Le pauvre supporter marseillais n’est plus abreuvé de nouvelles sur le football mais sur l’économie !
La #VenteOM ne cesse de lâcher en pâture à la meute affamée que nous sommes de nouveaux noms d’investisseurs, de groupes d’investisseurs ou de fond d’investissements. Avec toujours de grosses sommes à la clé, bien sûr. Un jour, 400M€, le lendemain, 500…
Pourtant derrière la façade du rêve à la Abramovitch se cache une multitude de profils différents avec une multitude de politique différente en cas d’éventuel rachat de l’OM. FCM vous propose donc de différencier clairement les structures à qui l’on prête l’intention de racheter le club afin d’y voir plus clair au prochain nom sorti du chapeau. Avec l’aide de Me Thierry Granturco, avocat d’affaires spécialisé dans le sport et travaillant régulièrement sur des dossiers de rachat dans le football.
DEUX TYPES DE FOND D’INVESTISSEMENTS
« La structure d’un fond d’investissements dit en général beaucoup sur sa politique » nous explique Thierry Granturco.
Si deux fonds d’investissements à la surface financière identique sont à la lutte pour obtenir l’OM, le résultat peut varier du tout au tout pour le club selon la structure du consortium d’investisseurs.
Les fonds d’investissements aux mains d’une multitude d’investisseurs
« Il y a beaucoup de fonds d’investissements américains qui sont des fonds dans lesquels vous avez des milliers d’investisseurs. En fait, vous avez quelques dirigeants qui ont levé des fonds auprès de milliers d’investisseurs dont notamment souvent des fonds de pensions. Du coup leur politique est relativement restrictive parce qu’il y a des milliers d’actionnaires qui attendent des bénéfices sur ce qu’ils ont investi. »
Me Thierry Granturco
Comprendre : Ce ne sera pas la fête avec de tels investisseurs. Pas de dépenses somptuaires mais des placements de père de famille. Voir de grand père.
L’exemple : Colony Capital au PSG.
Vous vous souvenez des recrues en toc, des ambitions limités et de l’époque où on allait tranquillement en mettre trois aux parisiens chez eux? Ils étaient à l’époque détenus par un fond d’investissements gérant des milliers d’investisseurs et ne pouvaient donc pas se permettre grand chose.
Les fonds d’investissements entre les mains de très peu de personnes
« A contrario, vous avez des fonds d’investissements où la levée de fond concerne très peu de monde. Dans lesquels, vous avez deux, trois dirigeants et dix/douze investisseurs. Ceux-ci, vous pouvez les convaincre d’avoir des projets à plus long terme. »
Me Thierry Granturco
Comprendre : Quand même là pour s’enrichir mais plus enclins à prendre des risques. Faire sortir de l’argent à ce type de fond est moins difficile que le précédent car il y a bien moins de monde à convaincre avec souvent un actionnaire majoritaire à même de faire pencher la balance.
L’exemple : Fenway Sports Group à Liverpool.
Malgré des résultats décevants, ils ont continué à investir continuellement depuis leur reprise du club en 2010. Pas toujours très intelligemment cependant. Alors que les Reds retrouvent un peu de leur lustre, un fond d’investissement chinois voulait racheter le club mais Fenway n’est pas décidé à partir.
LES HOLDINGS
« Il y a des investisseurs qui, parce que, leurs affaires ont été florissantes vendent leurs entreprises. Ils en retirent 300/400 M€ par exemple. Et bien cette somme, ils la font monter dans une structure qu’il crée pour eux-mêmes. C’est une holding. Et la seule raison d’être de cette holding est de prendre des participations soit dans des projets soit dans des sociétés. C’est à dire qu’ils peuvent se dire « tiens cette société me plait, j’y mets 40M€ et je prends autant de pour cent du capital. »
Me Thierry Granturco
Comprendre : La fortune d’une seule personne utilisée pour investir. Cette personne peut déléguer la présidence de cette holding mais elle sera l’ultime décideur en ce qui concerne les ressources de la Holding à allouer à tel ou tel projet.
L’exemple : L’Olympique de Marseille depuis 1996.
Lorsque Robert Louis Dreyfus rachète l’OM, il crée pour l’occasion une holding, Eric Soccer. Cette holding familiale a offert d’importants moyens pendant une période donnée au club (96/99) avant de sérieusement resserrer les cordons de la bourse. Le profil de Gérard Lopez pourrait y ressembler sans pour autant présager du même comportement. Attention cependant, il pourrait être accompagné de Mangrove Capital, un fond recherchant des profits à court terme dont on vous parlait dans l’interview ci-dessous.
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LES GROUPES INDUSTRIELS
« Un groupe industriel va raisonner de manière indirecte, il va se dire « le club peut perdre de l’argent, si possible être équilibré ou dans le pire des cas en gagner un peu mais c’est pas essentiel ». C’est pas essentiel car en réalité ce n’est qu’un levier pour d’autres business que le club va pouvoir ouvrir pour le groupe industriel »
Me Thierry Granturco
Comprendre : Le groupe industriel est dans le football pour s’ouvrir d’autres opportunités. L’argent investi est un prix à payer pour y accéder ou pour consolider des actifs déjà possédés.
L’exemple : Robert Louis Dreyfus à l’OM.
Comment ça ? Vous venez de nous dire qu’il s’agit d’une holding ? Certes mais cette holding n’a t-elle pas servi les desseins des intérêts industriels des Louis Dreyfus. Avec le groupe Adidas (dont RLD était le patron) tout d’abord, avec les différents sponsors maillots (Neuf Télécom, Direct Energie, BetClic) ensuite. En France, on peut également parler du groupe Danone à Evian Thonon Gaillard.
Reste les pays en recherche de notoriété formant des fonds d’investissements dans le but d’accroitre l’image positive de leurs pays. Qatar, Abu Dhabi et bientôt l’Iran ? Ces fonds d’investissements ont une logique économique particulière souvent à perte et font par conséquent grandement rêver les fans. Ils ne sont cependant pas légions contrairement aux fonds d’investissements plus traditionnels. Si la piste iranienne était très séduisante, rien ne nous prouve qu’elle avait des fondements très solides et qu’elle n’était pas qu’une simple adaptation de l’histoire qatarie à l’accent marseillais.