Après Mathieu Valbuena, notre consultant Jean Charles De Bono est allé à la rencontre de l’ancien buteur de l’OM Mamadou Niang. L’entraineur adjoint de Athlético Marseille revient sur son parcours, il évoque bien sûr la situation de l’OM et des attaquants. Enfin, ce dernier évoque le Sénégal.
Mamadou Niang, de joueur à entraîneur
Mamadou Niang : » Entraineur ? C’est une chose à laquelle je pensais depuis un petit moment avant d’arrêter ma carrière en tant que joueur. Je me suis donné un temps de réflexion, un temps de pause en me mettant en retrait du football pendant un an. Ensuite, je me suis inscrit pour passer mon diplôme d’entraîneur et me lancer dans le bain. Pour l’instant, ça se passe bien et je prends beaucoup de plaisir.
Tous les entraîneurs que j’ai pu avoir dans ma carrière m’ont inspiré. J’ai toujours aimé les entraîneurs avec qui j’ai travaillé. J’ai toujours eu du respect pour eux parce qu’ils tous appris quelque chose, à leur façon. Ils m’ont fait progresser. J’en ai connu beaucoup mais j’ai apprécié tout le monde.
Lorsque l’on est entraîneur, il faut plus de patience. Quand on est joueurs, on pense seulement à s’entraîner, bosser, rentrer chez soi, faire sa sieste, se reposer… Et le weekend rentrer en compétition et faire ses matches. Les semaines se suivent et se ressemblent à peu près. Alors qu’en tant qu’entraîneur, il y a beaucoup plus de réflexion. Il y a des problèmes à résoudre, il faut être patient avec les joueurs. On doit leur apprendre des choses, partager mon expérience de carrière par exemple. J’aime beaucoup retransmettre ça.
Il y a des montages vidéos à faire, des discussions dans le bureau avec le coach principal pour donner le plus d’éléments possibles aux joueurs avant le match du weekend. Il faut qu’ils aient le plus de matériel pour faire de bonnes performances. Il y a la préparation des séances, la préparation des entraînements et aussi l’après-entraînement… Tout ça, ça prend beaucoup de temps. C’est un métier différent.
Je bosse beaucoup avec les attaquants — Niang
Je bosse beaucoup avec les attaquants, j’essaie de leur donner des conseils au niveau de leurs déplacements, de la position de leur corps lorsqu’ils frappent. J’essaie de leur donner ce que les autres attaquants m’ont appris. J’ai eu la chance de connaître de grands attaquants et j’essaie de leur retransmettre mon expérience. Ce sont des joueurs qui sont réceptifs, qui sont à l’écoute et demandeurs de conseils. C’est quelque chose que j’apprécie énormément. Ils me demandent ce qu’ils doivent améliorer, dans quel domaine ils doivent progresser… Je prends du plaisir à échanger avec eux.
Ce sont des passionnés, même si on est dans le milieu semi-amateur, ils sont motivés à venir à l’entraînement. Moi aussi je suis passionné et j’ai grandi dans le monde amateur. Avant d’être professionnel, j’étais en Division d’Honneur régional à St-André-les-Vergers et ça ne m’a pas empêché d’avoir la carrière que j’ai eue.
De nos jours, on a plus tendance à dire : à l’époque c’était différent. Et c’est vrai, à mon époque, le football était différent. Le comportement, les générations sont différentes. Mais il faut vivre avec son temps ! C’est aussi à nous de nous adapter au nouveau monde. Ils ont des outils que nous, on n’avait pas à l’époque : les réseaux sociaux, les terrains, les budgets, les salaires etc… La somme des transferts, la médiatisation aussi ! Il faut s’adapter à tout ça. Je comprends ces gamins qui perdent les pédales par rapport à plein de chose. Au contraire, il faut les aider, les accompagner… Je dirais que je joue le grand frère, l’ami, le conseiller si on peut dire ça comme ça.
On n’a pas l’obligation de remonter en National. On est en reconstruction, il faut de la patience. On a eu un début de saison qui est en dent de scie. Dans le contenu, il y a eu des choses très intéressantes. Mais on a manqué, par moment, d’efficacité, de réussite, de chance pour faire des résultats. C’est ce qui nous met dans cette position-là. Mais je ne suis pas inquiet, on a des joueurs de qualité, des gamins qui bossent beaucoup et j’espère que par la suite, ça ira mieux pour nous. »
Ses souvenirs, la situation à l’OM, les attaquants
Mamdou Niang : » Mon plus beau souvenir avec l’OM, je dirais que c’est le titre de champion de France. Celui de Coupe de la Ligue aussi même si cette compétition est moins intense que le championnat mais c’était important. C’était le premier titre de l’Olympique de Marseille depuis 17 ans donc ça avait une saveur particulière pour moi. Et le titre de champion de France, c’était une année exceptionnelle avec des joueurs et une ambiance exceptionnels. On formait un groupe, une équipe. On était des collègues ! On savait qu’on pouvait le faire même si c’était pas facile. C’était très dur durant la saison. Mais on s’est donné les moyens de le faire avec l’ambiance qu’il y avait sur et en dehors du terrain. C’est un souvenir incroyable que je garderai éternellement. On en parle souvent avec Souleymane Diawarra et on se dit : « P*tain, c’était une année exceptionnelle qu’on a passé. On rigolait tout le temps ! »
Les supporters sont plus exigeants avec les joueurs, il faut qu’ils continuent ! Soit on est supporter de l’OM, soit on ne l’est pas ! Moi je suis le premier supporter de l’OM. Lorsque les résultats ne sont pas bons, je suis triste. Mais ça ne m’empêche pas de les soutenir, les encourager au Stade ou devant ma télé.
Le maillot de l’OM n’est pas lourd à porter. Je parle de mon expérience, pas de maintenant. De nos jours, je ne sais pas ! Je ne suis plus à l’OM, je ne sais pas ce qu’il se passe là-bas, dans les vestiaires… C’est le club qui est le plus populaire en France selon moi, même si les résultats sont plus compliqués en ce moment. Ce qui était lourd à porter, c’est que toutes les équipes voulaient nous battre. Chaque match était un combat, à domicile ou à l’extérieur. Que ce soit le 2e, 3e du classement ou le 18 ou 19e, à la fin des matches, on était épuisés. Il fallait se retrousser les manches pour gagner les matches !
Un an à Marseille, c’est 3 ans dans un autre club en France — Niang
On était attendu de partout où on allait. Les matches, il faut les aborder tout de suite avec l’état d’esprit d’un conquérant. C’est ce qui est épuisant. C’est pour ça que je dis : un an à Marseille, c’est 3 ans dans un autre club en France. On a toujours l’obligation de résultat. A Marseille, il ne faut pas perdre. Je ne sais pas si ça se travaille. Il faut l’avoir ! Nous on avait des joueurs qui avaient des mental d’acier comme Lorik Cana. Benoit Cheyrou qui avait un mental de guerrier. Derrière, on avait Taïwo qui avait faim ! L’année on a été champion, on avait Gaby (Heinze) qui aboyait malgré ses 34 ou 35 ans. Dès qu’un joueur sortait du cercle à l’entraînement, il le recadrait tout de suite. A l’entraînement, il fallait voir ! C’était un combat.
Je ne pense pas que Gustavo se mette les joueurs à dos avec ses déclarations. Son français est mal compris. Il faut beaucoup d’effort pour parler en français alors qu’il est brésilien. Il apprend la langue alors qu’elle est très compliquée. Déjà, quand quelqu’un maîtrise le français, on sort ses phrases du contexte ou elles sont mal interprété… Alors imaginons quelqu’un qui parle moins bien cette langue ! Je pense qu’il est toujours avec ses collègues, il les soutient toujours. Il a fait une grosse saison l’année dernière, qui a donné beaucoup pour le club. Il passe peut-être un moment difficile cette année, à l’image de l’effectif. Il faut être derrière lui, c’est le Capitaine juste derrière Dimitri Payet. Il faut être solidaire avec son camarade.
Lucho, c’était un régal de jouer avec lui ! Il comprenait le football, qui était professionnel, toujours calme dans son coin, discret. Et sur le terrain, il me conseillait sur mes appels. Il y avait aussi Mickaël Pagis, avec lequel je me suis régalé. C’est un génie. Il n’a pas eu la carrière qu’il méritait, je l’ai toujours dit. Il avait une qualité technique hors-norme. A l’entraînement, il nous impressionnait et sur le terrain il nous sortait de situation délicate avec des buts venus d’ailleurs.
J’ai aimé jouer avec plein de joueurs ! Soulé, Edouard Cissé, Danijel Ljuboja…
J’ai beaucoup travaillé, je savais que je n’avais pas le droit de me relâcher parce que si je le faisais, je perdais ma place. Il fallait que je donne le maximum à chaque match pour montrer que je méritais ma place. Et aussi, pour lui rendre la confiance qu’il mettait en moi. Au final, il y a beaucoup de joueurs qui sont arrivés à mon poste mais j’ai toujours joué. C’est aussi parce que je le méritais.
La situation actuelle ? Je ne peux pas l’expliquer. Ils ont toutes les cartes en main pour finir sur le podium ! Ils ont un super entraîneur qui est Rudi Garcia. Même si en ce moment il est critiqué mais il ne faut pas oublier tout ce qu’il a fait pour le club. C’est un grand tacticien, un grand entraîneur. Ils ont de grands joueurs aussi, on peut en citer quelques-uns. Flo’ Thauvin qui marque énormément, Dimitri Payet, Luiz Gustavo, Ocampos… Ils ont de grands cadres aussi comme Adil Rami, Steve Mandanda. Ils ont aussi de bons jeunes comme le petit Kamara, Lopez… Ils ont un bon mélange ! Mais le foot ça marche sur des détails. Ils ont loupé le coche sur des matches importants comme face à Nantes où le groupe de tête perd des points mais ils n’arrivent pas à gagner donc ils restent derrière. Ce sont des détails. Je ne peux pas l’expliquer, je ne suis pas au quotidien avec eux donc c’est difficile de s’exprimer là-dessus. Je préfère ne rien dire. Je leur souhaite de regagner au plus vite pour retrouver la place que l’OM mérite d’avoir.
Après mon départ, Dédé (Gignac) a fait de bonnes choses. André Ayew aussi. Mathieu Valbuena, Loïc Rémy également. Un attaquant a besoin du collectif pour s’exprimer. Il a besoin du groupe lorsqu’il a une perte de confiance pour revenir à son meilleur niveau. Malheureusement en ce moment ce n’est pas trop ça à l’OM mais j’espère que ça va revenir au plus vite.
On ne sait pas de quoi demain sera fait mais pour l’instant je passe mes diplômes, je fais les choses pas à pas. Je monte de niveau petit à petit, commencer avec les jeunes, les amateurs. J’ai soif d’apprendre, de progresser… A chaque fois que je me lance dans un projet je me donne à fond ! Parfois ça marche, d’autres un peu moins… »
Le Sénégal, la CAN
Mamadou Niang : » Il y a un pays qui va être choisi par la CAF. Il y a quelques pays qui sont favoris comme le Maroc ou l’Afrique du Sud et ce serait une bonne chose parce que le Maroc mérite de recevoir la CAN. C’est un bon pays qui a de super installations. Ce serait très bien pour les équipes qualifiés que la CAN se déroule là-bas. C’est dommage que ce soit annulé pour le Cameroun mais c’est une question d’organisation. La Fédération camerounaise n’a pas rempli le cahier des charges de la CAF et c’est pour cela que ça a été annulé.
Pourquoi pas un jour être sélectionneur du Sénégal — Niang
Pourquoi pas un jour être sélectionneur du Sénégal. On veut toujours aider notre pays, nos racines, nos terres. Être sélectionneur de l’équipe nationale dans le futur, ça me plairait bien. Ce qui est bien au Sénégal, c’est que l’on dispose de très jeunes joueurs, de grands talents. Ça manque un peu d’expérience par moment, on l’a vu durant la dernière CAN et la Coupe du Monde. Mais ce sont des joueurs de qualité, je pense notamment à Ismaila, Sadio Mané, Koulibaly aussi. Il y a quelques joueurs d’expérience comme Idrissa Gueye qui est à Everton, Cheikou Kouyate qui est à Crystal Palace et qui était à West Ham avant. On a des joueurs comme Sané qui évolue à Shalke 04. On a Baldé qui est à l’Inter, M’baye Niang à Rennes… On a des joueurs de qualité ! Il faut trouver la bonne recette pour mixer tout ça pour faire une équipe talentueuse. Il ne manque pas grand chose. Aliou Cissé, le sélectionneur a fait de très bonne chose. Il manque très peu pour qu’ils puissent aller chercher une finale ou un titre. Ils peuvent le faire et ça se joue à rien !
Ça serait bien que les anciens joueurs sénégalais, qui ont apporté à la sélection, reviennent aider le football africain et le football sénégalais plus particulièrement. Habib Beye a largement les capacités de venir aider notre pays et notre fédération. On a des joueurs qui ont de la qualité au Sénégal mais qui sont mal encadrés. Ils méritent d’avoir leur chance dans les équipes européennes. On se doit aussi de venir aider notre pays.
Un sénégalais pour l’OM ? Je vous aurais bien proposé Kalidou Koulibaly mais je pense que c’est un peu cher pour l’OM… On aurait pu aider le club à recruter certains joueurs mais on ne nous pose pas la question. C’est un peu dommage, on a vu passer beaucoup de joueurs, qu’ils soient sénégalais, maliens ou autres en Afrique. Comme Naby Keita qui était à Istres ou Sadio Mané, Ismaila Sarr qui étaient à Metz. Kalidou Koulibaly était perdu à Paris, il s’est retrouvé en Belgique dans un petit club… Il y a de la qualité en Afrique ! On cherche toujours des joueurs venant de l’Est ou d’Amérique du Sud. Alors que l’Afrique est juste à côté. Il y a de la qualité là-bas dans le Maghreb et dans l’Afrique noir. C’est plus proche et c’est parfois moins cher. «