Vive les vacances, mais…
Nous vivons sans doute l’une des pires intersaisons de l’histoire olympienne. De plus anciens que moi rétorqueraient sans doute qu’il y eut certes la guerre de 39-45 qui obscurcît autrement le paysage footballistique que le COVID-19. Il y eut aussi les intersaisons suivant une descente en deuxième division. Mais pour avoir vécu les deux dernières, celle de 1980 qui aurait pu déboucher en 1981 sur la fin du club, et celle 1993-1994 dans les suites de l’affaire VA-OM, je peux vous assurer que nous avons toujours eu l’impression à ces moments-là de maîtriser les évènements, d’être encore pleinement acteurs de notre destinée, que le club trouverait la voie du rebond.
Il est aujourd’hui paradoxal d’avoir ce sentiment d’impuissance de la direction olympienne face aux évènements, alors que le club aura l’occasion de retrouver la Champions League, que deux jeunes recrues prometteuses sont arrivées, que l’équipe sous la direction d’AVB pourrait bien conserver une certaine stabilité.
C’est que nous constatons, nous nous trompons peut-être, que le club n’a aucune marge de manœuvre pour recruter les joueurs qu’il veut. D’autres clubs plus modestes posent sans sourciller des millions d’euros pour des joueurs quand cela nous est interdit par l’aspect nettement dégradé des comptes olympiens.
À cela se rajoute que nous ne pouvons plus guère nourrir d’espoir à ce jour pour la reprise du club par un nouvel actionnaire plus en fond et plus volontaire que notre ami Frank l’Américain.
Nous sommes nombreux à nous demander pourquoi il tient tant à conserver ce club, quand tout nous laisse croire que cela fait un moment que les choses lui échappent et que le seul moyen de se récupérer consisterait à vendre pour retrouver à peine sa mise. Qu’attend-t-il de l’avenir pour afficher autant de volonté à ne pas lâcher cet os qui lui ronge pourtant sa fortune ? Ce que Margarita avait si bien compris.
Et puis il y a cette Ligue des Champions qui se termine comme elle peut avec un scénario qui ne nous plait guère, et nous laisse beaucoup de regrets.
Parlons du COVID, qui installe un climat de peur et de malaise. On hésite à s’embrasser dans les familles quand on ne s’est pas vu depuis un certain temps. Entre amis aussi. J’écris ce billet d’un lieu de vacances où je note qu’il y a moins de rapports entre les gens, on hésite à partager des conversations, et quand on se parle c’est de loin ou prudemment. On marche tellement sur les œufs que nous ne pourrons assister au stade à la reprise du championnat, si celui-ci redémarre vraiment, on découvre chaque jour de nouveaux joueurs touchés par cette merde, même chez nous où pourtant on nous expliqua tous les protocoles de précaution avec une conf’ incroyable du médecin. Comment voulez-vous ne pas rigoler quand ça part en couilles comme ça ?
Et n’oublions pas ce drôle de mois d’août qui a vu des hordes de touristes envahir la ville, surchargeant le littoral, les plages, les établissements de restauration, raflant tous les lieux de séjour qu’elle peut contenir, ainsi que les véhicules de location.
Comme nous avons pu le constater sur Twitter, il se trouve même quelques conos venus fêter la qualification du club qatari dans nos murs, et parmi eux pour visiter le stade Vélodrome, c’est à dire, payer pour ça, le tout pour faire les marioles comme des grosses trompettes sur les réseaux sociaux.
Oui, c’est une intersaison pourrie, où les journalistes spécialisés sur l’OM se creusent tous les jours la tête pour trouver de nouveaux angles, tellement on a l’impression de faire du surplace et que cela risque de durer.
Personne ne sait sur quoi elle débouchera vraiment et c’est au fond le seul axe qui maintient un peu d’intérêt, même si on peut envisager qu’il pourrait s’avérer difficile de décrocher un nouveau podium à la fin du prochain exercice.
Qui paierait alors les pots cassés d’une nouvelle saison sans coupe européenne ?
Tant il est clair que sans moyen il sera difficile au Head of Business et au Head of Football de remplir les missions qui leur sont assignées, alors que Jacques-Henri Eyraud vivra la saison olympienne de Paris. McCourt aurait voulu préparer un scénario de dilution des responsabilités qu’il ne s’y serait pas pris autrement.
Intersaison pourrie, je persiste et signe.
Vive le grand Roger Magnusson
Thierry B Audibert
@TBAudibert