C’était il y a moins de deux ans. Après une saison très compliquée où le message de Didier Deschamps ne passait plus auprès des joueurs, l’OM version Elie Baup décroche une deuxième place derrière le PSG et renoue avec la Ligue des champions. Dans le même temps, Vincent Labrune et Margarita Louis-Dreyfus annoncent une profonde cure d’amaigrissement dans le budget olympien. Et aux supporters qui lui réclament le retour de Drogba, ou quelque chose d’équivalent, VLB sert un concept de communicant destiné à faire passer la pilule. : s’inspirer de Dortmund ou Arsenal pour construire un projet marseillais appuyé sur la formation et la jeunesse. « Le Borussia Dortmund est l’exemple le plus parlant, argumentait-il. Voilà un club qui avait 80 M de budget il y a six ans et qui, aujourd’hui, engrange plus de 300 M de recettes et se trouve en situation de concurrencer le Bayern aussi bien sur le plan sportif que sur le plan financier. Mais ces politiques alternatives prennent un peu de temps. »
Et il avait raison de prévenir, VLB. La saison suivante, il commence à construire son OM new look avec les arrivées de Thauvin, Lémina, Mendy et Imbula, tous nés entre 92 et 94. L’OM termine sixième du championnat et se fait sortir de la champions-league sans marquer un seul point. Ironie du sort, l’OM est tombé dans le groupe de Dortmund et Arsenal.
Bien sûr quelques observateurs ne manqueront pas d’ironiser sur la comparaison entre Jürgen Klopp ou Arsene Wenger et Elie Baup ou José Anigo.
Et dans l’esprit de VLB, l’arrivée de Marcelo Bielsa, grand adepte de la formation doit sacraliser le projet Marseillais.
Un exemple peu convaincant
Le problème c’est que sur la durée, les résultats des « inspirateurs » sont plutôt en dents de scie : Arsenal ne figure plus dans le big four et lutte chaque année plus difficilement pour rester au contact de l’élite. Quant au Borussia, il pointe à la 15e place de la Bundesliga à un point du premier relégable…
Bielsa le reconnaît lui même, on ne décrète pas du jour au lendemain un projet comme celui d’alimenter l’équipe une avec de jeunes joueurs, y compris issus du centre de formation : « Ce sont des projets qui exigent au minimum cinq ou six années pour les modeler, à partir du jour où on commence ».
Tout le problème auquel il se trouve d’ailleurs confronté dans ce domaine c’est que le projet vanté par la direction de l’OM a plus de motivation économique que sportive. L’objectif est simple : acheter les jeunes prometteurs qui n’ont pas encore quitté le championnat français, et tenter de faire une plus value sur leur revente avant la fin de leur contrat. La formation n’a que peu de rapport avec tout ça.
Réquilibrer l’OM en joueurs d’expérience
En revanche, s’il n’en tire que peu de bénéfice, l’extrême jeunesse de son banc – et pas que – est devenu, au fil des semaines, un handicap pas facile à gérer, on en a eu une dernière illustration vendredi soir.
Oui, cette équipe manque indéniablement de maturité, en particulier dans sa difficulté à gérer les temps faibles. Toutes les grandes équipes sont faites d’un subtil dosage entre jeunesse et expérience. L’OM 2014-2015 est déséquilibré et risque de l’être plus encore la saison prochaine.
Et quel qu’il soit l’entraineur aura bien besoin de ce subtil dosage pour pérenniser le projet sportif et aider l’OM à franchir un pallier au plan européen.
Et pour cela il faudra se donner les moyens de garder un Ayew, jusqu’ici seul Marseillais d’expérience sorti du centre de formation, et d’étoffer le groupe de quelques briscards, cadre de vestiaires comme de jeu. C’est le moyen de soulager les jeunes talents marseillais d’un trop plein de responsabilité impossible à assumer à ce stade de leur carrière. C’est le moyen aussi d’attendre patiemment que le centre de formation donne ses fruits.
Voilà une politique appuyée sur la formation et la jeunesse bien plus intéressante que la simple spéculation sur la côte de quelques jeunes talents…
Avec sa faconde, Rolland Courbis avait tranché la question en 2013 : « Marseille n’a pas besoin d’un projet Dortmund, On s’en fout de Dortmund. Faisons un projet Marseille ».