En recevant ce soir le stade de Reims en match avancé, l’OM retrouve une nouvelle occasion de reprendre au moins provisoirement la première place du classement de L1. Et puisqu’on en est aux symboles, cette 25e journée pourrait entrer au livre des records marseillais en alignant une douzième victoire d’affilée au Vélodrome. Ce record-là, s’il ne fait pas figure de palmarès, l’OM lui court après depuis 1948. Et à en croire Brice Dja Djédjé, meilleur olympien du mois de janvier, voilà deux raisons supplémentaire à un supplément de motivation : « Bien sûr que ce record nous motive, explique le défenseur ivoirien. Ça va être de venir nous battre chez nous maintenant… Et puis on voit bien que si on bat Reims, on basculera à la première place. On va tout faire pour titiller Lyon et Paris.
Si l’on s’en tient aux statistiques, l’OM ne devrait pas avoir grande difficulté à battre un stade de Reims qui n’a gagné que deux fois à l’extérieur depuis le début de la saison. Les hommes de Vasseur courent d’ailleurs toujours après leur première victoire en 2015. Mais ce soir, pour être tout fait clair, on regardera autant la victoire – absolument nécessaire pour au moins rester dans la course – que la manière.
Bien sûr on pourrait toujours se rassurer en ne retenant des prestations au vélodrome que la victoire. De nombreux entraineurs ont poussé les supporters marseillais dans cette voie ces dernières saisons. Mais Marcelo Bielsa est sans doute trop avisé pour ne pas savoir que la « magie du Vélodrome » ne suffira pas toujours et que s’en contenter ne conduirait à une désillusion prochaine. C’est lui qui le dit, l’OM est « en dette » : « Autour du rendement de l’équipe, il y a une sensation de déception et d’incrédulité. Cette incrédulité est en rapport avec les capacités de l’équipe. Nous devons changer cette situation pour recommencer à jouer comme avant ». Traduction pour ceux qui ne parlent pas encore le Bielsa couramment : il faut retrouver la confiance ! » reste a trouver comment.
Victime de la CAN ?
On commence a identifier avec quelques certitudes ce qui ne va plus. Qu’on le veuille ou pas, la CAN n’a pas fait de bien à l’OM. Morel et Fanni ont beau être considérés comme les meilleurs olympiens par le staff qui entoure Bielsa, qui oserait nier que Nicolas Nkoulou, son expérience, son sens du placement, ses interventions tranchantes, n’a pas durement manqué à la défense marseillaise ? En tout cas, un chiffre ne ment pas : l’OM a pris au moins un but par match (Evian mis à part) depuis la reprise.
De la même façon, le flanc gauche de l’attaque marseillaise est orphelin depuis le départ d’André Ayew et les différentes solutions pour pallier son absence ont toutes échoué. Les supporters qui en ont fait l’un de leur chouchou savent bien le poids que pèse le fils d’Abedi dans ce collectif, dans la fluidité du jeu, dans la remontée du ballon, passeur décisif ou buteur. Sa présence soulage autant Imbula, que Payet, autant Gignac que…Mendy tant son travail défensif a été décisif depuis le début de saison.
Le problème c’est que si la confiance doit attendre le retour de ces deux-là, on peut craindre que ce ne soit encore pas pour cette semaine. Nkoulou n’est pas opérationnel et si Ayew est dans le groupe rien ne dit qu’il est en état de débuter la rencontre.
Et puis, même si le banc marseillais s’est révélé épais comme un cure-dent pendant tout le mois de janvier, l’absence de deux joueurs ne peut tout expliquer.
Application collective et solidarité sans faille
Certes, à cette époque de la saison, le dispositif marseillais ne surprend plus. Monaco a montré une voie avec ses longs dégagements de Subasic qui ont gêné l’OM en l’empêchant de récupérer le ballon très haut comme à son habitude. Montagné avait d’ailleurs retenu la leçon la semaine dernière à Rennes…
Et alors, l’Ajax de la grande époque n’avait qu’un système de jeu, le fameux football total inventé par Rinus Michels. Tous les entraineurs européens l’avait évidemment décortiqué. Sans grand résultat.
Mais la force du système tenait à deux raisons essentielles : une application collective et une solidarité sans faille.
Et c’est peut-être ce qui a changé à l’OM depuis la mi octobre. Durant toute la préparation, Bielsa avait mis l’accent sur une application minutieuse des consignes, sur une solidarité sans faille.
Aujourd’hui le groupe fait peut-être un peu moins d’efforts et surtout il ne les fait plus ensemble. Du coup on retrouve les excès d’individualisme qui ont fait l’OM des mauvais jours.
Marquer plus rapidement
L’autre grand changement c’est qu’en début de saison l’OM parvenait à se simplifier le jeu en marquant très rapidement. Et ce manque d’efficacité a le double effet de faire douter les Marseillais et de remettre l’adversaire en confiance au fil des minutes qui passent. « Quand on est bien, note Bielsa, on essaie de s’améliorer et quand on n’est pas bien, on essaie de changer la réalité. Sur le match de Rennes, on a encore vu nos problèmes d’efficacité, c’est pourtant indépendant de nos efforts car nous essayons toujours d’attaquer, nous travaillons quotidiennement sur les situations d’attaque. On prend des risques énormes pour améliorer nos attaques ».
Reste à savoir si les Marseillais ont les ressources mentales nécessaire pour sortir une fin de saison à l’image de leur entame. La perte de la première place n’aurait-elle pas eu un impact qu’on a sous-estimé sur un groupe jeune et très inexpérimenté que la tête du classement transcendait. Et dans ce cas, la victoire ce soir permettrait peut-être de reconstruire le mental du groupe…