Depuis que j’ai reçu ma carte de presse, ma mère ne me reconnait plus… J’aurais pris la grosse tête en plus de quelques kilos en trop à force de me goinfrer au buffet presse du Stade Vélodrome. Le buffet, c’est une chose mais vivre les matches de la tribune de presse, c’est vivre le match différemment. C’est ce récit que je vais vous faire dans ces petites chroniques d’après-match. Troisième numéro des coulisses du Vélodrome avec l’extraordinaire OM/RB Leipzig (5-2).
Devant le stade, des places « à 50€, 60€ ou 80€ »
Alors que la pluie avait transformé ma journée de jeudi en bulletin météo très long format alimenté par les plus grands météorologues et jardiniers du monde (aka la Team OM), à 19h45, il était enfin temps de me mettre en route vers le stade. Dans le métro bondé de la ligne 2 qui m’amène à destination, il est frappant de constater que beaucoup de passagers semblent un peu égarés et effrayés à l’idée de rater l’arrêt « Rond Point du Prado. » Cependant les « autochtones » dans la bonne humeur aiguillent gentiment ses touristes partageant leur passion…
Sorti du métro à 20h15, mon chemin jusqu’au stade est jonché de « charbonneurs » n’hésitant pas à faire flamber les prix. Pour avoir un ordre d’idée, je demande le prix ? « Ça dépend 50, 60, 80 euros, tu veux où ? » me répond le premier. Je lui demande plus précisément pour les virages mais malheureusement, il a épuisé son stock en virages. J’aperçois tout au long du court trajet un tas de billets imprimés sur des feuilles A4 revendus à prix d’or. Au téléphone, un jeune homme explique à un collègue sans doute déjà à l’intérieur du stade : « Non mais j’ai pris ma place en virage, t’imagines pas les prix pour Ganay… »
Finalement je trouve un revendeur pour une place en virage. « 50 euros, c’est ma dernière » me propose t-il en m’agitant sa feuille A4 tel le précieux sésame qu’elle représente à cette heure-ci. M’enfin, tout ça n’intéresse pas réellement le « prestigieux » journaliste que je suis, mon accréditation m’attend à l’entrée du stade…
Ambiance de dingue qui contamine tout le monde… même les journalistes de médias nationaux
En poste en tribunes de presse, je m’imprègne avec délectation de l’ambiance de ce Stade Vélodrome dont les chants couvrent la sono qui s’époumone pourtant sur un truc qui ressemble vaguement à de la house. Les tifos, le vacarme assourdissant de l’avant-match, l’excitation des derniers instants avant le coup d’envoi… Il n’y a pas que les joueurs qui font leur métier pour ce genre de match…
Superbe ambiance pour l’entrée des joueurs ! Le feu ce soir 🔥 #OMRBL pic.twitter.com/2ffK9sx26H
— FCMarseille (@FCMarseille) 12 avril 2018
À ma droite s’installe le journaliste de Canal +, Philippe Carayon, qui va définitivement détruire à mes yeux le mythe de la chaîne anti-OM. Il est à fond d’entrée de jeu, il enrage sur le but encaissé : « Tu joues à cinq derrière, comment ça se fait que ça passe de partout ? » À l’opposée, il célèbre avec nous les buts marqués par l’OM dans une joie indescriptible.
(vous pouvez ici subrepticement m’apercevoir taper comme un con sur la table…)
Il est d’ailleurs dur de s’en tenir à nos tâches professionnelles durant le match. Nicolas Filhol a bien du mal à s’en tenir au live texte qu’il assure sur notre site tellement il gesticule, Benjamin Courmes est debout les trois quarts du match et vocifère tel un Denis Balbir hors antenne. Quant à moi, je ne m’en rends pas encore compte mais je terminerais le match avec deux gros bleus sur mes cuisses à force de taper dessus à chaque passe/occasion marseillaise ratée ou danger allemand créé.
Le match est irrespirable et pourtant chaque seconde en est exquise. L’ambiance dans la tribune de presse est rendue folle par la multitude d’habitués du Virage Nord n’ayant pu trouver des places chez eux et s’étant réfugiés pour l’occasion en Jean Bouin haut. Juste au dessus de nous se trouve par exemple un supporter qui a passé l’entièreté de la partie en équilibre sur la grille de sécurité torse nu à gueuler d’une voix cassée. Ce n’était pas un match normal.
Alors que l’OM mène 4-2, on aperçoit très clairement Rudi Garcia briefait un jeune ramasseur de balles. Quelques minutes plus tard, ce sera Valère Germain qui en encouragera un autre à jeter un second ballon sur le terrain. Tout est bon pour se qualifier : IL FAUT TENIR !
Malheureusement à la 90ème minute, nos obligations professionnelles nous forcent (comme d’autres) à nous diriger vers l’ascenseur nous renvoyant en zone presse. Je traînasse un maximum sur le chemin, attend quand même le dernier corner et assiste à l’incroyable délivrance signé Sakai tout en bas de la zone presse en compagnie de tout un tas de journalistes devant eux aussi quitter les lieux mais s’y refusant ! Nicolas Filhol resté en place là haut en tribunes de presse assiste au show d’un Michel Aliaga (France 3 Provence) complètement survolté grimpant dans la tribune au dessus pour communier avec les supporters…
#Sakai marque le 5-2 le jour de son anniversaire ! 🎁 #OMRBL pic.twitter.com/M1owuNmpvP
— FCMarseille (@FCMarseille) 12 avril 2018
Putain que c’est bon !
Beaucoup de médias sur le parvis
La première chose que l’on tourne traditionnellement en après-match, c’est la FanCam. Nous sommes habituellement relativement seuls. Cette fois-ci, plusieurs médias viennent eux aussi prendre le pouls des supporters à la sortie du stade. C’est chaud, ça chante, c’est joyeux, c’est le bordel qu’on aime !
De retour en salle de presse, j’assiste à la triste conférence de Ralph Hasenhüttl, le coach de Leipzig. Durant sa conférence de presse, il me semble percevoir des cris de joie provenant des vestiaires se trouvant pas très loin… Rudi Garcia entre enfin en scène, quelques applaudissements l’accompagnent. Alors que je m’attendais à le retrouver tout sourire, il apparaît relativement fatigué et même légèrement ému. À n’en pas douter, il a lui aussi beaucoup donné.
Il prend tout de même le temps de remercier la traductrice franco-allemande ayant œuvré lors de la conférence de presse comme il l’avait fait avec Nicolas Faure (traducteur français/espagnol) au tour précédent.
Des heures de montage/rédaction m’attendaient encore à minuit passé, et même rentré chez moi, mais cette victoire les a rendus bien plus digestes. Un grand moment.