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La vente de l’OM analysée par un économiste du sport

Par La Redaction FCM - Publié le - Mis à jour le
Centre Robert Louis Dreyfus

 

 

A Marseille, pas un jour ne passe sans une nouvelle révélation sur l’OM. Avec un club officiellement en vente depuis quelques jours, l’actualité chaude ne semble pas prête de s’arrêter. Vincent Chaudel (Kurt Salmon), spécialiste de l’économie du sport, a accepté de répondre à nos questions…

 

 

 

Vincent Chaudel, l’OM est officiellement en vente depuis quelques jours. Peut-on imaginer l’arrivée d’un gros investisseur comme l’a fait QSI avec le Paris Saint Germain ?

 

Vincent Chaudel: Tout d’abord, il faut savoir de quel investisseur le club a-t-il besoin ? Le PSG a été racheté par le Qatar via QSI. Liliane Bettancourt, si elle avait été fan de football, aurait largement eu la surface financière pour racheter un club. Ce n’est donc pas une question de nationalité ou de nature d’activité. Mais quel que soit la nature d’un club de première division et d’ambition européenne, il faut un propriétaire qui ait une surface financière importante et qui ait une stratégie.

 

 

 

C’est à dire ?

 

V.C: Depuis l’arrêt Bosman, que l’on soit d’accord avec cela ou pas, on ne peut pas faire de grandes performances sans un effectif de grand talent, et qui nécessite donc des moyens financiers importants. Ce qu’il faudra à l’Olympique de Marseille, c’est quelqu’un qui accepte de mettre immédiatement beaucoup d’argent pour retrouver un effectif de premier plan. On entend que le PSG, l’AS Monaco ou encore Manchester City faussent la concurrence mais c’est ainsi. Si on ne met pas beaucoup d’argent d’entrée, le projet peut prendre quinze ou vingt ans. Une fois l’investissement de départ réalisé, on n’est plus obligé de mettre une grosse somme tous les ans. Un club comme Chelsea, n’est plus en déficit chaque année mais à un moment donné, il lui a fallu investir pour arriver à un certain niveau. Ensuite, il faut avoir une récurrence dans la performance sportive pour avoir des partenaires de premier plan et signer des contrats de cinq ans ou plus. Au delà de l’investissement initial, c’est important d’avoir un investisseur qui mette beaucoup d’argent pour se prémunir d’une contre-performance sportive. En Angleterre, avec des équipes comme City, Arsenal, Chelsea, Liverpool, Tottenham ou encore United, vous pouvez très bien vous retrouver sans être qualifié pour la Champions League. Quand vous avez construit un effectif de ce niveau mais que vous avez loupé la marche, c’est 50 ou 100 millions d’euros de déficit. Si vous n’avez pas la surface financière pour l’absorber, vous vous retrouvez en très grande difficulté. Avant, lorsque les présidents de clubs étaient des notables, on pouvait perdre sur une mauvaise saison 100 000 ou 500 000 euros. Maintenant, la donne a changé. Le Milan AC a par exemple annoncé des pertes de 100 millions de dollars ces dernières semaines.

 

 

 

A-t-on une idée du prix de vente de l’Olympique de Marseille ?

 

 

V.C: On parle de 100 millions d’euros, même si l’on sait que les investissements dans la durée de la part de Robert Louis-Dreyfus sont plutôt de l’ordre d’un peu plus de 200 millions d’euros. Pour avoir fait des missions d’évaluation des clubs, tout dépend de l’offre et de la demande. Vous avez des clubs qui peuvent être évalués à 100, 200 ou 300 millions d’euros, mais si vous n’avez qu’un seul acheteur qui a 50 millions en poche, soit vous acceptez cette somme, soit vous gardez le club.

 

 

 

Plusieurs incidents ont eu lieu ces dernières semaines au Vélodrome. Un tel climat peut-il contribuer à repousser certains investisseurs ?

 

V.C: Je ne le pense pas. C’est vrai que ce climat a pu contribuer à éloigner les investisseurs jusqu’à cette année. C’est un peu comme le PSG avec le plan Leproux. Il est important que le club ait repris la main sur les tribunes. Les supporters marseillais sont mécontents cette saison car l’équipe n’est pas performante, c’est normal. Mais si elle se remet à avoir des résultats, et peu importe l’investisseur, le Vélodrome sera forcément rempli.

 

 

Au delà du Vélodrome, le climat particulier de la ville ne fait-il pas peur aux investisseurs ?

 

V.C: Pour certains oui, pour d’autres, non. Si je veux élever un club, je regarde la passion qu’il y a autour. Evidemment que ce ne sera pas facile à gérer mais si je vous mets une Ferrari entre les mains, vous aurez du mal à la conduire. Mais si vous êtes un bon pilote, vous allez prendre beaucoup de plaisir. Dans une ville comme Marseille qui respire le football du matin au soir et du lundi au dimanche, si vous avez la chance de mettre sur le terrain une équipe performante, cela peut être très intéressant.

 

 

 

L’arrivée d’un investisseur peut-elle mettre beaucoup de temps à se mettre en place ?

 

V.C: Cela peut prendre un certain temps. Je pense qu’il va y avoir une saison de transition. Il pourrait y avoir un coup ou deux pendant le mercato et d’autres en hiver. L’essentiel du projet se mettra en place l’année suivante.

 

 

 

L’OM pourrait-il donc se retrouver dans les mêmes difficultés sportives la saison prochaine ?

 

V.C: Non, je ne pense pas. Le vrai sujet sera de faire venir une équipe de management sportif avec un coach, son staff et un projet sportif. On peut imaginer une mise en place la première année qui ne permettra pas de terminer champion car il y a un PSG rodé, mais qui peut permettre une place dans le top cinq. Par contre, la pleine ambition arriverait l’année suivante. C’est ce qu’il me semble être le plan de marche naturel. Je pense que si vous en parlez aux clubs de supporters, ils signent dès demain.

 

 

 

« L’Equipe » a révélé cette semaine que Xavier Giocanti était pressenti pour remplacer Vincent Labrune. Cela fait partie de la stratégie de vente du club ?

 

Dans le business, on fait toujours des plans A et des plans B. Si la vente est plus longue que prévue, il faut actionner un plan B. Il faut préparer dès cet été une équipe qui puisse être plus performante que celle de cette année. C’est la lecture que je fais des événements et rumeurs de ces derniers jours.

 

 

 

Propos recueillis par Bérenger Tournier

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