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Replay – Matthieu Franceschi et son voyage chez les Newell’s : P2

Par La Redaction FCM - Publié le - Mis à jour le

 

Matthieu Franceschi est allé à Rosario, en Argentine, pour découvrir les terres et le club de cœur de Marcelo Bielsa, les Newell’s Old Boys. A travers plusieurs chroniques, Matthieu nous fait partager son aventure hors du commun…

 

 

Partie 2 : Les « Artistas Leprosos », hinchas et artistes !

 

 

Le samedi 15 octobre 2016, après quatre heures de bus pour avaler les quelques 300 kilomètres qui séparent Buenos Aires de Rosario, je suis accueilli par un « hinchas » très actif de Newell’s, et membre du collectif « Artistas Leprosos ». Il m’ouvre sa porte. Il s’empresse de me montrer les cadeaux que lui ont offert les supporters marseillais qui ont déjà été de passage sur Rosario : stickers des « Fanatics Marseille » sur le réfrigérateur, écharpe des « Yankee Nord Marseille ». Pour compléter sa collection olympienne, je lui offre une ancienne écharpe « Virage Sud Marseille » floquée de la Ligue des Champions.

 

Après quelques échanges, je lui demande s’il pourra, en cours de semaine, me montrer les différentes fresques réalisées par les « Artistas Leprosos » dans Rosario, les « murales » comme ils appellent dans leur vocabulaire. Touché par ma volonté de découvrir les œuvres réalisées par son collectif de graffeurs, sa réponse fut immédiate : « Matthieu, je vais te les montrer, on va faire le tour de la ville maintenant ». Je n’en demandais pas tant. Dès les premières minutes sur Rosario, me voilà plongé dans l’univers des « Rojinegros » où le social occupe toujours une place très importante.

 

Depuis deux décennies, la « guerre des territoires » à Rosario ne concerne pas uniquement les narcotrafiquants. Il y a aussi un autre type de conflit, celui des graffitis de rue, avec la volonté pour chaque camp de voir les couleurs de sa passion et de son club de cœur, à chaque coin de rue, chaque ruelle, chaque quartier ! Les « hinchas » de Newell’s ont gagné de nombreux quartiers de la ville, appelés « barrios » en Argentine. Les « hinchas » de « Sin Aliento » n’arrivent pas à suivre la cadence imposée par les « Rojinegros ».

 

Comme dans toutes les « guerres », il y a des ennemis invisibles. Les « Sin Aliento » peuvent compter sur l’appui de la police qui fait uniquement la chasse aux « Leprosos ». En parallèle, le journalisme local semble également avoir choisi son camp en accusant de vandalisme les œuvres des « hinchas » de Newell’s et préférant qualifier d’art culturel celles des « Sin Aliento ».

 

La nuit, la municipalité de Rosario organise des opérations pour blanchir les « murales » des  « Leprosos » afin de les faire disparaître. Étrangement, la censure ne touche pas la partie nord de la ville où œuvrent les « Sin Aliento ». Les « Leprosos » espèrent donner un cadre juridique à ce combat afin que chaque camp soit sur le même pied d’égalité et que les artistes puissent exercer leur passion.

 

C’est lors de la saison 2012/2013 qu’est né officiellement le collectif « Artistas Leprosos ». Différentes actions sont néanmoins à mettre à leur actif avant la date de création du collectif. Par exemple, sous la présidence d’Eduardo López, en 2005/2006, certains artistes avaient peint les murs du stade avec leurs propres moyens. Comme à cette époque le président des Newell’s faisait régner la dictature dans le club, reléguant les « hinchas » au second plan et enterrant toute politique sociale, les artistes avaient dû rentrer dans l’enceinte en sautant les portes du stade.

 

 

Les « Artistes Leprosos » agissent toujours de façon très organisée. Ils repèrent dans un premier temps les lieux où ils peuvent œuvrer dans des quartiers populaires avec bien évidemment l’accord des habitants et des propriétaires des murs choisis. Ils recherchent ensuite des partenaires pour organiser une véritable journée de fête populaire où les enfants sont au cœur des activités : atelier de peinture, jeux gonflables, danse, musique… Ils y intègrent le groupe d’activité solidaire des Newell’s Old Boys qui se nomme « De todos lados, todos barrios » (De tous les côtés, de tous les quartiers). Ces journées sont d’une grande popularité au sein de ces « barrios » à la réputation sulfureuse. Les habitants expriment leur affection et leur soutien pour ces journées sociales qui ont un impact très positif sur les enfants qui, le temps de cette fête populaire, sortent de leur quotidien souvent très compliqué.

 

A travers les « murales », l’histoire des Newell’s Old Boys est racontée, la ferveur et la passion des « hinchas » sont mises en valeur. Les « Artistas Leprosos » se fixent souvent des défis comme celui de réaliser en une journée, de 9h à 21h, des « murales » sur trois bâtiments de douze mètres de haut sur huit de large !

 

Aujourd’hui, le collectif est composé de plusieurs artistes de différents styles et techniques, tous ayant une grande expérience dans l’organisation d’événements sociaux pour les enfants. Tous ces passionnés sont de véritables artistes mais avant tout des « hinchas » qui contribuent à faire briller par leur talent et leur fidélité le club de leur cœur, les Newell’s Old Boys.

 

 

La visite guidée des « murales » fut un moment intense de mon séjour à Rosario. En plus d’avoir l’honneur d’être accompagné par l’un des artistes, la visite m’aura aussi permis de découvrir quelques « barrios » de Rosario, pour certains très pauvre. Le sport et la culture sont souvent des vecteurs sociaux dans ces quartiers en difficulté. Du côté de Marseille, ce travail au quotidien existe chez certaines associations de supporters et notamment chez les South Winners qui ont toujours eu un rôle social important dans le quartier de la Belle-de-Mai. De Rosario à Marseille, ce travail de fond est souvent oublié ou pas assez mis en valeur, il est toujours plus facile pour certains observateurs de pointer du doigts des incidents que de s’intéresser en profondeur à l’impact des supporters sur la vie de quartier.

 

En cours de semaine, un des membres des « Artistas Leprosos » m’a parlé avec admiration des fresques présentes au centre d’entraînement de l’OM. Après lui avoir expliqué que j’étais lié au projet des fresques olympiennes, c’est avec une grande fierté que j’ai pu mettre en contact les artistes marseillais avec ceux de Rosario. En espérant que cette mise en contact accouche d’un futur projet…

 


 

La visite guidée des « Murales » en images

 

« Murales » Villa Centeno

 

C’est dans le quartier de « Villa Centeno » qu’a lieu notre première visite. Une première « murale » met à l’honneur le stade des « Leprosos », le « Coloso del Parque » appelé désormais stade « Marcelo Bielsa ». Les « murales » suivantes vont me laisser sans voix. Il ne manque plus que le souffle des chants et l’odeur des fumigènes pour se retrouver en plein cœur de la tribune ! La visite du quartier se termine par une œuvre représentant la famille Newell à l’origine du club et une autre reprenant la célèbre expression du club « El mas grande del interior ».

 

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« Murales » Barrio Fonavi

 

L’un des « barrios » les plus chauds et les plus pauvres de Rosario.
Dès notre arrivée, mon guide me demande de rester sur mes gardes et de rapidement prendre en photo les « murales ». Le spectacle est époustouflant ! Une première peinture rend hommage à deux « hinchas » décédés, Edgar et Melena. Une seconde met à l’honneur les « bombos » en tribune. La dernière représente Diego Maradona, qui a joué aux Newell’s en 1993, et Lionel Messi, issu du centre de formation des « Leprosos ». La phrase « Nunca los tendrás » (Vous ne les aurez jamais) s’adresse aux « Sin Aliento ».

 

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« Murales » Barrio Irigoyen

 

La nuit est tombée sur Rosario.
La visite des « murales » se termine dans le quartier « Irigoyen ». Les œuvres sont toutes fraîches, la journée festive s’est déroulée quelques jours avant mon arrivée, le 9 octobre. Un mur représente un enfant et son père portant un maillot avec le numéro 22 faisant référence aux 22 années où « Sin Aliento » n’a pas gagné sur la pelouse de Newell’s. Il faut savoir qu’emmener son fils au stade dès le plus jeune âge est un rituel chez les « Leprosos ». Une seconde œuvre met à l’honneur Isaac Newell, fondateur du collège anglo-argentin en 1884 qui donnera naissance en 1903 aux Newell’s Old Boys. Isaac Newell, qui importa le premier règlement de football en Argentine, est considéré comme l’un des pionniers du football argentin d’où l’inscription sur la peinture de : « Pioneros del Futbol Nacional ». Enfin, un mur rappelle que la ville est Lépreuse : « Ciutad Leprosa ».

 

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Il était important pour moi de mettre à l’honneur les « Artistas Leprosos » qui m’ont accueilli remarquablement tout au long de mon séjour. Ma première journée sur Rosario n’est pas encore terminée puisque, le soir-même, je suis invité au stade Marcelo Bielsa, véritable lieu de vie quotidien des « hinchas » de Newell’s, pour un barbecue riche en enseignements…

 

Rendez-vous au prochain épisode !

 

Matthieu Franceschi

 

 

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Partie 1 : Newell’s Old Boys, histoire et lexique

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