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Replay : La passivité des groupes de supporters avec Labrune

Par La Redaction FCM - Publié le - Mis à jour le
Stephane Guy / Vincent Labrune / Olivier Rouyer - 01.08.2015 - Marseille / Juventus Turin - Match Amical Photo : Alexandre Dimou / Icon Sport

 

CHRONIQUE – CARTE BLANCHE POUR MATT

 

Chaque mardi, Matthieu Franceschi, l’un des supporters olympiens les plus influents de ces dernières saisons, a carte blanche. Cette semaine, l’ex porte-parole des South Winners s’interroge sur la passivité des groupes de supporters marseillais avec Vincent Labrune…

 

En ce mardi 15 mars 2016, alors que l’OM continue de s’enfoncer sportivement et que la crise couve, il ne fait pas bon d’être supporter de l’OM et de lire la presse. D’un côté, vous avez « L’Équipe » avec une double page nostalgique, dont une magnifique interview de Jan Van Winckel, rappelant qu’il y a un an avec Bielsa, l’OM brillait, comptait 18 unités de plus qu’aujourd’hui et jouait toujours le titre au soir de la 30ème journée. De l’autre, vous avez « La Provence » et une interview de Vincent Labrune pour dédramatiser la situation et enfumer, encore et toujours, les supporters. Le final de cette interview m’a interpelé : « Les relations avec les clubs de supporters ont été pacifiées et rationalisées. Je tiens d’ailleurs à les remercier à nouveau pour leur sens des responsabilités. L’environnement est plus serein. Je souhaite ardemment que cela soit le cas jusqu’à la fin de la saison car les conditions du renouveau existent. »

 

Comme la très grande majorité des supporters olympiens, j’ai du mal à comprendre la passivité des groupes face à la situation sportive actuelle et les multiples humiliations que nous subissons. Hormis quelques chants hostiles, aucun groupe ne prend officiellement position contre la direction. Michel est certainement l’un des pires entraîneurs de l’histoire olympienne. L’erreur de casting et ses conséquences ne semblent pas perturber les associations. La politique de Vincent Labrune, qui change de projet tous les six mois, est un fiasco depuis sa prise de fonction. En cinq saisons de présidence, il a été incapable de faire fructifier son seul choix sportif constructif qui était la venue de Marcelo Bielsa. Encore une fois, je le répète, suivre le tableau de marche imposé par l’actionnaire ne veut pas dire faire n’importe quoi.

 

Lors d’une réunion entre les groupes de supporters et le « board » olympien, mes multiples critiques à son égard m’avaient valu, de sa part, un magnifique et impuissant : « J’aimerais bien t’y voir à ma place, qu’est-ce que tu ferais ? ». Mais à sa place, je n’y suis pas. Je suis un simple supporter, issu de « la basse classe », qui a eu la chance (ou pas) de vivre l’OM un peu plus de l’intérieur que la normale. Je n’ai fait que pointer du doigt la triste réalité d’une gestion calamiteuse. Mais notre grand président n’aime pas les critiques justifiées. Et pourtant, une autocritique s’avérerait utile pour l’Olympique de Marseille.

 

Et dire que cette anecdote remonte au 13 août 2015 !
Sept mois plus tard, le constat est encore pire.
Selon un récent sondage, 90% des personnes interrogées partageraient la même opinion que moi, en ayant une opinion défavorable du président olympien. Dans les 10% qui restent, il doit y avoir quelques employés du club, quelques illuminés (supporters et journalistes) qui avalent des couleuvres ou qui défendent volontairement son image et… quelques responsables des groupes de supporters. Les virages se sont déjà révoltés pour moins que cela par le passé. Je vais mettre de côté les habituels fantasmes de certains qui consistent à dire que Vincent Labrune achète leur silence. A notre époque, je pense que cela se saurait facilement…

 

Virages vs présidents

Afin de comparer avec le cas Vincent Labrune, il est important de retracer les différents conflits qui ont éclaté, sous l’ère des Louis-Dreyfus, entre direction du club et groupes de supporters. Les Virages avaient fait la guerre à Jean-Michel Roussier (président délégué de 1995 à 1999) en demandant sa démission à chaque match les derniers mois de sa présidence. Le dirigeant voulait s’attaquer à la gestion des abonnements et avait nommé responsable de la sécurité un ancien policier « de la brigade criminelle ». Jean-Michel Roussier finira par perdre le combat. Son bilan sportif : une remontée en Ligue 1 (1995-96), une 11ème place (1996-97), une 4ème place (1997-98), une 2ème place en Ligue 1 ainsi qu’une finale de Coupe de l’UEFA (1998-99).

 

Yves Marchand (président délégué de 1999 à 2000), chef d’entreprise suisse et homme de confiance de l’actionnaire principal Robert Louis-Dreyfus, remplace Jean-Michel Roussier et arrive avec la réputation de coupeur de têtes. Sa présidence sera de courte durée (16 mois). Avec de nombreuses tensions en interne et la pression des Virages, qui demandaient également à l’époque la tête de Robert Louis-Dreyfus, Yves Marchand démissionnera en novembre 2000.

 

Puis il y a eu Christophe Bouchet (de 2002 à 2005). Il réussit dans un premier temps à stabiliser le club financièrement. Sous sa présidence, l’OM se qualifie en Ligue des Champions la première année. La seconde saison (2003-04), l’OM termine dans le ventre mou du championnat mais atteint une nouvelle fois la finale de la Coupe de l’UEFA avec notamment la révélation Didier Drogba. Mais Christophe Bouchet n’échappera pas lui aussi à la gronde des Virages lors de la saison 2004-05 après avoir annoncé la « construction de la meilleure équipe depuis dix ans ». Les groupes lui reprochent un mercato estival catastrophique où l’aspect économique a été privilégié au sportif avec notamment la gestion chaotique du cas Drogba, déclaré « intransférable » avant de le céder à Chelsea pour 37 M€, le départ gratuit du jeune Flamini à Arsenal ou le retour de Meriem à Bordeaux, jugé trop cher malgré sa belle saison sous le maillot phocéen. En parallèle, sa volonté de s’attaquer à la gestion des abonnements n’a fait qu’accroître son impopularité. Les groupes demanderont à plusieurs reprise sa démission. Une septième défaite consécutive face au PSG ne fera qu’accélérer le processus alors que l’OM jouait encore, malgré tout, les premiers rôles en étant à trois points du podium au moment de sa démission.

 

Labrune, pire que Bouchet !

C’est justement sur le bilan de la présidence de Christophe Bouchet que je veux rebondir.

Pour résumer, il lui était donc reproché par les supporters qui demandaient sa tête : sa communication catastrophique, le fiasco du mercato estival, les défaites chroniques face au PSG, son bilan sportif et le dossier des abonnements… Aujourd’hui, nous sommes dans un contexte plus qu’identique. Et encore, le bilan de Vincent Labrune est bien plus catastrophique que celui de Christophe Bouchet avec, cerise sur le gâteau, la perte de la gestion des abonnements !

 

Mais pourquoi les groupes de supporters ne prennent-ils pas position contre Vincent Labrune ?

 

La peur de la répression ?

Depuis les incidents face à Lyon au Vélodrome, les groupes ont une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Pour moi, ces incidents arrangent énormément de monde, d’une part pour justifier, alors que cela n’a aucun rapport, la reprise de la gestion des abonnements ; d’autre part pour argumenter des projets de loi contre les supporters et continuer une politique répressive dans les stades. Une potence de Valbuena vue ni par le « board » olympien ni par le PC Police, des lanceurs de canettes de bière jamais identifiés… Le déroulement de la soirée est troublant. (voir ma chronique « Les incidents OM vs Lyon, un coup monté ? »).

 

Alors oui, il y a la peur d’éventuels débordements en cas d’actions en tribune. Je le conçois parfaitement car n’importe quelle personne peut rentrer dans un virage et causer volontairement un trouble grave pour pénaliser les associations. Ce paramètre est en prendre en compte surtout quand on observe le CV de l’actuel préfet de police des Bouches-du-Rhône, Laurent Nunez, qui a aussi occupé ce poste en Ile-de-France et qui a mis en place… le « Plan Leproux » au PSG.

 

Laurent Nunez s’expliquait d’ailleurs à ce sujet dans les colonnes de « France Football » en novembre dernier : « J’ai été directeur de cabinet du préfet de police de Paris, conservant un œil sur le Stade de France et le Parc des Princes, dans l’esprit de mon prédécesseur, Jean-Louis Fiamenghi. Il a initié le plan Leproux, j’en ai poursuivi la mise en œuvre. J’ai découvert la Ligue 1 et la Ligue des champions. Je travaillais avec Antoine Boutonnet, commissaire de police chef de la DNLH , et nous faisions venir les directeurs de sécurité des clubs étrangers. Pour certains, le Parc s’est aseptisé. Mais je remarque que l’ambiance reste très bonne et, surtout, qu’il n’y a plus de violences dans l’enceinte. »

 

Mais cette répression et le passé du préfet de police des Bouches-du-Rhône justifient-ils un tel silence sur la gestion pitoyable du club ?

 

Les groupes aveuglés par les discours de façade de Labrune ?

La semaine dernière, nous apprenions dans les colonnes de « L’Équipe » que Vincent Labrune avait soutenu la candidature du fameux Robin Leproux au poste de Directeur Général de la LFP. Une élection perdue par celui qui a fait disparaître les associations de supporters du Parc des Princes. Entre la gestion des incidents de Lyon et le soutien à Leproux, les responsables de groupes devraient aussi, à un moment donné, se poser les bonnes questions sur la volonté du président olympien à leur égard. Selon Pape Diouf, Labrune se vantait déjà, il y a quelques temps, dans les dîners parisiens : « J’ai su comment mettre à genoux Marseille. Il suffit de savoir y faire avec ses supporters ». Et apparemment, il sait y faire…

 

Cela fait beaucoup de coïncidences pour les groupes qui continuent à être aveuglés par Vincent Labrune. Lors des négociations sur la convention liée aux abonnements, selon mes informations, Vincent Labrune était épuisé et laissé sous-entendre qu’il y avait de grandes chances que ça soit sa dernière saison à la présidence olympienne. Comme par hasard, une fois la convention signée, l’homme a changé de discours en façade. L’hypothèse de le voir toujours à la tête de l’OM, la saison prochaine, est même la plus probable, soit en tant que président comme aujourd’hui, soit avec les pleins pouvoirs accompagné de nouveaux investisseurs.

 

Je vais encore prendre comme exemple la réunion de crise du 13 août 2015, entre les groupes et le club, après le départ de Bielsa. Pendant que Labrune était en conférence de presse, les groupes se sont concertés entre eux, une majorité semblait remontée contre le président. J’avais dit : « C’est le moment d’appuyer sur le bouton rouge pour le faire sauter avant qu’il appuie dessus avant nous ». Une fois en présence de Labrune, après le même discours de façade que devant les journalistes, plus grand monde n’était remonté contre lui, croyant certainement sa version sur le départ de Bielsa.

 

Sept mois plus tard, le constat est terrible sportivement et j’ai bien peur que le futur des associations soit assez sombre. Vincent Labrune n’a pas hésité, lui, à appuyer sur le bouton rouge, bien aidé par les pouvoirs publics. Car la saison prochaine, la campagne d’abonnements « nouvelle formule » s’annonce catastrophique. Les supporters se sont sentis trahis avec le départ de Bielsa après la fin de la campagne en août 2015, beaucoup d’abonnés ne viennent même plus au stade à cause du spectacle pitoyable, des résultats honteux, mais aussi à cause de la passivité chronique des groupes envers la direction. Les associations risquent de se retrouver asphyxiées financièrement…
Un objectif de longue date du président ?

 

Une possible action des groupes contre Rennes ?

Il n’est pas impossible que les groupes communiquent dans les prochaines heures. Mais qui sera ciblé ?
Une nouvelle fois tout le monde comme en 2011-12 ? Les joueurs car ils sont sur le terrain, l’entraîneur en manque de solution, les dirigeants et l’actionnaire ?
Même si chacun a une part de responsabilité, est-ce vraiment constructif de cibler tous les niveaux du club à chaque fois ? Nous assistons à la troisième crise en cinq saisons sous l’ère Labrune, après celles de 2011-12 et de 2013-2014. À chaque fois, l’orléanais passe à travers les gouttes en trouvant des boucs émissaires : Deschamps, Baup, Anigo, Bielsa et Michel pour le sportif ; Perez pour le judiciaire et la gestion financière ; Margarita Louis-Dreyfus pour les ambitions.

 

Un éternel recommencement…

 

Il serait temps que Vincent Labrune, le seul point commun à toutes ces crises, soit enfin réellement ciblé par les groupes de supporters pour le bien de l’Olympique de Marseille !

 

Matthieu Franceschi

@FranceschiMatt

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