Tout le monde est unanime. Les marseillais ont de quoi être fiers du spectacle offert contre Saint-Etienne : une ambiance chaude, un stade vélodrome plein et magnifique, un jeu pétillant… Le seul hic dans le décor étant la pelouse « futuriste ». On peut d’ailleurs commencer à sérieusement se demander si elle ne l’est pas un peu trop…
Car pour l’instant « la meilleure pelouse de ligue 1 » (dixit Arema) ne tient pas sa place de leader. En effet, les spectateurs du vélodrome auront pu remarquer la facilité avec laquelle elle part en lambeau sous les crampons des joueurs, ainsi que les nombreuses trouées sur le terrain.
Malgré les promesses « d’enracinement » du nouveau gazon, ce dernier semble toujours peu adapté aux chocs des matchs de football… sans parler de la dévastation qu’y provoquerait un attroupement de rugbymans ! Cela est d’autant plus problématique que concilier la pratique de ces deux sports était l’ambition affichée par le « système Airfibr » :
« l’intérêt est d’optimiser l’utilisation du stade en dehors des matches de l’OM, pour ne pas avoir de tranchées sur la pelouse et pouvoir passer en quelques jours du foot au rugby, par exemple, avec un match de Toulon » affirmait-on en juillet dernier du côté d’Areva au journal Le Dauphiné. Ce discours promotionnel se fondait sur un l’idée d’optimisation par l’innovation. Autrement dit : implantez la technologie miracle et vous verrez mille millions de bénéficiaires !
Passé l’épreuve des matchs, la rhétorique de la filiale de Bouygues s’est faite un peu moins mécanique. De l’angélisme technologique on est passé en mode « jardinier de gauche ». L’idée étant désormais qu’il faille laisser du temps au temps. Avant l’efficacité, l’enracinement. Attendons donc….mais pas passivement ! Non !
Un bon entretient ça se subventionne
Un bon entretient ça se subventionne. On glisse ainsi de la musique de la main invisible technologique à une tonalité interventionniste pure-dure. Car comme tout bon système « Airfibr », ne doit il pas être traité, corrigé, administré ? Un nouveau système appelle la comptabilité d’autres sous-systemes, de chauffage et de ventilation du substrat par exemple. Au stade Saint-Symphorien l’installation de la pelouse hybride a été couplée au développement de 30 km de tuyau de chauffage hydraulique reliés à la ville.
Ainsi, la magie ne fonctionne que si l’on intervient en « sous main »… par d’autres dépenses et travaux d’entretien. Autrement pas d’enracinement, sinon une pelouse clandestine, « hybride » pour ne pas dire « bâtarde ». C’est ce qu’avait sans doute oublié de préciser les ingénieurs d’Areva dans leur présentation aux contribuables marseillais.
Les formules du futur sont en effet toujours très sympathiques à entendre de prime abord. Cependant, les bénéfices réels d’une innovation s’estiment dans la capacité d’en maîtriser les coûts effectifs et d’en planifier la mise en oeuvre.
Le substrat « hybride » remplira-t-il un jour l’engagement de ses fondateurs ? On verra bien.
Si ce n’est pas le cas, l’impact des hivers risque d’être rude pour la pratique du foot au vélodrome. Et également dur à avaler dans les chaumières par les contribuables. Il faudra alors mettre les gestionnaires en face de leur responsabilité.