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L1

« On fermait les yeux, on savait où on était »

Par Nicolas Filhol - Mis à jour le - Publié le
Robert MALM - 25.04.2014 - Lens / Nancy - 34eme journee de Ligue 2 Photo : Dave Winter / Icon Sport

Ce dimanche l’OM reçoit Lorient en match décalé de la 10e journée de Ligue 1 (Match retransmis à 14h sur beIN Sports 1). L’ancien attaquant du club lorientais, et actuel consultant sur BeIN Sport, Robert Malm évoque pour Football Club de Marseille cette rencontre. Il nous livre également son regard aiguisé sur le football d’aujourd’hui. Entretien.

 

 

 

FCM – Vous avez joué deux saisons au FCL en ligue 2, quel regard portez-vous sur l’évolution du club ?

 

Robert Malm: « L’évolution est gigantesque. Des infrastructures du stade au centre d’entrainement, cela n’a rien à voir. Le centre d’entrainement est flambant neuf ce qui permet à toutes les équipes du FCL de travailler dans de très bonnes conditions, et je pense particulièrement au centre de formation et aux U17 qui sont champions France en titre ».

 

 

 

FCM – Quelles sont les nuances entre le Lorient de Gourcuff et celui de Ripoll ?

 

Robert Malm: « Christian Gourcuff est quelqu’un qui aimait trouver des combinaisons de passes avec une possession importante, il tient à son 4-4-2. La première année où j’y étais, chacun était à son poste et savait ce qu’il fallait faire avec ou sans le ballon. C’est surement la plus belle saison dans ma carrière de footballeur en termes de jeu. Il y a des moments ou cela devenait presque insolent. Toutes proportions gardées, s’il fallait faire une comparaison on pourrait faire référence au Barça dans le sens où chacun savait ce qu’il avait à faire. On fermait les yeux, on savait où on était. Quand cette machine-là était huilée avec tous les joueurs à leur poste, je me souviens d’un 5-2 face à Martigues ou on menait 4-0 en 35 minutes de jeu. J’avais l’impression de jouer à la Playstation. En plus, on n’avait pas des boites à la place des pieds donc ça facilitait le jeu.

Je ne dis pas que cela ne se fait pas avec Silvain Ripoll, je pense qu’il a pris des choses que faisait Christian. Ce qui a nuancé c’est qu’il a osé changer de système avec un 4-1-4-1. Il a joué comme cela face à l’OM lors de la victoire au Vélodrome la saison dernière (3-5). Cela correspondait à la meilleure phase du FCL. Ce système à permis à Lorient de mieux développer son jeu, il a surement les joueurs qu’il faut pour développer le jeu qu’il a appris avec Gourcuff, car Sylvain Ripoll c’était mon capitaine à l’époque, donc il connait la méthode. Pour moi les nuances sont très faibles, mais Sylvain a quand même mis sa patte. Parfois Lorient va plus rapidement chercher la passe vers l’attaquant alors qu’avec Christian il y avait des schémas avec des attaques placées avec l’idée d’user l’adversaire en étant des morts de faim en exerçant un gros pressing à la perte du ballon. Avec Sylvain il y a peut-être un frein en plaçant d’abord le bloc.»

 

 

FCM – C’est le Luis Enrique du FC Lorient…

 

Robert Malm: « Oui c’est bien vu. Si on fait la comparaison, Luis Enrique a grandi avec le Barça et a vu la méthode, mais en étant plus direct. »

 

 

 

FCM – Comment voyez-vous ce match OM-Lorient?

 

Robert Malm: « J’ai toujours eu l’impression que Lorient aimait bien jouer chez les gros. Je me souviens d’une victoire au Parc face au PSG, ils sont capables de bousculer l’OM. Des fois j’ai du mal à me situer avec cette équipe de l’OM. Ils sont capables du meilleur comme du pire. Quand on voit le match face à Paris, on se dit que l’OM n’est pas à sa place au classement, mais quand on prend d’autres matches, ce n’est pas possible. Quand l’OM a gagné 6-0 face à Troyes, je me suis dit la saison est lancée. Mais cette équipe est sur courant alternatif, pourtant l’effectif est bon. Si j’avais un tel effectif je ferais en sorte qu’ils montent aux arbres. Je pense que les supporters préfèrent voir une équipe qui joue, pas un coup oui et un coup non. Pourtant dans cet effectif il y a des Diarra, Mandanda… Je me pose pourtant des questions sur certains joueurs et certains choix. Je ne comprends pas pourquoi ils ont laissé partir Doria par exemple. »

 

 

 

FCM – Pourquoi ?

 

Robert Malm: « Doria c’est un joueur que j’avais vu jouer avec le Brésil lors du tournoi de Toulon. Je m’étais dit que ça serait un bon joueur dans un effectif de L1. Quand il est arrivé à Marseille, je pensais que l’OM avait fait un super recrutement mais il n’a pas joué une seconde. Je trouve ça dommage, j’estime qu’il aurait pu se fondre dans le collectif marseillais. Mais chacun voit midi à sa porte, Michel n’en a pas voulu non plus. C’est ça qui est étonnant. Deux entraîneurs sont passés, les deux n’ont pas voulu le faire jouer, c’est qu’il doit avoir une raison. Si c’est un problème d’expérience pour Michel, je pense que c’est le plus expérimenté des jeunes qu’ils ont laissé partir. Pour moi de ce que j’ai vu de Doria, sincèrement avec Marquinhos, c’était impressionnant. Il faut modérer tout ça car ça reste de jeunes joueurs, mais il y a des qualités. Il n’a rien à envier à Marquinhos pour moi sur le tournoi que j’ai vu. Il a des qualités mais je ne sais pas s’il peut s’imposer en Europe. Il joue un petit peu en Espagne, on verra… »

 

 

 

De quels joueurs de Lorient dont l’OM va devoir se méfier ?

 

Robert Malm: « Jouffre est pour moi le maître à jouer, s’il est à son niveau c’est un joueur très intéressant. Je pense aussi aux deux attaquants Moukandjo et Waris. Ce sont deux joueurs capables de faire mal à n’importe quelle défense. Il faudra s’en méfier. »

 

 

 

FCM – L’effectif de l’OM est-il équilibré selon-vous?

 

Robert Malm: « Pas complètement. Il manque quelqu’un devant pour épauler Michy. Il faudrait avoir deux joueurs du même niveau comme la saison dernière. Car avec la Ligue Europa, la coupe de France, la coupe de la Ligue, et le championnat, je pense que Batshuayi ne pourra pas être performant dans toutes les compétitions. Avoir un attaquant supplémentaire comme un Gignac c’est important. Alessandrini se révèle et je pense que Thauvin n’a pas été remplacé numériquement. Il est pétri de qualités, mais il n’a pas réussi à les exprimer, c’est dommage. L’effectif n’est pas très bien équilibré aussi bien sur le plan de la qualité que de la quantité. Michel a estimé que l’effectif était trop jeune. La saison dernière beaucoup de joueurs se sont révélés, beaucoup sont partis. Tout n’est pas homogène dans cet effectif, Mandanda, N’Koulou et Diarra sont nettement au-dessus des autres. Malheureusement, il y a le bas de la colonne vertébrale, mais on n’a pas le haut. Il manque un attaquant d’expérience. Même si Michy est un bel attaquant. »

 

 

 

L’OM a tenté de recruter Lamela dans les dernières heures du mercato, ne manque-t-il pas un ailier gauche ?

 

Robert Malm: « Je pense qu’effectivement il manque un ailier. Si Alessandrini est moins bien, Cabella est plutôt un électron libre dans un 4-4-2 en losange. Il a besoin de liberté, on ne peut pas le laisser sur un côté. Il a été très bon à Paris. Il manque un milieu offensif capable de jouer sur un côté ainsi qu’un attaquant. Il y a de la qualité, ils l’ont montré face au PSG. Il faut confirmer face à d’autres équipes. Il faut maintenir de l’intensité face à des équipes comme Lorient ou Nantes, c’est ce qu’il y a de plus dur.  Ils ont besoin d ‘une série pour se sortir d’un classement qui ne correspond pas à leur réel niveau. L’équipe est plus sur courant alternatif… »

 

 

 

Robert MALM - 20.12.2013 - Caen / Brest - 18eme journee de Ligue 2 Photo : Dave Winter / Icon Sport

 

FCM – Dimitri Payet est revenu dans la presse sur la fameuse mentalité des joueurs français évoquée par Michel, qu’en pensez-vous ?

 

Robert Malm: « Il y a du vrai là-dedans. On pointe du doigt un problème que l’on camoufle plus ou moins en France. Je pense que le joueur français s’écoute un peu trop. Quand il va à l’étranger il se met au diapason, il travaille, il dit que le rythme est plus intense, que l’on n’a pas le temps de calculer, de gérer. Pourquoi on n’est pas capable de faire ça en France ? Avant on disait que l’on travaillait plus dur dans les centres de formation que chez les pros. On avait une grosse charge de travail, par exemple je devais me débrouiller pour laver mes équipements. Les garçons sont trop choyés, trop couvés. Aujourd’hui, les jeunes quand ils arrivent tout est prêt. Ils ont leurs maillots, chaussettes et shorts, ils n’ont plus qu’à sauter dedans et aller s’entrainer et après on leur relave tout. Ils ont le préparateur physique et le diététicien, ils ont tout pour réussir mais on ne leur donne pas cette soif d’apprendre et cette envie de se faire mal pour aller au-dessus. Je comprends ce qu’ils veulent dire, il y a certaines choses où l’on veille à ne pas trop faire travailler le joueur, on dose trop. Michel dit ça des joueurs français, quand on voit les comportements on peut se poser la question. »

 

 

 

FCM – Pourtant l’effectif de l’OM compte moins de joueurs français que la saison dernière…

Robert Malm: « Il y en a moins, mais vous savez quand vous vivez en France depuis un certain temps… Bielsa faisait bosser ses joueurs la saison dernière, ils disaient c’est un truc de fou, on bosse, on bosse, on regarde la vidéo. Au départ c’était sympa, mais après ils ont commencé à se plaindre et ils ont baissé le pied. On a vu le résultat après. En début de saison c’était des avions, la qualité de jeu était incroyable. Il faut prendre ce qu’a fait Bielsa dans la méthode et le jeu. »

 

 

 

FCM – Mais Marcelo Bielsa a justement été critiqué pour son exigence…

 

Robert Malm: « C’est ça qui est énervant. On me demande parfois si je n’ai pas oublié que j’ai été joueur, mais je n’étais pas comme ça. Quand un coach me demandait de faire 50m de plus, je faisais 50m de plus sans rechigner, s’il fallait le faire 3 fois, je le faisais trois fois. Aujourd’hui on trouve encore des excuses aux joueurs. Bielsa quand il fait une équipe c’est pour gagner, ce n’est pas pour perdre. Des fois le schéma était particulier, mais s’il l’a fait c’est en connaissance de cause. Je n’ai jamais vu un coach faire une équipe pour ne pas gagner. Ce sont les joueurs qui font le résultat. Il faut que les joueurs se « lèvent le cul » et qu’ils fassent ce qu’il faut. »

 

 

 

Le jeu offensif prôné par Bielsa

 

 

 

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