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LA MORT MÉRITE UN CARTON ROUGE… [Thierry B Audibert]

Par Thierry Audibert - Mis à jour le - Publié le
Frank SCHNEIDER, referee give a red card at Jorge SAMPAOLI head coach of Marseille during the Ligue 1 match between Marseille and Angers at Stade Velodrome on May 16, 2021 in Marseille, France. (Photo by Johnny Fidelin/Icon Sport) - Orange Vélodrome - Marseille (France)

Voilà vé, j’étais pas trop motivé ces derniers temps pour écrire des billets d’avant-match. Les quelques courageux qui me suivent l’ont sûrement noté, ceux qui restent capables de lire un texte de plus de 180 caractères…
 
Mais aujourd’hui, franchement, j’aurais préféré que ce jour n’existe pas, je parle de la journée de samedi, à la fin de laquelle je rédige les présentes lignes.
 

La mauvaise nouvelle

 
La matinée commençait bien. Je me suis levé avec la pêche et je suis parti à ma répétition à laquelle devait assister un collègue auquel j’avais donné rendez-vous devant le théâtre.
Autant le vendredi j’étais pas en forme, mou, sans ressort, je laissais des mots de mon texte en rade, j’enchaînais mal, mais ce samedi matin, je le sentais bien.
 
Il était 9h30 quand je suis sorti de la bouche de métro National pour me rendre au théâtre Toursky tout proche, et là je reçois un appel de ma sœur. Un coup de fil de sa part à cette heure, c’est rare, cela n’arrive que pour mon anniversaire qu’elle tient toujours à me souhaiter au tel parmi les premiers, elle a pas les réseaux sociaux. Donc, quand je vois son nom sur mon écran je me dis qu’il y a un problème grave dans la famille. Bingo ! Elle m’annonce le décès dans la nuit de Riton, notre cousin de Valernes dans les Alpes de Haute Provence.
 

Le froid de la mort

 
Ainsi, le terrible froid de la mort, « ce bain glacial qui sert à tremper l’âme » (Livre de Jobi, Henri-Frédéric Blanc), m’a tout à coup parcouru l’âme et le corps, il en est ainsi pour nous tous quand la grande faucheuse vient taper sur un de nos proches. Vous avez remarqué qu’elle ne s’attaque jamais aux conos qui ne mériteraient que ça. Non, il faut qu’elle vise les plus braves autour de nous.
 
Si je vous parle de Riton mon cousin, lequel se battait comme un forcené depuis plusieurs longues semaines contre le cancer du poumon, mais il revenait bien, mort d’une lourde chute dans l’escalier de sa cave d’où il remontait avec sa plus grosse marmite pour faire une grosse ratatouille, dont il voulait congeler une partie, oui, pour accompagner les barbecues… si je vous parle de lui, disais-je, c’est parce que c’était aussi un supporter de l’OM.
 
Comme beaucoup de marseillais, je suis d’une famille où l’OM occupe une grande partie des conversations, et quand ce putain de COVID (et lui, non ?) nous laissait la possibilité de nous réunir autour d’une table, et de plats qu’il avait souvent préparés parce qu’il adorait cuisiner, peuchère, alors, on parlait de l’OM. Il venait pas au stade mais il savait tout, Riton. Il soufrait avec nous, il exultait avec nous, il était des nôtres.
 
Je me rappellerai longtemps qu’il est parti pour un autre monde à la fin d’une saison de merde, et je sais que la recomposition de l’effectif pour la prochaine l’aurait passionné. Comme nous.
Il lisait mes textes, il regardait les vidéos sur des émissions où j’étais invité et ça le faisait rigoler, il aimait bien ça, rigoler. Les blagues, et la convivialité.
 

Indifférence pour le dernier match

 
Alors voilà, vous avez compris que je ne parlerai pas de football ici pour aujourd’hui.
 
Nous voilà assez indifférents à l’égard de l’ultime match, à Metz, alors que la 5e place est quasiment assurée.
On pourrait jouer à se faire peur, se dire qu’avec l’OM tout peut arriver, que ces joueurs ne sont pas forcément à une honte près, mais ce serait quand même sacrément déconner.
 
On est en droit d’espérer au moins le nul puisque c’est plus difficile d’envisager une victoire sur une terre où nous sommes toujours particulièrement attendus. Ce serait le minimum syndical, ma foi. Et puis bon, qu’ils fassent un peu comme ils veulent, les joueurs. Ils nous ont tellement déçu.
 
Voilà ! Du coup, ce matin, j’ai décidé de faire ma répétition quand même. J’ai joué tout le texte du spectacle devant mon collègue, et mon téléphone puisque j’enregistrais. Le pire, c’est que j’ai été pas trop mal. C’est étrange de jouer un personnage, tout un texte, alors qu’on est traversé par des pensées douloureuses.
 

Une question de fins

 
Je voudrais maintenant conclure par quelques lignes qui donneraient toute leur cohérence à ce texte. Mais ça ne vient pas. Il est question ici de fin, c’est tout. Cette bizarrerie d’une saison qui se termine, d’une vie qui se termine aussi… comme ce texte que je dédie à Riton se termine, tout en lui promettant où qu’il soit, que chaque fois que je jouerai Le Livre de Jobi, que ce soit une fois, dix, ou cent, il sera avec moi, lui que cela intriguait que je m’apprête à monter sur scène : « Mais comment ça t’est venu, cette idée ? C’est quoi, ce texte ? ». Je crois que c’est quelque chose qui lui aurait plu de réaliser, lui qui aimait bien faire le spectacle à table. Tu seras avec moi, Riton, où que tu sois pour l’instant, je t’embrasse et sache que je t’oublierai pas. Je suis dans le silence depuis le début de l’après-midi, et je ne crois pas que je parlerai à qui que ce soit ce dimanche. La mort mérite un carton rouge.
 
Vive le grand Roger Magnusson !
 
Thierry B Audibert
 
 

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