Courbis, l’homme qui dilapida les investissements de RLD
Finalement l’histoire de Robert Louis-Dreyfus à l’OM est celle d’un encanaillement qui a mal tourné pour ce businessman, certes débrouillard, mais pas au niveau face aux Rolland Courbis, Gilbert Sau et autres Licio D’onofrio. Mais à aucun moment, entre 1997 et 1999, les actes qui se révéleront crapuleux liés à l’Olympique de Marseille n’ont été réalisés sans qu’il n’en ait eu vent.
Les commissions occultes, les rétrocessions financières aux joueurs, aux agents… Bref, tout ce qui poussa le « pauvre » Robert au tribunal quelques années plus tard, il en était informé. Il s’en vantait même dans une interview accordée à L’Équipe en Février 1998 : « Chacun sait que Rolland Courbis est le conseiller de certains joueurs. (…) Que l’agent de Dugarry lui ait fait un « cadeau » sur les transactions c’est possible et ça ne me dérange pas. »
Mieux encore, il était régulièrement alerté par les autres membres du directoire de l’OM sur la dangerosité des pratiques de Courbis en matière de transfert mais le milliardaire les toisait alors de l’air de celui qui sait ce qu’il fait. Courbis exerçait alors sur lui une attraction quasi mystique. Dubiton, le directeur financier est ennuyeux et professionnel, Rolland, lui, arrose ses dîners et connaît le tout-marseille. Le suisse préfère suivre son fascinant nouveau « collègue » à l’associé du boulot. Encore une fois, en connaissance de cause.
Placer le coach français dans le club de sa ville fut l’équivalent de l’introduction d’un loup dans une bergerie. Il s’est « régalé » et a allègrement fait croquer le reste de la meute. Pire encore, ils se sont eux aussi installés afin de se repaître sur le long terme.
Il était déjà trop tard, le gentil « fils de » fier de ses impressionnantes réussites passées était débordé de toutes parts. Les loups décarcassaient la bête tandis que le berger ne pouvait plus que se contenter de regarder.
Ce fut finalement la seule période durant laquelle les LD investirent pour l’équipe première. Ils se contenteront pratiquement exclusivement par la suite de boucher les trous. On n’insistera jamais assez sur le mal qu’à pu causer Rolland Courbis au projet RLD à l’OM. Les années fric, c’était fini. Ils avaient tout pris.
Labrune, l’homme qui vint tout détruire
Il y aurait beaucoup à dire sur la gestion des transferts à l’OM de Pape Diouf mais on ne peut nier le fait que le sénégalais avait remis de l’ordre dans le club. Robert Louis-Dreyfus pouvait tranquillement utiliser le club comme vitrine publicitaire pour ses entreprises (Neuf Télecom, Direct Énergie, etc…) et recevait même des remboursements de la part du club.
Puis l’ambitieux est arrivé. L’autre hypnotiseur. Vincent Labrune.
Présenté à RLD par Louis Acariès, l’ambitieux communiquant fait rapidement son trou et s’attache la confiance du milliardaire notamment en le supportant au mieux lors du procès des comptes de l’OM en 2006 et 2007. C’était décidé, l’ancien partenaire de Jean-Luc Delarue devenait le nouvel homme de confiance de la famille. Au décès de son mari, MLD place son entière confiance dans la gestion du club à ce « grand ami de la famille. »
Déjà intronisé président du conseil de surveillance et de la holding Eric Soccer en 2008, le chevelu lorgne sur le trône de président tout court. Tout le pouvoir doit être entre ses mains. Une guerre publique éclate entre Labrune et Diouf en 2009 qui ne manque pas de placer le maître des ombres sur le devant de la scène : « Je me suis rendu compte qu’il(VLB) voulait m’imposer certaines choses. Je lui ai donc répondu : certaines décisions, si tu penses les prendre, il faudra que tu viennes poser ton cul où j’ai mis le mien. » Réponse de l’intéressé ? « Il n’est pas question pour moi d’occuper le poste de président de l’OM. » On connaît la suite.
Sa prise de pouvoir se fera en deux temps avec tout d’abord l’éviction de Diouf et le fusible Dassier puis son arrivée sur le devant de la scène.
L’Olympique de Marseille devient alors l’Olympique de Labrune qui s’occupe de tout, de la comm’ au recrutement. Les résultats sont très décevants mais le serpent a fait mordre dans la pomme à toutes les composantes du club : des joueurs aux supporters en passant par les journalistes.
Son omnipotence finit par tourner à l’incompétence à tous les étages. Des étages dans lesquels il sacrifie à intervalles réguliers un bouclier (Cheyrou, Anigo, Pérez…). Après cinq ans de règne, le club est à l’agonie : les tribunes désertées, le capital joueur dilapidé, l’image de marque écornée.
Pourtant aux dernières nouvelles, l’ancien président était toujours satisfait de son boulot.
Les Louis-Dreyfus auront d’abord échoué à l’Olympique de Marseille à cause de leur délégation hasardeuse du pouvoir, rarement basée sur les compétences et trop souvent sur des relations de confiances unilatérales. La gestion d’un club de foot doit être faite par des professionnels du milieu, celle du club phocéen par des professionnels chevronnés et talentueux.
Plus que les dollars de McCourt, ce que l’on attend aujourd’hui c’est de la compétence dans le club !