Il y avait 57 103 spectateurs hier soir au Vélodrome pour OM – Rennes (1-0) malgré une température ressentie de -2°C. Froid, glacial, polaire, hyperboréen. Au moins. Pourtant il y a fort à parier qu’une majorité de ces 57 103 personnes se soient endormies le sourire aux lèvres…
La température a beau vous glacer les articulations, le rituel du Vélodrome vous réchauffe le cœur. Surtout si la soirée s’achève par une victoire de « l’équipe qui fait la fierté de la civilisation marseillaise » (HF Blanc, Le Livre de Jobi, éditions du Fioupélan, 2010). Ce fut le cas en cette soirée de coupe, de match le plus froid de l’année, de OM 1, Rennes 0. Température négative ou pas, les Marseillais ont donc mis les ingrédients. Les Marseillais sur le terrain, bien sûr, qui ont fait le boulot mais aussi les autres, tous les autres, ceux qui achètent leurs billets.
Ces fameux ingrédients qui font d’un match au Vélodrome, un match au Vélodrome. Prendre le métro, plein à craquer forcément, qui arrive dix minutes en retard à une heure du coup d’envoi. Sortir à l’arrêt « Rond Point du Prado » dans la cohue, avec les minots, les papis, les collègues. Ou des collègues. Ceux du stade peut-être. « Qui cherche des places ? » à la sortie des escalators. Malgré le blizzard et les prix officiels à moins de 10€, la voix pleine de sollicitude des charbonneurs vous ramène à ce sens du commun. Eux au moins ont résisté, pas le FC Parvis. Il y a bien encore quelques cadavres de fumis qui jonchent le sol, pas plus.
De toute manière, FC Parvis, pas FC Parvis, il est plus que temps d’entrer dans le stade. Premier coup de chauffe pour le cœur, avec les premiers chants, les premiers sifflets pour les opposants du soir sortis à l’échauffement. Van Halen, le coup d’envoi, vite du football ! Deuxième emballement synchronisé de 57 103 palpitants sur la frappe du nouveau venu, l’Ukrainien là, qui dessine une parabole merveilleuse qui s’écrase malheureusement sur la lucarne. « Hoooooooo ! » Le match avance, l’OM domine, quelques classiques érupte ci et là : « Et cet arbitre-là, elle peut pas siffler pour nous un peu ? » Nouvelle frappe tout près de l’extérieur de l’autre lucarne ! « On va les regretter ces occasions, moi je te le dis ! » Mi-temps, l’atmosphère se tend un petit peu. Ça joue moins bien côté marseillais. Jusqu’à ce rush de Veretout qui accélère à une vitesse folle. Chaque foulée de l’ancien Nantais est accompagnée de 57 103 « allez » avant que l’intérieur du pied de Guendouzi soit accueilli d’un seul mais surpuissant « OUAIIIIIIIS ! » Le fameux cri du cœur.
Comme souvent, il va souffrir ce cœur communautaire. Jusqu’au coup de sifflet final, ce sont les autres qui attaquent, qui tirent sur la transversale, mais heureusement, comme souvent aussi, il va finir par éructer de joie. Victoire et qualification. Même la structure du stade a été réchauffé par ce dernier « Aux armes« , bouillant, entonné par les deux virages pour célébrer la victoire.
Malgré les bonnets, les manteaux, les embouteillages pour repartir et les délais délirants en métro, 57 103 ont eu plaisir à entretenir cette routine. Rare. Commune. Joyeuse. Revigorante. Même par -2°C.