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OM édito : Gagner l’éternité

Par Articles FCM - Mis à jour le - Publié le
Exclusive - Bernard Tapie is interviewed for BFMTV's broadcast 19H Ruth Elkrief hosted by journalist Ruth Elkrief, in Paris, France on January 10, 2019. Photo by Jerome Domine/ABACAPRESS.COM | 665572_005 Paris France Photo by Icon Sport

Pilier du Marseille Champions Podcast, Yannis publiera désormais, à l’envie, à l’inspiration, ses billets sur l’OM sur Football Club de Marseille…

 

 

Alors que la trêve internationale vient une nouvelle fois casser le rythme de la saison, tout Marseille est profondément triste. Triste de voir partir ceux qui en ont fait résonner le verbe et rayonner les couleurs. Triste aussi, car au souffle nouveau et galvanisant de l’été ont succédé les premiers accrocs de son OM en championnat et sur l’échiquier continental. Ce début d’automne draine ainsi son lot de doutes.

 

Mais qu’importe les résultats, le onze du sanguin Jorge Sampaoli sonne comme un reflet fidèle de l’identité marseillaise. C’est déjà une précieuse victoire dans cette saison en forme de rédemption. Ce déséquilibre permanent et assumé sur le terrain, cette anarchie tactique balance à la gueule du monde du football les valeurs de cette ville ancestrale, toujours grouillante et gorgée d’arrivants de tous horizons. Marseille ou la rage de vivre. Cette vaste jungle urbaine bordée de calanques paradisiaques ne sait exister que dans le vacarme et le bordel permanent. En témoigne la sulfureuse ferveur entourant son club de football.

 

Rage de vivre. « Le match, je le regarde dans les yeux des miens » disait Depé, décoré comme il se doit par Bernard Tapie au lendemain de la victoire en 1993. Patrice De Peretti. Le supporter ultime. L’âme de ces travées festives et colorées suintant l’amour du maillot blanc et soutenant tambour battant son équipe contre vents et marées. Et si l’OM a retrouvé des couleurs cette saison, il le doit en partie au retour de son public hors norme.

 

L’OM, le club qui rend fou. Bienheureux celui qui sait de quoi l’avenir sera fait. Avec ce club qui flirte constamment avec les limites de l’irrationnel, on ne sait jamais véritablement sur quel pied danser. La présidence de Pablo Longoria ressemble à une bourrasque de Mistral balayant soudainement vingt-cinq ans de troubles et de résultats en dents de scie. Mais saura t-elle inscrire cet OM au panthéon de la légende olympienne ?

 

À Marseille, rien ne dure véritablement. Mais tout se dessine par amour. Cette cité, contrairement à beaucoup d’autres, est fondée sur le mythe d’une histoire d’amour. Celle de Gyptis et Protis. Dans Le temps des secrets, Marcel Pagnol écrivait : « Il y avait donc un rapport entre l’amour et la folie. Mais était-ce l’amour qui rendait les gens fous, ou la folie qui exaltait leur amour ? ».

 

Le parallèle avec l’OM est saisissant. La façon dont le peuple olympien aime son club est du domaine de l’irrationnel. Un amour inconditionnel qui pousse parfois à l’excès et la folie et dont les cyprès de la Commanderie sont souvent les témoins comme en janvier dernier. Cet élan, mélange d’amour et de rébellion, paraît salvateur au regard de la situation de l’OM aujourd’hui. Ce club impacte l’existence comme nul autre. Bon nombre s’y sont cassé les dents, emportés par le flot des louanges que les succès engendrent et qui font perdre toute lucidité.

 

Quand on a le sang bleu et blanc, qu’on soit assis sur les marches du parvis de Vélodrome ou qu’on vive à des centaines de kilomètres de Marseille, on a donc tous aujourd’hui le cœur lourd, chargé de tristesse. Car il est toujours difficile de voir partir ses idoles, ses sources d’inspiration. Perdre ceux qui ont marqué votre enfance, votre adolescence, et qui ont fait grandir votre club jusqu’à donner un sens à votre vie. Bernard Tapie avait compris Marseille. Sa rage de vaincre communicative a offert à l’OM ses plus grands succès.

 

J’ai grandi avec l’OM des années Tapie. Un OM irrésistible, conquérant, auquel même le grand Milan d’Arrigo Sacchi, Baresi, Gullit et Van Basten, doubles champions d’Europe en titre, n’avaient pu résister. Naïf, je pensais alors que ce serait toujours ainsi. Que l’OM serait toujours en haut des classements. J’ai par la suite compris que l’OM était simplement le reflet de ma ville, sulfureux et imparfait. Mais aussi que mon amour pour ses couleurs allait bien au-delà du simple fait de le voir gagner. Que tout n’était en fait qu’une question de fierté et d’identité. Que la flamme serait éternelle. Et qu’il fallait simplement savoir s’en montrer digne. Joueurs, entraîneurs, dirigeants, et supporters. Car l’OM a déjà gagné. Grâce à l’insatiable et folle ambition d’un homme passionné et exigeant comme l’était Bernard Tapie, l’OM a su gagner l’éternité.

 

Charge désormais à Longoria et Sampaoli d’inscrire leurs hommes dans la légende. La route paraît longue …

 

Actibus Immensis ou rien.

 

Yannis

@B_Yannis

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