Christophe Dugarry a prévenu, il rendrait son micro si cette « escroquerie » (dixit Ménès) de Mitroglou restait titulaire à l’Olympique de Marseille. L’indigence des performances du grec serait telle qu’il serait devenu insupportable à la France du foot.
« Si Germain n’est pas titulaire à la place de Mitroglou, je rends mon micro » annonce Duga ! ➡️ https://t.co/otBIH5LJKm#rmclive #TeamDuga pic.twitter.com/wBvuiIdEuB
— Team Duga (@TeamDugaRMC) 30 octobre 2017
Une fois qu’on a terminé de s’offusquer n’importe comment, il est peut-être temps d’analyser la situation au poste d’attaquant avec quelques chiffres et une mise en perspective s’éloignant des attaques personnelles.
Stats : être attaquant à l’om, c’est d’abord toucher très peu de ballons
Au premier rang des reproches adressés à Mitroglou, il y aurait son utilité. Inexistante en raison du très faible nombre de ballons touchés par la pointe marseillaise depuis le début de saison. Germain ferait tellement mieux selon les observateurs (notez bien qu’il n’ait jamais fait état de Njie) et pourtant lui non plus n’a pas su se rendre indispensable dans la jeu. Aucun attaquant marseillais ne l’est.
| Match | Titulaire | Min. jouéees | Ballons touchés | Performance |
| Dijon | Germain | 90′ | 22 | 2 passes dé |
| Nantes | Germain | 90′ | 33 | non décisif |
| Angers |
Njie puis Germain |
37′ puis 53′ |
11 puis 26 |
1 but puis non décisif |
| Monaco | Germain | 90′ | 31 | non décisif |
| Rennes | Germain | 90′ | 23 | non décisif |
| Amiens | Njie | 67′ | 18 | 2 buts |
| Toulouse | Njie | 68′ | 39 | non décisif |
| Nice | Njie | 77′ | 28 | non décisif |
| Strasbourg | Mitroglou | 90′ | 20 | 1 but |
| Paris | Mitroglou | 65′ | 17 | non décisif |
| Lille | Mitroglou | 52′ | 18 | non décisif |
- * Statistiques provenant de whoscored.com
Le premier constat que l’on peut faire est celui du faible nombre de ballons touchés par tous nos attaquants depuis le début de saison. Il est d’ailleurs très fréquent que l’avant-centre marseillais soit le joueur ayant touché le moins de ballons dans son équipe, même moins que son gardien.
Il est intéressant de noter que le seul match où cette règle a été démentie fut OM/TFC, que l’on peut considérer comme le seul abouti de la première à la dernière minute cette saison. Njie, 39 ballons touchés, Mandanda, 32. Autrement, l’OM a toujours vécu d’énormes séquences pendant ses matchs où il subit, défend et sèvre donc sa pointe.
Difficile de briller dans son propre camp pour un attaquant
Le recrutement d’un attaquant de type pivot/finisseur était une priorité pour Rudi Garcia cet été. Ce type de joueur est avant tout utile dans une équipe qui domine et met la balle dans la surface adverse de manière très régulière. Or en Ligue 1, le jeu marseillais se déroule plus dans ses propres 30 derniers mètres que ceux de l’adversaire.
| Match |
% de temps de jeu passé dans les 30 derniers mètres adverses |
% de temps de jeu passé au milieu de terrain |
% de temps de jeu passé dans ses 30 derniers mètres |
| OM/Dijon | 27 | 46 | 27 |
| Nantes/OM | 30 | 33 | 35 |
| OM/Angers | 29 | 51 | 20 |
| Monaco/OM | 22 | 54 | 24 |
| OM/Rennes | 26 | 45 | 28 |
| Amiens/OM | 25 | 48 | 27 |
| OM/TFC | 32 | 47 | 22 |
| Nice/OM | 27 | 44 | 29 |
| Strasbourg/OM | 30 | 46 | 25 |
| OM/Paris | 23 | 52 | 25 |
| Lille/OM | 27 | 42 | 31 |
- * Statistiques provenant de whoscored.com
Dans le tableau ci dessus, il faut bien faire attention au rapport temps de jeu passé dans le camp adverse (attaque)/ temps de jeu passé dans son propre camp (défense ou temporisation). Il est en effet difficile pour un attaquant de créer quoi que ce soit dans ses 30 derniers mètres. C’est un facteur très important à prendre en compte pour juger un attaquant comme Mitroglou, avant tout finisseur.
Depuis qu’il est titulaire, l’OM n’a ainsi passé qu’une seule fois plus de temps dans le camp adverse que dans son camp, c’était à Strasbourg. Le grec avait alors marqué son premier but et était impliqué sur deux autres réalisations. Preuve par les chiffres qu’il peut être utile à son équipe.
Face à Angers ou Toulouse (matchs où l’OM fut dans la partie de terrain adverse), son profil de finisseur aurait également pu être utile. Mais que pouvait t-il faire face à Paris ou Lille alors qu’il touchait majoritairement ses ballons au milieu de terrain ?
Un problème d’abord SYSTÉMIQUE
Ce n’est finalement pas une surprise si le meilleur attaquant olympien en Ligue 1 depuis le début de saison se nomme Clinton Njie (5 buts, 1 passe décisive). L’OM partant souvent de très bas, ses qualités de vitesse s’adaptent bien à ce qu’il se passe sur le terrain.
Les deux recrues estivales (Valère Germain et Konstantinos Mitroglou) ont elles besoin d’un autre type de football pour pouvoir s’exprimer. Les grands espaces, ce n’est pas le truc du chasseur grec ou du fouineur français. Ils ont besoin d’être dans les 30 derniers mètres pour terminer les actions avec le bon geste ou grâce à un bon déplacement.
L’exemple toulousain existe pour Rudi Garcia, c’est de ce genre de prestation que Germain et Mitroglou pourront se nourrir. Ça tombe bien, c’est aussi ce genre de matchs que le public marseillais veut revoir…
