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Replay – Matthieu Franceschi et son voyage chez les Newell’s : P3

Par La Redaction FCM - Publié le - Mis à jour le

 

 

Partie 3 : Le stade « Marcelo Bielsa », un lieu de vie pour les socios !

 

 

Matthieu Franceschi est allé à Rosario, en Argentine, pour découvrir les terres et le club de cœur de Marcelo Bielsa, les Newell’s Old Boys. A travers plusieurs chroniques, Matthieu nous fait partager son aventure hors du commun…

 

Stade Marcelo Bielsa

Stade Marcelo Bielsa

Après une visite des peintures « murales » des « Artistas Lerposos » dans différents « barrios », j’ai eu la chance, dès ma première soirée à Rosario, d’être invité par les « hinchas » à un barbecue dans le stade « Marcelo Bielsa ». La soirée est organisée afin de récolter des fonds pour acheter la pyrotechnie pour le traditionnel « Banderazo », un évènement unique au monde, qui a lieu les jeudis précédant le Clásico Rosarino face à « Sin Aliento ». Je reviendrai en détail sur cet extraordinaire « Banderazo » dans une prochaine chronique.

 

Je ne vous cache pas que l’émotion est forte en apercevant le stade. Elle est aussi pour le « Leproso », dont je garde volontairement l’anonymat depuis le départ, qui m’accompagne et qui, au moment de me faire découvrir les travées du stade plongées dans le noir, me prend dans ses bras. Un exemple qui se multipliera tout au long d’une semaine très riche en émotions. Les « Rojinegros », et les argentins en général, sont un peuple très accueillant. Venir de Marseille pour découvrir leur club, leur passion, leur culture est un honneur pour eux et, dès les premiers instants, ils me l’ont fait ressentir à travers des embrassades et des regards forts.

 

Stade Marcelo Bielsa de nuit

Stade Marcelo Bielsa de nuit

 

Les installations des Newell’s Old Boys

 

Situé au cœur de la ville, dans le « Parque de la Independencia », les installations des Newell’s Old Boys sont une grande fierté pour les « Rojinegros ». C’est ici que siège le club avec ses bureaux administratifs. Le complexe offre des installations appropriées pour le développement des activités sociales et sportives. Depuis 2008, fin des quatorze années de la présidence dictatoriale d’Eduardo López, le siège des Newell’s Old Boys est devenu un lieu de vie quotidien pour les « hinchas ».

 

Complexe des Newell's Old Boys

Complexe des Newell’s Old Boys

 

On y retrouve bien évidemment l‘élément central, le stade « Marcelo Bielsa », appelé autrefois « El Coloso del Parque ». Le stade a été crée en 1911 et a bien évidemment évolué au fil du temps. Aujourd’hui, sa capacité est de 42 000 places, une extension est en cours d’étude pour construire un niveau supérieur dans la populaire nord. Au sud, la tribune s’appelle la populaire « Diego Armando Maradona », véritable dieu pour avoir porté les couleurs des Newell’s en fin de carrière. C’est dans cette populaire que se positionne, les jours de match, la « Hinchada mas popular ». En 2009, après un vote massif des « socios », le stade a officiellement été baptisé « Marcelo Alberto Bielsa » et la tribune ouest « Daniel Gerardo Tata Martino ». Un hommage des « hinchas » à deux personnages historiques du club qui, en plus de leur passé sportif glorieux, ont contribué à mettre fin à la dictature du club en militant pour un retour à une institution démocratique.

 

Selfie au stade Marcelo Bielsa

Selfie au stade Marcelo Bielsa

 

Le complexe possède également le stade couvert « Claudio Newell », construit en 1978, d’une capacité de 11 400 places. On y joue au basket, au foot en salle, au volley. Les « hinchas » utilisent les longs couloirs pour préparer leurs animations pour les « recibimientos ». C’est ici qu’ont lieu les assemblées générales des socios. Enfin, ce stade couvert peut aussi servir de salle de spectacle pour des concerts. Je suis resté étonné et impressionné par la grandeur du bâtiment.

 

Stade couvert « Claudio Newell »

Stade couvert « Claudio Newell »

 

Un parc aquatique est également collé au stade « Marcelo Bielsa ». Il est bien évidemment utilisé pour les sports nautiques du club mais également pour des moments récréatifs pour les enfants et les socios, aussi bien l’été que l’hiver. On trouve aussi des terrains extérieurs de tennis et de basket qui permettent également les pratiques du football à cinq ou du volley. Sous une des tribunes du stade, il y a un espace culturel où plusieurs activités ont également lieu comme le judo, le taekwondo ou la salsa.

 

Le pays des « parillerros »

 

Mais ce n’est pas tout, les socios peuvent bénéficier de véritables lieux de vie qu’ils ont parfois eux-même rénovés comme la « Casa del hincha Leproso » qui sert aujourd’hui de salle de jeux et de réunion. Le resto-bar « La Visera » est ouvert tous les jours. Mais ce qui m’a laissé sans voix, c’est l’espace dédié à une spécialité nationale, le « parillero » (barbecue en Argentine).

 

Casa del hincha Leproso

Casa del hincha Leproso

 

Les « hinchas » ont passé autant de tant à m’expliquer comment faire un  barbecue que de me compter l’histoire du club. J’exagère à peine. Les « parilleros » sont sacrés, les Argentins sont les plus grands consommateurs de viande au monde. Il ne se passe pas une soirée sans que les fumées épaisses et parfumées caressent les tribunes du stade « Marcelo Bielsa ». Ma première soirée sur Rosario n’a donc pas dérogé à la règle. La température est printanière, c’est sur une immense terrasse encerclée de barbecues que je vais vivre mon premier « parillero ». Si le temps avait été pluvieux, pas de panique, des locaux sont aussi prévus ! Les « hinchas » ont à leur disposition un immense réfectoire et une cuisine couverte exclusivement équipée de barbecues !

 

Imaginez un instant que les supporters de l’OM, peu importe les groupes, se regroupent quand bon leur semble sous les virages du stade Vélodrome pour partager un barbecue géant, boire des bières et chanter jusqu’au bout de la nuit ! Comment ne pas être unis et tirer dans le même sens avec autant de convivialité ?

 

 

Parillerros au stade Marcelo Bielsa

Parillerros au stade Marcelo Bielsa

 

« Olympique ? Bielsa ! »

 

Vêtu d’un bas de survêtement de l’Olympique de Marseille, la présentation auprès des « hinchas » a été facile. Dès qu’ils reconnaissaient l’écusson ou qu’ils avaient entendu que je venais de Marseille, leurs réactions fut identiques : « Olympique ? Bielsa ! ». En Argentine, l’OM est appelé l’Olympique. Une preuve de plus qu’en France, et même dans le monde, il n’y a qu’un seul Olympique et il est de Marseille ! Cette soirée a été très riche en témoignages sur Marcelo Bielsa et son passage à Marseille. Certains grands spécialistes du football français devraient venir voir ce que représente Marcelo Bielsa à Rosario. Ils auraient honte de certains propos qu’ils ont osé utiliser, par ignorance, pour qualifier le technicien argentin, véritable dieu sur ses terres. J’ai vu des mecs pleurer en me parlant de Bielsa. Ça va au-delà du football.

 

Parilleros avec les frères Leprosos

Parilleros avec les frères Leprosos

 

Cette première soirée m’a permis d’amplifier ma fierté d’avoir soutenu et défendu Marcelo Bielsa, comme la majorité des supporters marseillais, pendant et après son passage à l’OM. Elle m’a aussi permis de découvrir, avant même d’avoir assisté à un match, la philosophie des Newell’s Old Boys qui place ses supporters au coeur du club avec d’époustouflantes installations à leur disposition. Voilà ce qu’est un club avec un système socios ! L’identité et les supporters sont aussi important que le projet sportif.

 

Le système socios des Newell’s Old Boys

 

A l’heure où un projet socios est en cours d’étude du côté de l’Olympique de Marseille avec le « Massilia Socios Club », j’ai profité de ma semaine au coeur des Newell’s Old Boys pour me renseigner sur leur mode de fonctionnement.

 

En Amérique du Sud, le système socios est courant. Ce régime se retrouve dans des clubs très populaires. Les socios sont les garants de l’identité et de la philosophie du club. Aux Newell’s Old Boys, dès la création du club en 1903, le système a été mis en place. Les « Leprosos » ont été surpris de me voir poser autant de question sur le sujet comme ils ont été surpris qu’un club aussi populaire que l’Olympique de Marseille ne possède pas de socios. Pour eux, que les supporters n’aient pas leur mot à dire sur le nom du prochain propriétaire ou du futur président est impensable.

 

En 2015, Newell’s a été classé 20ème club mondial en nombre de socios (67 407 socios) et 3ème club argentin après Boca et River. Un classement qui montre la popularité des « Leprosos ». Les socios sont dans les statuts du club dès son origine. Le club appartient aux socios, peu importe le nombre et l’apport financier. Le budget du club se réalise essentiellement avec les cotisations des socios, les recettes commerciales (contrats de sponsoring et recettes de merchandising) et le produit des compétitions (droits TV, billetterie). Chaque année, les dirigeants du club doivent présenter aux socios les comptes et le budget prévisionnel du club lors d’une assemblée extraordinaire.

 

Même si les socios n’ont pas un pouvoir d’action direct sur la gestion financière ou les choix sportifs du club, une mauvaise gestion des dirigeants est automatiquement sanctionnée par le vote aux élections suivantes. En effet, le principal pouvoir des socios est d’élire le président du club et son conseil d’administration par suffrage universel. Seuls les socios de plus de 18 ans et d’une ancienneté de deux ans peuvent participer aux votes. Les élections ont lieu en général tous les quatre ans. Les socios peuvent parfois avoir le droit de vote sur d’autres sujets de l’institution comme le choix du nom du stade en 2009.

 

Il n’y a qu’une seule « barra » (groupe de supporters) à Newell’s qui s’appelle « Hinchada mas popular ». Le club a souffert des années de dictature où la corruption sévissait avec des liens troubles entre la « barra » et la présidence du club. Les « hinchas » ne veulent plus connaître cela. Aujourd’hui, les responsables de la « barra » sont socios. Il y a une unité pour le bien du club, tout le monde avance dans la même direction.

 

Aux Newell’s, les cotisations sont mensuelles et peuvent différer en fonction des options choisies. Par exemple, l’une des principales cotisations proposées est le « Socio Pleno » pour $260 (pesos argentin) soit environ 15 € par mois selon le taux de change actuel. Cette option inclut l’entrée en tribune populaire pour les matchs de championnat, priorité sur l’abonnement en tribune latérale, libre accès aux installations du club. Les socios qui habitent hors de Rosario bénéficient de tarifs réduits tout comme les mineurs de 7 à 17 ans. La cotisation pour un enfant de moins de 7 ans est gratuite. Il existe aussi une formule adaptée aux socios à l’international.

 

Pour chaque match, les « socios » doivent retirer leurs places de stade afin que le club connaisse l’affluence. Tous les « hinchas » de Newell’s ne sont pas socios. En fonction des disponibilités, une billetterie peut être disponible pour les non-socios.

 

Comparaison avec le projet du « Massilia Socios Club »

 

Le mode socios de Newell’s ne pourrait pas s’appliquer en l’état à l’OM. Le but dans le projet marseillais n’est d’ailleurs pas d’avoir le droit de vote sur le choix de l’actionnaire ou de la présidence. Le principal objectif est d’unir les supporters de l’OM dans un projet commun, d’apporter des moyens financiers supplémentaires au club à travers les cotisations pour rentrer dans le capital, d’avoir des supporters présents au conseil d’administration. Néanmoins, certains points pourraient être importés si le projet voyait enfin le jour. Voir les supporters au coeur du club laisse évidemment rêveur. Avoir le droit de vote sur certains sujets aussi, comme par exemple, choisir l’écusson du club qui, depuis l’ère Bouchet, a toujours été détesté par une majorité de supporters.

 

Je vous ai expliqué l’histoire des Newell’s, je vous ai présenté les « hinchas » qui m’ont accueilli, je vous ai décrit ce magnifique lieu de vie qu’est le stade « Marcelo Bielsa » ainsi que le système socios du club. Prochaine étape de mon récit, l’expérience vécue lors d’un jour de match des Newell’s Old Boys…

 

Matthieu Franceschi

 

 

Partie 1 : Newell’s Old Boys, histoire et lexique

Partie 2 : Les « Artistas Leprosos », hinchas et artistes !

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