Avec cette défaite hier soir face à Liberec (0-1), l’OM vient d’enchaîner 4 matchs sans victoire (2 nuls, 2 défaites). Relégué à la 15e place du classement de Ligue 1, à 12 points du PSG et à 7 points du podium à deux jours du déplacement au Parc, le club phocéen a complètement raté son début de saison.
Comment construire un collectif sans objectif commun?
Evidemment, la gestion estivale du mercato ajouté au départ de Bielsa explique en grande partie cet échec. On ne construit pas une équipe en empilant autant de nouveaux joueurs. Cela prend forcément du temps. Mais dans n’importe quelle sport collectif, on ne peut également pas construire une équipe sans objectif. Un objectif commun permettant de souder un groupe, de créer une cohésion et un esprit d’équipe pour l’amener à se surpasser tous ensemble.
L’arrivée des Qataris au PSG a ainsi fait beaucoup plus de mal au club phocéen qu’on ne le croit. Face à la puissance financière du club francilien, les dirigeants marseillais ont immédiatement abandonné toute ambition sportive. Le titre de champion est donc réservé au PSG, que l’OM n’affronte jusqu’à preuve du contraire que deux fois par an. La saison dernière a pourtant prouvé le contraire. Encore faut il s’en donner les moyens en bonifiant son effectif de saison en saison.
Un objectif économique clair?
Qui peut aujourd’hui dire quel est le véritable objectif sportif de l’OM ? « On ne sera pas loin du podium », expliquait récemment Michel. L’OM doit viser chaque saison le « haut du tableau », nous expliquent les dirigeants olympiens pour qui la gestion financière du club à très court terme est devenu la principale préoccupation. « Le trading de joueur, ça s’appelle le football moderne », développait dans les colonnes de l’Equipe Vincent Labrune. Le nouveau business plan du président de l’OM tient en effet parfaitement la route dans une logique purement économique. Pour équilibrer ses comptes sans la manne financière de la ligue des Champions, il faut donc acheter pas cher, et vendre en réalisant une plus-value à très court terme.
Mais comment convaincre des joueurs de venir dans un club qui n’a plus la moindre ambition sportive ? Le président de l’OM l’explique également de manière limpide pour la génération « Dortmund »: « Pour ces joueurs-là, l’OM n’était qu’un tremplin dans leur plan de carrière. C’est ce que je leur ai vendu quand je les ai recrutés en 2013. Eux viennent se faire un nom pour partir à l’étranger où un club doublera, triplera leur salaire. Nous, on encaisse une forte plus-value. »
Ce raisonnement vaut aussi bien pour des joueurs comme Lassana Diarra venu se relancer à l’OM avant de rejoindre très certainement un grand club européen la saison prochaine. Lucas Silva n’a pour sa part jamais caché que sa pige à l’OM devait uniquement lui permettre de s’acclimater au football Européen. Idem pour Manquillo venu s’aguerrir pour mieux s’imposer à l’Atlético l’an prochain.
Seulement des objectifs individuels
Si l’OM n’a donc plus vraiment d’objectif sportif, chaque joueur semble avoir un objectif individuel clairement défini: Se relancer, décrocher un gros contrat, atterrir dans un grand club… Pour les atteindre, la tentation de jouer la carte individuelle est donc forte.
Au PSG les joueurs ont un seul objectif, remporter la C1. En signant à Paris ils savent donc savent exactement quelle est leur mission commune. Le groupe parisien s’est soudé au tour celle-ci. Dans les années Tapie, Marseille avait exactement ce même but pour créer l’équipe de guerriers que l’on connait. Plus récemment, lorsque Didier Deschamps est devenu l’entraineur de l’OM, il n’avait qu’un seul objectif: être champion. Les regards des Heinze, Diawarra, Mbia, Niang et Lucho lorsqu’ils entraient sur le terrain en disaient long sur leur motivation. Tous n’étaient venus que pour une seule et unique chose: Remporter des titres avec l’OM. La saison dernière, Marcelo Bielsa était là pour créer un collectif fort avec une véritable identité de jeu et restructurer en profondeur le club. El Loco avait aussi l’objectif de finir sur le podium.
Michel a ainsi la lourde de tâche de reconstruire un collectif en repartant de zéro avec un groupe de joueurs bien plus focalisés sur leur rendement individuel que sur un but commun à atteindre. Autant dire que sa mission s’annonce particulièrement compliquée. Mais le plus dure, c’est que même s’il y parvient, il risque de devoir tout recommencer dans un an…