Hèèè ma fouaaa, l’Australie a beau se trouver très loin, il se dégage depuis hier une forte odeur de brûlé du côté de la Commanderie.
J’utilise cette image que certains trouveront impudique en connaissant son excès, mais vous qui lirez ce billet, vous savez bien à quel point l’OM permet parfois, c’était encore le cas vendredi soir à l’issue de Rennes-OM, de s’oublier dans un monde merveilleux où le blanc et le bleu qui symbolisent si fort Marseille, cette ville folle, triomphent de tous les méchants attachés à notre perte. Le football ne fait que raconter des histoires qui nous aident à supporter le monde sous la froideur insipide de ses chiffres et la folie des hommes.
Que l’on nous pardonne, nous aimons les hommes qui font du bien à ce club, André Villas-Boas nous a prouvé depuis qu’il est arrivé que nous pouvons le compter au nombre de ceux-là.
Je ne prendrai pas plusieurs lignes pour contextualiser ce billet et son propos. Je sais au moment où vous me lisez que vous avez pris connaissance de tout ce qu’a pu déclarer notre coach portugais au cours de la conférence d’avant-match, en préambule de Granville-OM de vendredi soir pour le compte des 1/16e de finale de la Coupe de France.
J’écris pour répertorier ce qui me trouble et vous le restituer, faites-en ce que vous voulez puisque nous voilà coincés dans cette position inconfortable de ne pouvoir livrer que nos intuitions.
Nous savions déjà l’OM dans une position financière difficile, de nature, même en cas de qualification pour la LDC, à nous empêcher de conserver certains joueurs et d’en acheter d’autres de tout premier plan pour les remplacer. Nous n’espérions pas faire long feu dans la compétition européenne, nous possédons un minimum de réalisme, c’était déjà bien de prendre l’argent distribué par l’UEFA à ceux qui s’y qualifient.
Nous pensions que le bon comportement de l’équipe, qui se traduit par une excellente place au classement de la Ligue 1, permettrait de continuer de construire sur de belles bases. Nous n’entendions plus Jacques-Henri Eyraud et nous nous en félicitions, son absence pour les deux premiers matchs de l’année nous a interpelé mais nous aimons si peu l’homme que nous ne nous en étions pas formalisés.
Or, André Villas-Boas a clairement laissé apparaître hier de fortes dissensions autour de la stratégie sportive et financière entre lui et Zubizareta d’un côté, et Jacques-Henri Eyraud de l’autre.
Il nous dit d’abord que l’embauche d’Aldridge, l’anglais, lui a été rapportée par Zubi, lequel en a été informé le 30 décembre. Il semble qu’elle ait été prise comme une agression dans le contrat moral qui pouvait lier les trois hommes forts de l’institution.
Ce qui dérange profondément Villas-Boas réside dans l’affront fait au basque dont la vente de joueurs, même s’il ne semble guère goûter l’exercice, entre dans les attributions, mais aussi dans le fait que n’importe quel joueur pourrait désormais être vendu, sans même qu’il soit consulté, et qu’il puisse intervenir. Pour le portugais, ce sont les performances du joueur et son importance dans un dispositif qui créent la demande vers lui. Il n’est pas adepte de la démarche inverse qui consiste à faire la tournée des popotes pour placer le produit à tout prix, quitte à un peu le brader. Il en a profité pour donner l’exemple de Porto, son club de coeur, dont les joueurs ne sortent que si un club en paye le prix fort prévu.
Encore mieux, il nous a informé que Jacques-Henri Eyraud ne s’est pas directement expliqué avec lui sur les motivations de l’arrivée d’Aldridge dans l’organigramme olympien, les seules informations connues étant apparues… dans le journal l’Équipe…
En précisant qu’il souhaitait conserver son groupe actuel, j’ai entendu que ce n’était pas pour le mercato d’été, mais pour celui qui est en cours. Il a d’ailleurs précisé que l’objectif Ligue des Champions a été fixé par lui-même, alors que la direction ne le lui imposait pas, et qu’il était attaché à l’atteindre, sous-entendu, à condition de garder le groupe. Sa voix s’est faite plus forte et plus ferme quand il a rappelé qu’il avait ramené de la stabilité émotionnelle dans un des clubs les plus instables du monde sur ce plan.
Or, face à ces propos, comment ne pas être alerté par le timing de l’embauche de l’agent anglais, qui ne fait que traduire l’intention de JHE, sans doute sous la pression de l’actionnaire, d’opérer très vite un prélèvement conséquent dans l’effectif actuel.
Si on se souvient que le portugais a déclaré ne pas s’arrêter à des questions d’argent, qu’il avait déjà payé pour se relever d’un contrat, ou renoncé à un autre, rémunérateur, pour partir vers l’aventure du Dakar, on peut légitimement penser que la menace d’une démission pourrait intervenir très vite si le moindre élément capital de l’équipe mise en place se voyait menacé d’un départ.
À l’inverse de beaucoup d’observateurs, ce n’est donc pas selon moi pour le mercato prochain, dont les incertitudes étaient déjà connues, qu’il faut s’inquiéter, mais bel et bien pour celui-ci. Parce que pour la prochaine intersaison, il me semble que le divorce entre Villas-Boas et Jacques-Henri Eyraud est d’ores et déjà acté.
Les quinze jours qui viennent seront cruciaux pour cette deuxième partie de saison qui avait si bien commencé. Nous serons très attentifs au comportement du groupe lors des trois prochains matchs. Nous avons tous peur de voir les joueurs se démobiliser Inconsciemment face à ces incertitudes auxquelles seuls quelques-uns d’entre eux échapperont.
Bien entendu, Eyraud aura vite été désigné par les supporters, notamment sur Twitter, comme l’homme à fustiger et à dégommer, l’ennemi de la bonne marche du club, lui tellement responsable des pertes financières que l’OM va longtemps devoir traîner comme un boulet.
On apprenait même en fin de soirée qu’il avait porté plainte au commissariat pour une ou des menaces de mort. On peut certes le déplorer, mais qu’il ne vienne pas devant nous s’en étonner alors qu’il n’a plus respecté grand monde dans cette ville, ni parmi ses supporters, ni parmi ses collaborateurs, Zubi et Villas-Boas en tête, depuis un certain temps. Il y a dans cette ville près de 4000 cas psychiatriques en liberté dans les rues durant la journée qui ne prennent pas tous leur cachet régulièrement. Certains peuvent parfois être supporters de l’OM. Une menace ne doit jamais être prise à la légère.
Mais le président marseillais serait d’ores et déjà très inspiré de partir de lui-même malgré que Frank McCourt ne semble toujours pas l’y presser, on se demande bien pourquoi.
À quoi joue Eyraud ? Et McCourt ? Sachant que l’excuse du Fair-Play financier apparaît bien dérisoire quand plusieurs clubs en Europe, ce serait le cas de la Juventus, ne sont jamais vraiment inquiétés, nous attendons maintenant des explications courageuses, les jours qui viennent nous dévoileront jusqu’où il est désormais prêt à aller. Villas-Boas hier, l’a mis à poil, comme Bielsa l’avait fait en son temps avec Labrune dans une autre conférence mémorable. On ne se moque jamais impunément des gens de grande valeur.
On pourrait presque penser que le classement actuel de l’équipe n’arrange pas son propre président. N’aurait-il d’ailleurs pas déclaré lundi au personnel du club olympien que la Ligue des Champions n’est pas un objectif. Que voulait-il dire par là ? Et pourquoi ?
Quoi qu’il en soit, nous nous en serions bien passés, mais nous avons encore vécu hier un nouveau moment historique de la vie de ce club incroyable. L’heure est grave.
Allez l’OM !
Vive le grand Roger Magnusson !
Thierry B Audibert
@TBAudibert
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