Voilà vé, dites-moi ce qu’il se passe chez certains observateurs, ou supporters, ou les deux, quoi. Ainsi sommes-nous dans une étrange période où nous entendons, lisons des gens qui affichent une vision émoussée du football, ou de l’OM. Presqu’une crise de foi, ma foi…
Ils n’ont pas tout perdu, certes, ils vont sûrement revenir, d’ailleurs ils n’annoncent pas qu’ils ne regarderont plus les matchs mais bon, on entend que quelque chose est parti qui leur file l’envie de voir la chose d’un peu plus loin.
Je ne suis pas sûr de décrire fidèlement ce qu’ils ressentent et leur façon de l’exprimer. Cela m’a frappé, à peu de temps de distance, que Mourad Aerts et Pof, et d’autres que je ne citerai pas, à part mon pote Julien (shindou) de Olympiens qui n’a rien dit mais n’en pense pas moins, aient fait part de leur souhait de prendre du recul par rapport à l’OM.
S’arrêter ou pas ?
Bien entendu, tu te réinterroges toujours un peu toi-même quand tu en vois certains décrocher. Tu as tendance à te demander si, au fond, tu ne serais pas juste victime d’une sournoise habitude dont tu n’accepterais l’emprise que par simple et coupable faiblesse. C’est souvent comme ça quand un ami nous apprend qu’il divorce, non ? Ça vous le fait pas ? Avouez !
Qu’est-ce qui fait que depuis plus de 10 ans j’écris sur l’OM un, deux, trois, parfois quatre textes différents par semaine, gratuitement, avec le sentiment, la conscience qu’ils sont de moins en moins lus. Les compte-rendus de match par exemple, c’est complètement couillon de les écrire et je sais que beaucoup pensent la même chose sans oser me le dire, ça sert à quoi puisque tout le monde l’a vu, le match, et en a conçu une opinion. Et puis sitôt que le coup de sifflet final a retenti, beaucoup basculent vers les débriefs video, audio, ou télévisés qui fleurissent comme les marguerites au printemps.
C’est quoi cette envie irrépressible de saisir mon IPad à la mi-temps et de commencer à rédiger le billet que je m’efforce de publier au plus près de la fin du match ? Une obstination idiote, juste une manie, une habitude, ou de la passion ? Sincèrement, je n’en sais rien. Je veux garder une trace du match, fixer son énergie, son rythme, son ambiance. J’ai juste peur de l’oublier, ce qui m’apparaît de plus en plus insupportable.
La passion OM
L’OM est une chose toute à la fois si énorme et dérisoire. Comment la poignée d’hommes qui étaient autour de René Dufaure de Montmirail aurait-elle pu imaginer ce que ce club auquel ils ont donné ce nom magique, Olympique de Marseille, allait devenir, et le peuple considérable qu’il réunirait un jour autour de ce nom ? Voilà qui me fascine. L’OM est mon coeur, mon sang, mes tripes, ma famille, et je l’ai en partage.
Et puis merde, qu’est-ce qu’on rigole ! Il y a moins de jeu, c’est sûr. Beaucoup moins de talent que ce que la vie m’a donné la chance de voir dans les années Leclerc, Tapie voire Méric, lequel nous amena Paulo Cesar et Jaïrzinho, mais l’histoire continue. Le cœur du club continue à vivre et nous attendons qu’il retrouve la force de bondir. Des moyens de gonfler ses voiles pour déchirer les flots.
Le destin de ce club, ses montées d’adrénaline, ses dépressions, je ne m’y habituerai jamais, ne m’en lasserai pas. La vente qui nous permettrait de clôturer la mandature McCourt qui nous tient en haleine, les promesses qu’elle fait naître… je ne peux pas regarder ça de loin. Je prends tout, je garde tout, je laisse rien, nada, nibe.
N’interrompons pas la série
Prenons les 44 ans sans victoire à Bordeaux, par exemple. Laissez-la moi cette série, sans déconner. On ne va quand même pas lâcher maintenant. C’est trop marrant de voir ces sguègues ultramarines s’accrocher à cette vieille trace qui ne fait que s’effacer du duel Tapie-Bez, alors qu’ils s’enfonceront inexorablement dans l’anonymat de l’élite au fur et à mesure des années qui viennent, ces conos.
En effet, ces conos, ces chiens des quais, il n’y a qu’en football et en amour qu’on adore haïr. En plus, c’est la St Valentin, une victoire là-bas entraînerait un divorce terrible. Nous n’aurions plus rien à nous dire avec les girondins en gagnant là-bas, ça vaut pas le coup. Surtout maintenant qu’on a fait le plus dur.
Bien entendu, je n’en pense pas un mot. Tuez-les. Le foot, c’est aussi le plaisir de la mauvaise foi. La mauvaise foi reste de la foi. Cela va de foi.
Vive le grand Roger Magnusson !
Thierry B Audibert