Pilier du Marseille Champions Podcast, Yannis publiera désormais, à l’envie, à l’inspiration, ses billets sur l’OM sur Football Club de Marseille…
« De me convaincre aussi que Marseille est un destin. Le mien. Celui de tous ceux qui y habitent, qui n’en partent plus. »
Sans doute Dimitri Payet s’est-il remémoré ces mots du romancier marseillais Jean-Claude Izzo au moment de pénétrer dans le bureau de Jacques-Henri Eyraud il y a quelques mois. À sa demande, le maître à jouer réunionnais est alors devenu « marseillais à vie », lissant ses émoluments et déclenchant au passage un story-telling passionné dont seul son président a le secret.
Faire d’un joueur aussi irrégulier la figure de proue du projet fut sans doute le péché originel des dirigeants marseillais mais on ne réécrira pas l’histoire. Depuis cette énième opération de communication, symbole de l’OM de Franck Mc Court, le meneur de jeu olympien enchaîne bien malgré lui les prestations assez insignifiantes.
Branché sur courant alternatif depuis le début de sa carrière, c’était hautement prévisible tant il fut prépondérant dans les résultats de l’équipe lors de l’exercice précédent.
Hors de forme, tantôt nonchalant, tantôt suffisant, mais pourtant tellement talentueux et efficace quand il puise en lui l’envie de gagner, Dimitri Payet est simplement à l’image de cet OM incapable d’enchaîner deux saisons du même acabit. Plus inquiétant encore, la légendaire irrégularité de l’ancien joueur de West Ham semble déteindre sur tout le vestiaire.
Cet OM manque d’ambition.
Certes, les limites qualitatives de l’effectif sont depuis longtemps identifiées et les finances ont seulement permis d’étoffer un peu quantitativement le groupe, mais sans pour autant lui permettre de franchir un palier. Car quand on réintègre le gratin européen après sept ans d’absence, on doit se donner les moyens d’y faire plus que de la figuration. Si André Villas-Boas garde une belle cote de sympathie auprès des amoureux et des observateurs du club phocéen, sa communication, parfaite jusqu’alors, est de plus en plus maladroite et difficile à décrypter. On le sent agacé, acculé. Mais dans un club aussi médiatisé que l’OM, où tout est scruté, débattu et savamment décortiqué, les critiques font partie du job et il faut savoir s’en accommoder.
Outre le coach, beaucoup de joueurs cadres de l’équipe déçoivent en ce début de saison, voire ne répondent plus. Moins d’efforts, moins d’envie, moins de prises de risques. Bouba Kamara, Hiroki Sakai, Morgan Sanson, Florian Thauvin … tous ou presque semblent avoir du mal à quitter leur zone de confort et repartir au combat dans cette saison ô combien importante pour l’avenir et la progression sportive du club. À Marseille la vérité du jour n’est jamais celle du lendemain.
Survivre à l’atmosphère suffocante de cette ville exige une remise en question permanente.
Et l’OM en est le reflet.
« À Marseille, il y a une chose qui prime : il faut mouiller le maillot. Si tu le fais, on te pardonne beaucoup plus de choses. Moi dès le départ, je me battais sur tous les ballons, je taclais. Et ça m’a aidé. » Jean-Pierre Papin
« Porter ce maillot est une chance. Lui faire honneur un devoir » pouvait-on lire autrefois en haut du Virage Nord sur des banderoles déployées par les Fanatics. Cela paraît tellement lointain. Presque irréel. L’absence du fiévreux public marseillais semble aujourd’hui préjudiciable à tout le monde. Rien de plus normal tant l’indéfectible amour des supporters constitue l’ADN même du club aux cent vingt ans d’existence. Sans le soutien du public, mais aussi la grogne de celui-ci quand l’absence de résultats ou de fond de jeu se fait sentir, le club phocéen donne aujourd’hui l’impression d’évoluer dans une bulle. Muet depuis de longs mois, Dario Benedetto ne souffre t-il pas de l’absence de l’énergie galvanisante transmise par le public marseillais ? Peut-on imaginer André Villas-Boas déclarer que la victoire à Lorient constitue une performance exceptionnelle au nez et à la barbe d’un parcage de supporters s’étant avalé plusieurs centaines de kilomètres pour assister à ce piètre spectacle ?
De ces prestations indignes du maillot blanc et de cette communication surréaliste transpire un manque de pression populaire flagrant qui était jusqu’alors l’apanage d’un club comme l’OM. Le club phocéen tout entier semble aujourd’hui être devenu le digne reflet de son meneur de jeu réunionnais. Un grand potentiel gâché par une suffisance latente.
Bien heureusement, l’intelligence de Michael Cuisance face à Bordeaux, l’envie, la fraîcheur de Pape Gueye sur la pelouse de l’Olympiakos et la hargne de Leonardo Balerdi face à Lorient tranchent avec ce criant manque d’ambition. Dans son discours du 12 Mars 1965, le célèbre révolutionnaire argentin Ernesto Che Guevara déclara : « L’argile fondamentale de notre œuvre est la jeunesse. Nous y déposons tous nos espoirs et nous la préparons à prendre le drapeau de nos mains ». Il paraît grand temps de s’en inspirer.
Yannis
@B_Yannis_