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Mercato OM

Mercato : Pourquoi l’OM galère t-il tant à vendre ? Et depuis si longtemps ?

Par Mourad Aerts -
McCourt Longoria
McCourt Longoria
rank McCourt et Pablo Longoria

Le mercato hivernal 2022 est ouvert !
En attendant de savoir s’il s’agit du dernier marché de joueurs pour l’Olympique de Marseille avant l’été 2023, Pablo Longoria se démène et tente de combler les désidératas de son coach. Entre encadrement de la masse salariale et des indemnités de mutations par la DNCG, le président olympien est parvenu à se faufiler pour déjà faire signer cet hiver, Cédric Bakambu et Sead Kolasinac.

Comment ? En redoublant d’ingéniosité pour libérer un peu de marge de manœuvre à un club asphyxié financièrement. Va donc pour un prêt de six mois de Jordan Amavi à  l’OGC Nice (avec prise en charge, seulement partielle, du salaire) et un grand merci à l’agent de Dario Benedetto qui devrait, grâce à un tour de passe-passe assez incroyable, permettre à son poulain de définitivement retourner à Boca Juniors. Enfin un transfert définitif qui se profile !

 

 

Très peu de rentrées d’argent grâce aux ventes…

 

 

Car si l’ancien recruteur de la Juve a profité en plein de l’avalanche de fins de contrat qui s’est écroulée sur l’effectif olympien à l’été 2021 pour renouveler, parfois brillamment, son équipe, il n’est entretemps parvenu qu’à une seule grosse vente de joueurs. À l’hiver 2021, il a conclu la cession de Morgan Sanson à Aston Villa pour 16M€. Une opération tant désirée par l’OM qu’elle finit même par semer la discorde en interne à l’hiver 2020. Autrement ? Un départ de Bouna Sarr pour 10M€ au Bayern Munich qui ne lui est pas vraiment dû, le transfert définitif de Maxime Lopez à Sassuolo pour 2M€, la rocambolesque opération à somme nulle Aké/Tongya, une indemnité minimale de moins de 2M€ pour le départ d’Hiroki Sakai et des prêts.
Beaucoup de prêts.
Nemanja Radonjic d’abord au Herta Berlin puis à Benfica, Kevin Strootman d’abord au Genoa puis à Cagliari, Dario Benedetto ces cinq derniers mois dans le club de son agent, Elche, puis Jordan Amavi cet hiver à Nice. Sans oublier Lucas Perrin à Strasbourg, le seul prêt olympien jusqu’ici réellement réussi (en attendant celui d’Amavi ?) avec une option d’achat raisonnable pour les Alsaciens à la clé.

 

 

La situation d’ensemble est une menace à moyen terme puisque personne ne peut ignorer que l’énorme salaire de Strootman et les tout de même imposants émoluments du néo-ex-niçois continuent d’être pris en charge à plus de 50% par l’Olympique de Marseille. Mais aussi que ces deux-là comme le Serbe risquent de revenir à la Commanderie l’été prochain et que seul le salaire le plus léger (Perrin) est bien parti pour s’envoler définitivement vers d’autre cieux.

 

 

Pendant longtemps l’incapacité à dégraisser a été imputé à Andoni Zubizarreta. Pas assez actif, réticent à travailler avec les agents, etc. Mais étant donné la super-activité de Longoria sur le marché, ces excuses ne fonctionnent plus. Alors quoi ? Certains argueront du fait que l’OM a dû se reconstruire et ne pouvait pas se concentrer sur les ventes. Peut-être, mais le président olympien lui-même a reconnu qu’il fallait céder des joueurs lors du mercato estival 2021 alors que c’est le coach marseillais qui en préambule du mercato hivernal 2022 a prévenu qu’il allait falloir dégraisser pour faire venir des éléments plus adaptés à son style de jeu.

 

 

Ok, ok, mais les autres clubs ne font peut-être pas mieux ? Et bien justement, si.
Sur les trois derniers marchés, l’Olympique de Marseille a vendu pour environ 30M€ (16M€/Sanson, 10M€/Sarr, 2M€/Lopez, 1,5M€/Sakai) quand dans le même temps Lyon et Rennes ont tous les deux engrangé une somme entre 95 et 100M€ de ventes de joueurs. Lille dépasse (théoriquement), sur la période, les 100M€ mais c’est le LOSC avec tout ce que ça sous-entend niveau comptabilité. Même Nice en pleine construction et Monaco dans une période calme au niveau mercato ont des chiffres de vente plus importants (approchant tous les deux les 45M€) que ceux de l’OM.

 

D’où vient donc le problème du club marseillais pour faire partir ses joueurs ?

 

 

Pas de formules miracles juste des évidences…

 

 

Quels sont les plus gros transferts marseillais depuis deux ans ? Morgan Sanson, Bouna Sarr, Maxime Lopez. Avant ça ? André-Frank Zambo-Anguissa et Lucas Ocampos. Leurs âges respectifs à l’époque de leur signature ailleurs ? 26 ans, 28 ans, 22 ans et pour Zambo et Ocampos, 22 et 25.

Quelques unes des plus grosses indemnités de transferts reçues par Lyon et Rennes sur les trois derniers marchés ? 15M€ pour Maxwel Cornet, 17,5M€ pour Joachim Andersen, 18,6M€ pour Bertrand Traoré, 12M€ pour Martin Terrier à Lyon, 31M€ pour Eduardo Camavinga et 18,5M€ pour Raphina, côté Rennes. Âge au moment du départ ? 24, 25, 24, 23, 18 et 23.

 

 

Il y a indéniablement une prime à la jeunesse et comme nous le dit Olivier Gotteland, agent français basé en Amérique du Sud, ça n’a rien de surprenant : « La Ligue 1 est un championnat où les grosses équipes européennes vont venir piocher. C’est un championnat d’un bon niveau qui bénéficie en plus de ça de la formation française. Puis il y a une vérité que tout le monde connaît qui est celle qui veut que les joueurs les plus bankable sur le marché des transferts sont ceux dans une tranche d’âge entre 20 et 25 ans. Ça, c’est une évidence. »

 

 

Si cela peut expliquer le manque d’attractivité des Strootman et Benedetto, cela n’éclaire en rien les multiples départs souhaités mais avortés d’un Morgan Sanson ou d’un Duje Caleta-Car.
Olivier Gotteland avance l’hypothèse positiviste du plan de carrière : « Ce n’est qu’une supposition mais j’ai noté que par exemple beaucoup de joueurs étrangers qui viennent en prêt à l’OM veulent derrière y rester. Ils font tout pour y rester, c’est un point positif. Le club attire même des joueurs du championnat italien ou espagnol. Il y a la passion, la ville, mais aussi le fait qu’il vaut mieux jouer le haut de tableau en Ligue 1 que la relégation en Premier League ou en Liga. » Et il est vrai que par exemple un Sanson, en son temps, et « DCC », actuellement, n’ont jamais fait montre d’un empressement délirant lorsqu’il fallait répondre favorablement à des écuries de seconde zone dans le championnat anglais. Mais peuvent-ils viser plus haut que l’OM ? Marseille ne serait-il pas une forme d’aboutissement en carrière pour la majorité des joueurs signés depuis dix ans et plus ?

 

 

En reprenant la liste plus haut des grosses ventes réalisées par Lyon et Rennes ces trois derniers mercato, impossible de ne pas souligner que pour un Édouard Mendy à Chelsea et un Edouardo Camavinga au Real, il y a une flopée de départs direction Burnley, Crystal Palace, Aston Villa, Leeds… Et quand on est à l’OM, avec un bon salaire et du temps devant soi, Burnley forcément…

 

 

 

Car il y a l’âge, le plan de carrière mais aussi les salaires ! À l’Olympique de Marseille, la barre des 200 000 euros mensuels bruts est fréquemment passée, même par des jeunes joueurs qui deviennent vite invendables après leur première prolongation olympienne. À ce niveau de rémunération, le marché devient vite très fermée même si vous sortez d’une saison honorable. À plus de 200 000 euros, il y a donc la Premier League, marché saturé, quelques tops clubs en Allemagne, Espagne et Italie, mais qui demandent un très haut niveau de performance, et des pistes exotiques.

Un club de Bundesliga comme Leipzig, capables de lâcher des 15M€ pour Mohamed Simakan ou Benjamin Henrichs, ne va pas en plus de ça surenchérir au dessus des 200 000 euros pour le salaire. Non seulement, il faut être bon, jeune, repéré par ces clubs et en plus de ça, la rémunération n’explosera pas. Au mieux, elle stagnera.

 

 

Quant aux clubs de Ligue 1 potentiellement intéressés pour relancer les joueurs marseillais en situation d’échec, 200 000 euros mensuels est un horizon incroyablement éloigné de leurs réalités. Selon les estimations de L’Équipe, l’an dernier, le plus gros salaire montpellierain était celui de Delort à 120k/mois, pour Strasbourg, on ne dépassait pas les 100k/mois mensuels et même des clubs comme Rennes ou Nice n’avaient que quatre ou cinq joueurs aux alentours des 200 000 euros. Une éventuelle signature définitive de Jordan Amavi à Nice à l’été prochain est donc, de base, mal embarquée. Soit le latéral gauche casse tout et justifie le fait que les dirigeants azuréens lui offrent le plus gros salaire du club, ou pas loin, soit il consent à diviser ses émoluments par deux pour rentrer dans le moule financier niçois.

 

 

La grille salariale de l’OM est hors-sol en Ligue 1. Au niveau européen, il existe un bon paquet de clubs prêts à faire le genre d’efforts salariaux que le club marseillais fait… mais pas beaucoup plus ! Ou alors pour des cracks, des tauliers dans leur effectif. Ou alors parce que c’est Burnley ou un autre club de Premier League prêt à tout pour sauver sa peau.

 

Et malgré tous les Burnley de ce monde, notons tout de même qu’à l’exception notable de Morgan Sanson (heureusement qu’Aston Villa était là), les salaires de Bouna Sarr, Maxime Lopez, Lucas Ocampos et André-Frank Zambo-Anguissa étaient tous largement sous les 200 000 euros par mois au moment où ils ont quitté l’OM. Tout sauf un hasard.

 

 

 

Sans réinventer la roue, il est très facile d’établir un portrait robot du joueur attractif sur le marché.
Ce joueur est âgé entre 18 et 26 ans, a montré de belles choses, même par intermittence, et bénéficie d’une situation salariale raisonnable sous les 200 000 euros brut mensuel.

Un profil finalement rare à l’OM mais pas totalement absents : Bamba Dieng, Konrad de La Fuente, Luis Henrique, Pape Gueye, Leonardo Balerdi… Reste à les faire jouer mais surtout briller. Un tout autre problème.

 

 

Mourad Aerts

 

 

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