On a beau s’efforcer de ne pas céder à la paranoïa, il reste difficile de ne pas se poser de question au regard du terrible incident de dimanche soir, d’autant qu’il touche une nouvelle fois l’Olympique de Marseille, le club étant victime d’une agression pour la 4e fois, j’inclus l’envoi de bombes agricoles sur nos supporters à Angers.
J’hallucine en écoutant les différents débats qui se sont ouverts autour de ce match arrêté. On y parle de tout sauf du fait que l’OM est encore amené à subir. Personne ne pense à se demander pourquoi. On pourrait presque percevoir chez certains, quels que soient les faits, une folle envie d’imputer au club une forme de responsabilité pour ce qui lui arrive.
Certes, une grande majorité de la presse semble respectueuse de la décision de Rudy Bucquet de non seulement avoir arrêté le match et de n’avoir pas accepté qu’il reprenne. Mais au fond qui parle de l’OM, ou même de Payet, c’est à peine si on ne fait pas un simple accessoire du leader technique marseillais.
Car enfin, il faut bien poser la question, est-ce que l’OM dérange ? Que se passe-t-il dans la tête des supporters d’autres clubs de Ligue 1 pour qu’ils déversent une telle haine à l’encontre du club marseillais, un tel mépris, chez les supporters comme chez un nombre non négligeable de membres des rédactions parisiennes de médias nationaux ?
Nous avons gagné la Coupe d’Europe et nous en sommes fiers, puisqu’à ce jour nous sommes toujours le seul club français à l’avoir fait, les seuls à avoir fait 5 finales, nous arborons avec orgueil l’étoile d’or sur le maillot ? Ça vous embête ? Nous sommes reconnus parmi les plus fervents du continent européen et même du monde… c’est cela qui pose problème ? Nous avons des supporters dans toute la France qui donnent l’impression selon les stades que nous jouons encore à domicile quand l’OM se déplace, c’est cela qui vous traumatise. On chante trop fort ? On exagère ?
Qu’avez-vous dans la tête, supporters de clubs au palmarès le plus souvent rachitique ? Croyez-vous qu’en créant des incidents contre l’OM, vous allez capter une partie de sa lumière ? Que vous pouvez ainsi affaiblir son aura ?
L’autre jour, un pote niçois, et supporter du Gym, s’étonnait que je lui rapporte que pour nous son club est totalement quelconque, que nous ne faisons pas la différence entre Nice et Guingamp, que nous veillons juste à ne pas marcher sur eux tellement nous les voyons footballistiquement tout petits, et que nous ne sommes pris d’aucune excitation particulière au moment de les rencontrer.
C’est l’Olympique de Marseille qui permet les meilleures audiences aux télés. C’est l’OM qui remplit tous les stades où il est appelé à jouer. Ce sont ses supporters qui font parmi les plus beaux tifos dans le monde. Et pour cela, même pas un grain de reconnaissance mais plutôt une jalousie malsaine, une haine funeste qui si les autorités du football continuent de faire l’autruche débouchera un jour sur un drame.
Alors attention, je ne demande pas à ce que l’OM soit protégé. Je réclame juste que tous ceux dont c’est le métier de faire un petit peu de pédagogie, et les médias au premier rang, d’inciter leurs auditeurs, lecteurs, spectateurs, à respecter ce grand club prestigieux, le plus vieux de l’élite, sans lequel la Ligue 1 serait sans doute bien fade, avec une visibilité passablement en berne.
Dans le même temps, je voudrais redire ici mon amour, ma passion, ma dévotion pour le football. Pour ce jeu extraordinaire qui fait appel à des qualités physiques incroyables, à des capacités techniques que les profanes n’arrivent jamais à imaginer, un jeu qui demande intelligence, spontanéité, sang-froid, et qui de plus génère une esthétique et une dramatique qu’aucun autre sport ne peut atteindre. Mais voilà.
Je ne sais pas si ce sport est véritablement en danger. Au regard des hooligans des années 70-80 qui semèrent la mort et des atrocités, le lanceur de bouteille n’est qu’un insecte facile à flytoxer, on s’est inquiétés pour le football et il est toujours là. Mais le fait est que sa visibilité sans cesse grandissante, amplifiée par des réseaux sociaux dont beaucoup pensent être des stars pour quelques milliers de followers dans leur compte, ou aspirent à en ramasser quitte à se livrer aux pires stupidités, cette visibilité attire vers lui des personnages haïssables qui n’ont parfois jamais porté le maillot d’un club, ni effectué la moindre saison complète en catégorie jeune et ne regardent pas ce jeu pour ce qu’il est.
J’ai la naïveté de penser que celui qui a joué au football ne peut que respecter le jeu et les joueurs.
Celui qui joue sur le rectangle vert de l’élite est un maître, même quand il s’agit d’un adversaire. Il s’est extrait d’une masse de dizaine de milliers de gars de son âge, il a été sélectionné, puis sélectionné encore et encore. Cela se respecte. Je ne dis pas que tu peux pas l’insulter un poil si tu as la possibilité de le déstabiliser en plein match, mais atteindre son intégrité physique, il ne doit pas en être question, même avec une boule de papier. Ce folklore des boules de papier récupérées en bas des virages après les tifos que nous jetons parfois sur des adversaires m’a toujours gêné. Parce qu’elles souillent la pelouse, ces boules, et que pour moi la pelouse est sacrée, celle du vélodrome et toutes les autres. Aucun supporter ne doit y mettre ne serait-ce qu’un orteil.
De ce point de vue, j’ai apprécié moi aussi le communiqué des Winners pour appeler à la responsabilité de tous lors des prochaines rencontres. Compte-tenu de notre statut de référence en matière de supporterisme, il serait bon que nous devenions exemplaires totalement afin de montrer la voie à tous les autres, et tant pis s’ils ne suivent pas. Cela nous permettrait encore de grandir et de les laisser à leur petitesse.
Toutefois, arrivé à la fin de ce billet, plus long que je ne le pensais, je repose la question : Qui donc l’OM gêne-t-il ? Et surtout pourquoi ? Quand nous laissera-t-on jouer au football ?
Si les journalistes parisiens, qui hésitent de moins en moins à afficher leur détestation alors même qu’ils exercent pour un média national, avaient le courage et le cran de répondre… et tous les autres, notamment les supporters adverses. Et pourquoi la LFP qui nous sanctionne si fort habituellement au moindre incident, montre-t-elle tant d’indulgence quand nous sommes victimes vis-à-vis des clubs fautifs à notre égard ?
Vive le grand Roger Magnusson !
Thierry B Audibert