Le bonheur est fragile.
Si fragile qu’un rien peut le faire basculer dans l’horreur.
Le football doit être un bonheur. Tout Marseille va espérer ce soir en vivre un, de grand bonheur footballistique, alors que son OM va tenter de se qualifier pour la sixième finale européenne de son histoire. Mais en ce 5 mai 2022, son histoire à ce grand OM doit surtout lui rappeler que quelque soit le, les, résultat(s), le fait de n’être obsédé que par une composition d’équipe, aux exploits ou ratés de ses joueurs est un privilège qui malheureusement peut vite s’avérer… fragile !
Fragile comme cette tribune achevée à la hâte, n’importe comment, trente ans plus tôt à Furiani « pour quelques francs de plus » comme le répète encore aujourd’hui sous le coup de l’émotion Daniel Xuereb, alors Olympien et témoin de la tragédie.
Fragile comme le sens des priorités du football malgré les effroyables exemples qui ont montré « ce que peut devenir ce sport si l’argent prend trop d’ampleur dans ce monde-là. (…) Et lorsque l’on voit que dans quelques mois, il y aura une Coupe du Monde au Qatar déjà entachée de sang… » rappelle Didier Grassi, membre du collectif du 5 mai 1992.
Fragile comme « ce devoir de mémoires très important pour le monde du football qui a plutôt tendance à glorifier et se souvenir des victoires pour oublier tout ce qui ne va pas dans son sens. Le monde du football a été défaillant ce soir-là et il a mis très longtemps à tirer des leçons pour que ça ne se reproduise pas » comme l’explique Hélène Foxonet, ancienne journaliste présente ce 5 mai 1992.
Fragile comme les efforts vains malgré tout son pouvoir d’un ancien président de la Ligue de Football à lutter contre les revendications d’un collectif touché dans sa chair par ce drame. Fragile, stupide ou irrespectueux ?
Fragile comme les aléas du calendrier plaçant un jour de fête européenne, un jour de deuil national. « Dès lors que la date du 5 mai a été connue et que nous étions qualifiés, il était évident et naturel pour nous de solliciter l’UEFA pour marquer ce match d’une empreinte de commémoration. Il y a une grande volonté de ne pas jouer le 5 mai, ça a été obtenu par le collectif mais cette loi ne s’applique pas aux matchs internationaux. Nous étions face à cette complexité-là et il était alors évident que nous devions tout faire pour que les supporters et téléspectateurs de ce match se souviennent ce soir-là de ce 5 mai 92 » détaille Jacques Cardoze, directeur de la communication de l’OM.
et Fragile comme ce qui peut faire basculer un résultat sportif en demi-finale de Coupe d’Europe. Mais franchement, c’est de la fragilité secondaire, une chance au bonheur. Même ratée. Il faut en profiter en tant que supporter ! Il faut la vivre !
Vivre.
Ça doit être ça le football, pas Furiani 92, pas l’horreur. Ne jamais oublier, l’HORREUR quand ils ne voulaient vivre que le BONHEUR.
Ce match est évidemment dédié à
Antoine Angelini
Guy Brunel
Marie-Pierre Campana née Clément
André Casta
Alexandra Drillaud
Jean-Baptiste Dumas
Antoine Geronimi
Thierry Giampietri
Dominique Giannoni
Santa Grimaldi
Pierre-Jean Guidicelli
Cédric Lalliat
Lucien Marsicano
Christian Mattei
Michel Mottier
Marie-Laure Ottaviani née Guerrieri
Raoul Patrick Rao
Michel Vivarelli
et à tous ceux ne s’en étant jamais vraiment remis.
Rendez-leur hommage !