensible.
Tudor, sans surprise, avait mis l’équipe prévue avec les joueurs les plus motivés, ses hommes de base, ceux qui ne rechignent pas à l’effort et à l’engagement. Malheureusement, dans le lot se trouvait le pôvre Bailly qui a battu son record de jeu sans blessure, mais à l’envers, bim… dehors au bout de 3 minutes peuchère. On en reparlera mais ça devient problématique.
Qu’aura-t-on vu en 1re mi-temps ? Un pressing haut des anglais qui n’était qu’une illusion, ils furent ensuite sur le reculoir dans le but de nous contrôler. Leurs rares sorties n’étaient guère énergiques, on commençait à deviner qu’ils nous attendraient, le nul suffisait à les qualifier, quitte à profiter d’un contre au moment opportun. Mais nous avons commencé à penser que les choses avaient une chance de bien tourner lorsque Son, un de leurs joueurs les plus dangereux en principe, pas ce soir en tout cas, fût obligé de sortir sur blessure.
On retiendra que l’OM essayait de desserrer l’étau, Sanchez croisait trop sa tête à la 3e minute sur un centre d’Harit mais il fallait attendre ensuite la 18e pour voir une frappe de Sanchez encore, angle fermé, et Lloris mettait en corner. Deux minutes plus tard c’est Clauss qui tentait une frappe pied droit mais il croisait trop. Il fallait encore 13 minutes de plus pour voir Veretout déclencher un tir puissant sur lequel l’excellent gardien de l’équipe de France était obligé de se détendre.
41e Gigot reprenait un corner d’Harit de la tête mais il oubliait de croiser, le ballon sortait. Le stade se mettait alors à pousser, sentant que les olympiens étaient sur un temps fort. Sur un nouveau corner M’Bemba surgissait au 2e poteau et catapultait la balle au fond. Le Vélodrome explosait.
En deuxième mi-temps, les anglais semblaient vouloir prendre les rênes de la rencontre et les olympiens montraient un peu trop de laxisme si bien que les joueurs de Conte finissaient par égaliser, tout était à recommencer.
L’OM essayait se remettre dans le sens de la marche, le ballon tournait autour de la surface anglaise mais c’était chaque fois sans danger. Kane, en contre butait heureusement sur Lopez. On frôlait la correctionnelle encore une fois derrière mais l’arbitre sifflait un hors-jeu au préalable. Chaque attaque anglaise faisait courir un frisson dans le stade.
Pour notre part, nous avancions beaucoup trop lentement vers leurs buts, sans tranchant, sans idée, jamais personne dans les intervalles pour créer de la verticalité, pas d’appel ou peu dans la profondeur quand il y en avait.
À la 73e, Kolasinac remplaçait Gigot et Ünder remplaçait Veretout. Ces changement ne nous convainquaient pas à priori. Le match semblait nous échapper. On ne sentait pas à ce moment-là les olympiens capables d’inscrire un nouveau but à ces anglais. Les minutes défilaient, confirmant cette impression. Nous étions tout simplement improductifs, sans idée devant la muraille des Spurs qui tenait nos cuisses entre les dents et ne semblaient pas prêts à les lâcher.
À la 81e M’Bemba intervenait du bout de la chaussure dans les pieds d’un anglais qui armait aux six mètres. Sur le contre, Sanchez s’amenait le ballon sur le pied droit et frappait mais Lloris bouchait l’angle. Suarez remplaçait Rongier pour mettre un attaquant de plus et jouer le tout pour le tout. Sanchez se mettait au soutien avec Harit et Ünder.
87e Kolasinac manquait l’immanquable, on commençait à se dire que c’était vraiment mort.
On ose espérer que la sortie de Clauss au profit de Kabore se justifiait par une blessure car ainsi Tudor s’est privé du remplacement d’Harit par Payet.
90e Tavarès s’avançait, s’enfonçait pour frapper puissamment du gauche, au-dessus.
S’il faut sortir un olympien du lot, ce sera M’Bemba une nouvelle fois, ainsi que Pau Lopez. Les autres, malgré une belle débauche d’énergie assez désordonnée furent plutôt moyens.
Ce fût le match qu’on attendait avec les carences marseillaises habituelles, la naïveté en défense, l’inefficacité en attaque. Et les anglais plantaient un deuxième but privant les olympiens de la 3e place qualificative pour la Ligue Europa. Le rideau européen tombait sur le Vélodrome.
Il va clairement falloir s’interroger sur les capacités de Tudor à stimuler la créativité de son jeu d’attaque. Il n’est pas normal de voir des joueurs sans idée dans les 25 derniers mètres comme nous le voyons depuis trop de temps. Je ne lui trouve pas d’excuse. Ceux de devant sont livrés à eux-mêmes. Après avoir découragé, démotivé, les deux dépositaires du jeu dans l’ère Sampaoli, voici le coach de l’OM devant le gouffre qu’il n’a pas su voir venir. Triste…
Nous quittons l’Europe sans regret, avec cet OM là nous n’avions rien à y faire.
Vive le grand Roger Magnusson !
Thierry B. Audibert