Un supporter qui se respecte attend les gros matchs avec impatience. Souvent, il les visualise avant dans sa tête la nuit qui précède, le matin, en se rendant au stade, à l’apéro d’avant-match en parlant avec les collègues.
Mais là je vais te dire. C’est mardi soir. Je suis dans un McDo à Menton après avoir débarqué tard à l’hôtel et rempli des commandes. Je regarde les nouvelles du monde, je vois et revois ces images impressionnantes d’immeubles qui s’effondrent en Turquie et en Syrie, le décompte des morts et des blessés qui gonfle.
Tu penses au ballon toi ?
Même les questions de retraite et les manipulations gouvernementales semblent dérisoires à côté, même si tous ceux qui combattent doivent être encouragés à continuer. Parce que trop c’est trop, il faudra qu’à un moment le peuple ne se laisse plus dicter sa loi par le cercle restreint des ultra riches qui tiennent l’exécutif de notre pays à leur botte.
Alors bien sûr que je reviendrai spécialement ce soir de la côte d’Azur pour voir ce match et y repartir afin d’y terminer la semaine le lendemain matin. Mais il devient de plus en plus difficile de côtoyer l’effroyable et de tourner en même temps son esprit vers le dérisoire. Car il est bon de remettre parfois le football à sa vrai place, même si je le porte très haut dans l’espace sacré de mon esprit. Le foot, ce jeu magnifique, pas ce qu’on en a fait. Je continue par exemple de dire que ce sport a été très abimé en France par l’arrivée du Qatar à Paris en 2011.
On fait quoi ce soir ? J’en sais rien. Mais je pense que le résultat, quel qu’il soit, ne m’atteindra pas profondément. Et dieu sait si je souhaite ardemment que l’OM continue sa route dans cette compétition que nous n’avons pas gagnée depuis presque 24 ans.
24 ans sans Coupe de France, c’est une éternité, et la victoire en Ligue des Champions de 93 ne suffit pas pour estomper notre frustration. Tu me diras, les anciens comme mon père avaient attendu 26 ans avant de voir la vieille dame, c’est ainsi qu’on l’a parfois appelée, revenir triomphalement à Marseille en 1969.
Le match de ce soir, faut-il le rappeler, n’ouvre qu’une voix vers les quarts de finale. Il restera de belles équipes à sortir ensuite pour aller au bout. Mais on se dit qu’il faut que ce soit notre soir, cette fois. Parce qu’on le mérite, tout simplement.
Tudor a fait des choix dans sa composition de dimanche qui démontraient que la rencontre qui passionnera ce soir la France du football était sa priorité. On ne peut qu’espérer que ses joueurs feront deux mètres cinquante ce soir au moment du Jump, prêts à soulever leur adversaire malgré ses qualités, sa morgue suffisante et l’arbitrage qui le favorise systématiquement face à nous.
Je ne veux surtout pas revoir le triste spectacle du match aller. Souvenez-vous, les olympiens avaient raté beaucoup de gestes, entraînant le foirage systématique des attaques, Harit avait fait une bourde et perdu bêtement la balle, l’arbitre nous avait refusé un pénalty et notre chance était passée. Gigot s’était fait sortir. Pau Lopez avait fait 5 miracles en première mi-temps. J’avais titré : Encore un match de petits garçons de l’OM. Ils étaient en-dessous, inhibés, complexés, dans leurs petits souliers.
Alors certes, le jeu des joueurs de Tudor a positivement évolué, et le Qatar… car il s’agit bien du Qatar qui joue avec le maillot de feu le Paris St Germain, le Qatar n’est peut-être pas dans sa meilleure forme de la saison. Mais ce soir nous voulons voir des hommes fiers et sûr d’eux sous la tunique blanche. Pas des petits garçons qui se caguent.
Fasse que les joueurs lisent ce billet !
Vive le grand Roger Magnusson !
Thierry B. Audibert