On entend un peu tout et n’importe quoi sur le passage du (probable) nouveau propriétaire de l’OM aux Dodgers de Los Angeles. Il existe pourtant un ouvrage de référence sur la fin de l’ère McCourt à LA. Il s’agit d’un livre auréolé du prix de best-seller du New York Times et appelé « The Best Team Money Can Buy » signé par la journaliste Molly Knight qui suivait les Dodgers pour ESPN à l’époque des faits.
FCM vous offre la traduction des quelques passages résumant l’ère McCourt aux Dodgers.
L’occasion de voir qu’il est loin d’avoir laissé un souvenir impérissable dans l’un des plus grands clubs de baseball du monde tout en gardant à l’esprit que le McCourt qui débarque à l’OM n’a plus grand chose à voir (financièrement et humainement) avec le gestionnaire désastreux de l’époque. Mais nous y reviendrons demain plus en détails. Place aux extraits.
« Durant les huit années de règne de McCourt aux Dodgers, le club gagna trois fois la National League West division et réussi à se qualifier pour la NLCS, deux fois. McCourt s’est accroché à ses statistiques alors qu’il était poussé hors du club pour l’avoir poussé à la banqueroute. Il a même envoyé aux employés du club une horloge en cristal avec la liste de ses réussites comme cadeau de vacances, un mois après que le commisaire de la ligue de baseball l’avait démis en raison de ses négligences. (« Le plus fort dans cette histoire, c’est que le cadeau est arrivé un jour après Noël » nous lâche un dirigeant. « De toute évidence, Frank bénéficiait d’un tarif préférentiel d’UPS pour effectuer la livraison le 26. »)
Même s’il aime se les accaparer, les succès des Dodgers pendant l’ère McCourt était surtout dû à la vitalité des drafts du club avant qu’il en prenne la possession et au fait d’avoir su profiter du mécontentement de la superstar de Boston, Manny Ramirez pour le récupérer gratuitement pendant les playoffs de 2008.
Pendant que les jeunes joueurs pas chers produits localement comme Matt Kemp, James Loney et Russell Martin stabilisaient l’équipe quotidiennement, McCourt coupa les financements des scouts en Amérique Latine. Étouffant ainsi l’un des réseaux de développement international les plus performants du baseball.
C’était spécialement ennuyeux car les Dodgers furent parmi les pionniers du recrutement de joueurs talentueux hors des frontières américaines, du mexicain Fernando Valenzuela au japonnais Hideo Nomo en passant par le sud-coréen Chan Ho Park.
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Durant l’époque McCourt, les Dodgers furent deux fois à seulement trois petites victoires de la qualification pour les World Series. Mais lorsque le manager général du club, Ned Colletti, avait négocié les arrivées au club de top-joueurs comme Cliff Lee et C.C. Sabathia afin d’atteindre les sommets, McCourt clama le manque de moyens pour faire tombeau à l’eau les deux accords.
Les dirigeants avaient construit une équipe à qui elle ne manquait qu’une ou deux paires de bras pour installer une dynastie victorieuse, mais avec la fin groupée des contrats de ses jeunes joueurs, la fenêtre pour gagner le championnat se refermait rapidement. Le refus de McCourt de payer les pièces finales permettant d’accéder au succès porta un coup fatal à la franchise et ses fans.
Ce n’est pas non plus comme si les Dodgers manquaient d’argent. L’équipe évolue dans le second plus gros marché médiatique du pays et mena le classement des affluences au stade en National League pendant cinq des six premières années de McCourt en tant que propriétaire. Quand il récupéra le club, la franchise était la quatrième masse salariale de MLB avec 105M$. Malgré sa promesse de laisser le club dans le premier quart du classement des masses salariales, il réduit ses dépenses à 92M$. Il la coupa encore l’année suivante pour arriver à 83M$. Le baseball est avant tout un business. Personne ne s’attendait à voir McCourt ré-investir chaque centime en provenance de la billetterie et du merchandising pour ne rien empocher personnellement. Mais lorsqu’il témoigna lors du procès de son divorce, il admit que l’un des pivots de son business plan en tant que propriétaire de l’équipe était de réduire la masse salariale.
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Leur mariage se crasha au pire moment possible pour la franchise. Jamie (sa femme de l’époque) entama la procédure de divorce la veille du premier match des Dodgers face aux Phillies pour la NLCS 2009. Elle l’accusa publiquement de ce que beaucoup de critiques suspectaient, de défaut dans la gestion financière des Dodgers.
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Même si cela confirmait la fin de son règne en tant que propriétaire, se déclarer en banqueroute s’est avéré être un geste brillant de la part de McCourt. Quand une équipe de la MLB est vendue, le bureau du commissaire (de la MLB) est intégré au processus de choix du nouvel investisseur. Parce que la Ligue opère toujours d’une certaine manière comme une fraternité de vieux garçons, l’offre victorieuse n’est pas toujours la plus élevée.
La ligue favorise des candidats qu’elle croie capable de marcher droit, une volonté intensifiée par la fait que McCourt ne cessait de narguer Selig (commissaire de la MLB). Mais comme McCourt devait des centaines de millions de dollars à ces créditeurs, l’autorité de banqueroute interféra dans le processus typique de sélection de la MLB autorisant McCourt à récupérer le plus d’argent possible afin de payer ses dettes. »