Afin de ne rentrer dans le jeu du lynchage médiatique de Marcelo Bielsa, FCM a décidé de s’intéresser au fameux projet « Dortmund » lancé il y a bientôt deux ans par Vincent Labrune. Ce dernier avait misé gros sur plusieurs jeunes espoirs français lors du mercato estival 2013. Après presque deux saisons, le bilan est forcément négatif. Acheté à prix d’or, ces joueurs sont aujourd’hui très loin des attentes placées en eux.
Après Florian Thauvin (voir ici), le second à passer sur le grill est Giannelli Imbula. Le jeune milieu de terrain a pourtant réalisé une seconde saison de meilleur facture que la première avec encore top d’irrégularité dans ses performances. Depuis la défaite face au PSG, il est retombé dans les travers de sa première année, entre individualisme et passivité.
Afin d’en savoir plus Football Club de Marseille a contacté Claude Michel, surnommé Coco, ancien capitaine courage d’En Avant de Guingamp, aujourd’hui entraîneur de la CFA 2. Il a très bien connu Giannelli lors de sa formation en Bretagne, il évoque pour nous le parcours du jeune espoir olympien, sa progression, ses qualités, ses défauts, son caractère et sa saison sous les ordres de Marcelo Bielsa. Interview :
« Un début difficile lié au montant de son transfert »
FCM – Quelle est votre analyse du parcours de Giannelli Imbula et dans quels domaines a-t-il progressé ?
Claude Michel : « Il a eu un début difficile à l’OM, ce n’est jamais facile de jouer à Marseille. C’est souvent noir ou blanc, surtout pour un jeune joueur. Pour rappel, Didier Drogba avait choisi l’OM plutôt que Lyon, à Marseille si tu flambes tu es monté sur un piédestal, si tu es moins bon ça peut être très difficile mentalement. Giannelli a déjà eu du mal à digérer son arrivée. A 20 ans ce n’est pas évident d’avoir les capacités mentales pour tout de suite bien jouer. On lui a demandé énormément, il a bien démarré et il a eu un coup de moins bien, il s’est fait critiquer dans la presse. C’était lié au montant de son transfert, on attendait tout de suite de lui qu’il soit performant pendant 6 mois. »
« Imbula en garde toujours sous le pied »
FCM – Cette saison, Imbula n’a quasiment pas de concurrence à son poste, est-ce que ce n’est pas lui mettre trop de pression, lui donner trop de responsabilités?
C.M. : « Giannelli n’est pas touché par la concurrence. Il a énormément de potentiel, il est costaud mentalement, car il connait bien ses capacités. Il en garde toujours sous le pied. A Marseille il faut savoir gérer la concurrence même si cette saison il n’en a pas. Il a répondu présent, Bielsa l’a titularisé cette saison car ses performances étaient bonnes.
FCM – Imbula est souvent esseulé au milieu de terrain depuis plusieurs matchs, est-ce la faute du système ou plutôt d’un collectif moins performant ?
C.M. : « L’effectif de l’OM est jeune, cela manque de maturité. Ce système demande de la discipline et de l’énergie. Ils sont dans une mauvaise passe. Les adversaires se sont adaptés. Giannelli fait encore de bonnes performances, il est un peu plus seul à la récupération. Ce n’est pas évident. »
« La récupération, ce n’est pas son point fort »
FCM – Imbula est plus un milieu relayeur d’un défensif…
C.M. : « Ce n’est pas un joueurs de de récupération, quand l’équipe a le ballon, il est surtout capable de casser les lignes, soit par la passe soit par la course. La récupération, ce n’est pas son point fort.»
FCM – Quelles sont ses principales qualités et défauts ?
C.M. : « En ce qui concerne ses qualités : il a un très bon impact sur le jeu, il peut prendre le jeu à son compte, il a une belle qualité de passe, il n’est pas embêté avec le ballon quand il est sous pression, il a une grosse frappe de balle, il a une belle vision du jeu. Coté défauts, c’est sa capacité à être constant dans un match et à alterner récupération et le jeu avec ballon. Il peut être agressif à la récupération, mais il n’aime pas trop faire ça. »
FCM – Imbula est timide, mais cela est parfois ressenti comme une attitude hautaine, quel est son caractère ?
C.M. : « Quand il est en confiance avec ses copains il est plutôt joviale. Mais à l’inverse, il a ce côté renfermé. J’ai mis beaucoup de temps à casser sa carapace, il est à fleur de peau, il se protège avec cette carapace. C’est quelqu’un de très sensible. Il a de fortes réactions, car il garde beaucoup sur lui, parfois ça explose. Il n’a pas envie de s’exposer avec des gens qu’il ne connait pas, ou se mettre en porte-à-faux dans des interviews. Cela m’a pris du temps avant de pouvoir échanger avec lui. De l’extérieur on peut croire qu’il est hautain, il ne le fait pas exprès, il était déjà comme ça à Guingamp. On a l’impression qu’il est un peu dans ses pensées, il met du temps à s’échauffer à rentrer dans son match. Il doit trouver ses marques et analyser l’adversaire, après il finit très fort. Ça reste un jeune joueur. Pour passer de Guingamp à Marseille il faut de l’expérience. »
FCM – La politique sportive de l’OM de miser sur autant de jeunes dans un club avec autant de pression, n’est-elle pas dangereuse à moyen terme avec les départs des cadres ?
C.M. : « Les problèmes de l’OM sont liés à la jeunesse et au manque d’expérience, surtout dans un club comme Marseille qui est très attendu avec un gros engouement derrière. Je m’occupe de la CFA de l’EAG, avec les jeunes quand ça roule c’est bien, dès qu’il y a un grain de sable dans la mécanique, ils n’ont pas les moyens pour y répondre. Ces moyens là c’est l’expérience. »