« Institution« , « culture club/entreprise« , il est des expressions utilisées à tout bout de champ pour parler de son club sans que l’on en saisisse toujours le sens profond. Hier soir contre Annecy, le sens de ces expressions a sauté à la figure des joueurs de l’OM et a encore fendu le cœur de ses milliers de supporters…
Les joueurs de l’Olympique de Marseille n’ont tout simplement pas su prendre la mesure de l’évènement que constitue « mener dans un quart de finale de Coupe de France dans son stade chaud bouillant contre une équipe plus faible. » À certains égards, cet évènement est beaucoup plus difficile à gérer que l’évènement « s’arracher pour gagner dans un huitième de finale de Coupe de France dans son stade chaud bouillant contre son adversaire héréditaire mille fois plus riche. » Le relâchement, même temporel, est moins naturel.
Pour les deux évènements, la « culture club/entreprise » s’est fait ressentir de manière identique avec plus de 60 000 supporters déchainés dans les travées d’un stade magnifique. Qu’il est beau cet OM, qu’il est grand, qu’il est impressionnant. En tribunes. Il faut ensuite se mettre à sa hauteur sur le terrain. Ce fut si rarement le cas dans les grandes occasions ces dix dernières années…
« Une fois de plus, la dissonance entre la passion que suscite ce club et le calibre de ses joueurs s’est faite ressentir »
Les partenaires de Dimitri Payet et Valentin Rongier auraient dû mieux mesurer la difficulté qui accompagnait l’évènement « mener dans un quart de finale de Coupe de France dans son stade chaud bouillant contre une équipe plus faible. » Cet évènement leur commandait de s’arracher sur chaque ballon, chaque touche, comme des morts de faim pour faire comprendre à l’adversaire, qui avait encore moins à perdre au retour des vestiaires qu’au coup d’envoi, qu’il n’y aurait aucune fenêtre de tir pour un exploit. Ça, ça aurait été un bel écho aux valeurs de l' »Institution » de passion déployée en tribunes. Ils sont au contraire retournés sur le terrain dans un état d’esprit « tuons les 45 minutes qui restent jusqu’à la qualification. » Ça ne pouvait jamais être suffisant, ça ne l’est pas dans les grands clubs à la culture club forte. Les supporters avaient compris que même face à une équipe du milieu de tableau de Ligue 2, il fallait tout donner. Pas les joueurs qui se sont reposés sur leur supériorité supposément démontrée sur la moitié seulement du match. L’OM c’est plus dur, ça peut vite devenir inhibant, il y a plus d’attente et donc une puissance tellement immense dans la déception qu’elle interdit tout relâchement en pareil évènement.
Ils ont été présomptueux juste un moment. Juste un temps. Le maillot que je porte suffira forcément à stopper ce contre, à réussir ce contrôle sans regarder la balle pour me projeter dans l’action qui suit, à marquer ce penalty tombé du ciel… Il n’a pas suffi. L’évènement était trop grand, immense, dimensionné au calibre d’un mastodonte qui ne gagne plus rien depuis 2012. Il demandait forcément plus. Ils ne l’ont pas compris, la gifle a suivi.
Et une fois de plus, la dissonance entre la passion que suscite ce club, encore plus dans les grands évènements, et le calibre de ses joueurs s’est faite ressentir. Il faut être très fort pour réussir à dompter la démesure indissociable de l’OM. Très fort en se mettant à la hauteur de l’évènement crée par le club, quelque soit le niveau de l’équipe en face. Encore une fois des joueurs de l’OM ne l’ont pas été et se sont fait bouffer par l’enjeu.