Louis Acariès était un ami proche de Robert Louis-Dreyfus. Ou plutôt de « Robert » comme il aime à appeler le personnage intime, un peu moins de « Louis-Dreyfus », le capitaine d’industrie d’un autre monde. Souvent appelé à la rescousse par « Robert » pour gérer son club de foot, l’ancien boxeur a notamment été censeur du club entre 2004 et 2005 et est donc un témoin privilégié de cette époque.
Dans le cadre de la projection du fil documentaire « Louis-Dreyfus vs Marseille, l’histoire d’un rendez-vous manqué » à la Villa Méditerranée, nous l’avons rencontré et en avons profité pour lui poser quelques questions. Interview.
« En 96, RLD était l’homme de la situation »
Pourquoi Robert Louis-Dreyfus vient à l’OM dans un premier temps ?
Louis Acariès : « D’abord on lui a proposé ce club. A cette époque, il s’ennuyait peut-être un peu, il était fatigué, il fallait qu’il se soigne.
Mais l’OM l’a rattrapé en même temps qu’Adidas. »
D’autant qu’il y avait aussi la menace Nike qui était intéressé par le rachat de l’OM…
Louis Acariès : « Mais Robert, il était à fond dans le football.
Il ne faut pas oublier qu’il a remporté la Coupe du Monde avec Adidas contre Nike (98 : France/Adidas vs Brésil/Nike). Mais ce club là, l’OM, on lui offre en 96. C’était l’homme de la situation à l’époque avec un esprit et une espérance énorme. Il aimait Marseille, c’est ce qu’il voulait. Sa famille avait une histoire avec cette ville. »
On a pourtant souvent entendu que le club que RLD aurait aimé prendre était plutôt Saint-Étienne…
Louis Acariès : « Non, en aucun cas.
Robert aimait beaucoup Marseille, il était attaché à Marseille et il connaissait bien le football.
Son club de cœur, c’était aussi le Bayern de Munich. »
Comment vous, vous expliquez qu’un aussi brillant homme d’affaires est pu être un aussi mauvais gérant de club ?
Louis Acariès : « On se trompe lorsque l’on dit ça. On dit que Robert fut un mauvais président mais ce n’est pas vrai. Il n’a été qu’un an président, la première année. Après, il ne l’a plus été.
Il a mis d’autres présidents qui n’ont pas été à la hauteur, peut-être. Sauf j’ai l’impression Pape Diouf, qui a fait l’unanimité.
C’est pas lui qui a été mauvais président, c’est ceux qu’il a mis en place. J’entends que Ruello va se faire virer, c’était lui, le président, non ? C’est pas Pinault. Il ne faut pas tout confondre. »
« Les nouveaux investisseurs ? Je ne les connais pas, je leur souhaite de réussir mais ça va être difficile »
Tout le monde n’était pas favorable à la nomination de Rolland Courbis au début de l’ère RLD (notamment à la Mairie). Est-ce que si il met en place un autre entraîneur avec ces investissements-là au début, l’histoire aurait été différente par la suite ?
Louis Acariès : « Je vois là où vous voulez en venir. Mais Rolland Courbis était un très bon entraîneur.
Il perd le championnat à un point. Maintenant savoir si c’était la personne qu’il fallait ou pas, ça, c’est une autre question. Mais footballistiquement parlant, Rolland était un très bon entraîneur. »
Frank McCourt – crédit image Footballclubdemarseille.Fr
Quelle est votre vision des nouveaux dirigeants et du nouveau projet ?
Louis Acariès : « Je ne les connais pas, je leur souhaite de réussir. Ça va être très difficile pour eux, ça ne peut être que difficile.
Ça fait 100 ans que l’OM est comme ça avec des hauts, des bas. Des petits hauts qui sont merveilleux et de grands bas… J’espère qu’ils seront dans les petits hauts.
Ça fait 100 ans que ce club n’a que des problèmes. Regardez donc tous les présidents qu’il y a eu… Il y a même eu des gens qui se sont suicidés. C’est un gros problème l’OM mais qu’on aime quand même. »
Tous propos recueillis par Mourad Aerts
