Marsactu a révélé cette semaine qu’AREMA et l’Olympique de Marseille s’étaient mis d’accord pour que le club devienne l’exploitant dès le 1er janvier. Une nouvelle positive pour le projet mais à quel prix ?
Obtenir l’exploitation du Vélodrome était l’une des priorités de la nouvelle équipe dirigeante de l’Olympique de Marseille afin d’accroitre les revenus du club. Cette nouvelle a légitimement été accueillie de manière très positive par les supporters marseillais.
Cependant une composante de la nouvelle équation qui se profile est trop souvent oubliée : les coûts supplémentaires que cela va engendrer ! Un point sur la situation avec les éléments actuels.
« Des charges importantes mais avec potentiellement aussi des revenus qui viennent en face »
Avant toute chose, pour contextualiser, voici un extrait de l’interview que nous avait accordée Christophe Lepetit, responsable des études économiques au Centre de Droit et d’Économie du Sport de Limoges.
« Alors certes ce serait des charges importantes mais avec potentiellement aussi des revenus qui viennent en face. C’est là qu’il faudrait faire une équation et savoir combien l’OM dans une situation comme celle-ci serait capable de générer comme revenus additionnels. Aulas parle souvent d’un stade qui lui générerait en vitesse de croisière 70 à 80M€ de chiffres d’affaires supplémentaires par an. Donc est-ce que Marseille aurait la capacité de générer autant ? Je ne sais pas, je ne pense pas. Mais si on a un coût de 20, 30M€/an et qu’en face vous avez des revenus de 30, 35, 40M€, in fine, l’impact net du nouveau stade, il reste positif. Alors qu’aujourd’hui l’impact net du Stade Vélodrome dans les comptes du club, s’il n’est pas négatif, reste très proche de zéro. »
C.Lepetit – Source : FCM
Quelles sont ces charges supplémentaires ?
Recettes Garanties à la ville : 13/14M€
L’accord entre AREMA et l’OM s’inscrira dans un cadre plus global, celui du PPP entre le BTPiste et la ville de Marseille. Il devra donc continuer à garantir « l’équilibre » du contrat. C’est à dire que les recettes garanties pour l’exploitation que la ville attendait chaque année d’AREMA seront désormais à la charge du club. Cela a été confirmé par Jacques-Henri Eyraud lorsque nous l’avions interrogé sur le sujet en juillet dernier.
« Il y a deux choses qui sont séparées. D’une part la relation avec la Mairie de Marseille à qui nous versons un loyer pour les 20/25 matches que nous organisons au Stade Vélodrome. Ce loyer a fait l’objet d’un accord l’été dernier. (…) Ensuite il y a l’exploitation du stade les autres jours de l’année que nous offre ce protocole d’accord que nous signons aujourd’hui. Ce que ça veut dire c’est que 100% du chiffre d’affaires qui sera généré par l’exploitation du Stade Vélodrome sera du chiffre d’affaires de l’Olympique de Marseille. À ce titre, évidemment nous allons payer à la société AREMA un montant au titre de l’exploitation qu’elle nous sous délègue, c’est tout à fait normal pour que l’équilibre financier du PPP soit maintenu. »
Jacques-Henri Eyraud – Source : FCM
Le BTPiste payait jusqu’ici « des recettes d’exploitation indexées, qui vont de 12,5M€ à 13/14M€ dans quelques années » comme nous l’avait confié Bruno Botella en Octobre 2017. Ces 13/14M€ seront désormais à la charge du club pour arriver finalement dans les caisses de la Ville après avoir transité par AREMA.
L’ancien schéma :
frais de personnel, organisation : encore INCONNU
Selon les informations de Marsactu, l’exploitation du stade sera affectée à une filiale du club. Une filiale du club dans laquelle devrait se trouver une large partie des employés d’AREMA. Puisque dès juillet dernier, les deux parties avaient assuré à la presse que « La S.A.S.P OM s’engage également à reprendre 100% des effectifs d’AREMA dédiés à l’exploitation commerciale. »
Organiser des évènements s’accompagne de tout un tas de dépenses supplémentaires (logistiques, artistes, etc).
À titre d’exemple, AREMA parvenait de manière assez serré à rester dans des déficits « raisonnables » (entre 1 et 2M€/an).
DÉDOMMAGEMENT AREMA : encore INCONNU
Il est fort probable qu’un dédommagement soit accordé à AREMA pour avoir fait l’effort de modifier un contrat courant jusqu’en 2045. Reste à connaître sa périodicité et surtout son montant.
Quelles sont les charges toujours présentes ?
LE LOYER à la ville : 6M€/an sans ligue des champions
Le nouvel accord entre la Ville et l’Olympique de Marseille court jusqu’en 2020. Même avec l’exploitation du stade à sa charge, le club continuera de payer un loyer à la mairie. Celui-ci est plafonné pour encore deux ans à 6M€/an sans qualification en Ligue des Champions (5M€ minimum). En cas de participation à la plus prestigieuse des compétitions européennes, le loyer augmentera. Une part du bénéfice fait à partir de 40M€ sur le chiffre d’affaires cumulé de la billetterie, des panneaux publicitaires et des “hospitalités” serait alors reversé à la ville.
Dans cette configuration-là, il est possible d’imaginer un loyer se rapprochant des 7,2M€ préconisés par la Cour des Comptes.
Sécurité, préparation stade : de 5M€ à 6M€/an
Les frais de type sécurité et préparation de l’enceinte avant les matches resteront à la charge du club. Avec un loyer entre 4 et 5M€ entre 2015 et 2017, l’OM avait un surplus de 6 et 5M€/an sur les deux derniers exercices.
Un coût minimum de 25M€ qui devrait forcément augmenter…
Entre les recettes garanties et le loyer à la Ville ainsi que les frais d’organisation autour des matches ce sont déjà 25M€ assurés que l’OM devra débourser avec l’exploitation du stade. Les nouveaux frais de personnel, d’organisation (évènementiel) ainsi que le dédommagement à AREMA devraient rapidement faire monter l’addition. Malheureusement, ces coûts supplémentaires restent relativement énigmatiques à l’heure actuelle.
Combien rapportait le stade Vélodrome à l’OM ?
Les chiffres présents dans les derniers comptes officiels publiés par l’OM faisaient état d’une somme finale avoisinant les 20M€ concernant la billetterie ainsi que les hospitalités. En 2017, le club avait encaissé 14,3M€ concernant la billetterie « pure » auxquels venaient s’ajouter 5,7M€ de « business seats » ou places de matches couplées à des prestations.
Une vingtaine de millions entraient donc dans le caisses du club avec le Stade Vélodrome. Bien sûr ces chiffres sont amenés à évoluer et s’enrichir des recettes provenant des évènements que l’OM va organiser toute l’année avec l’exploitation totale de l’enceinte. Une nouvelle gamme de produits (loges, places à prestations) autour des matches pourra également voir le jour.
Les équipes de Jacques-Henri Eyraud sont malgré tout en face d’un véritable défi. Un défi financier dans l’air du temps pour les clubs de football mais un défi tout de même.
Aulas l’exemple ?
L’excellent site Ecofoot détaillait récemment les recettes réalisées par le nouveau stade de Lyon. Jean-Michel Aulas aurait ainsi atteint 52,9M€ de bénéfices dont une large part dépend de « l’event » et est donc déconnecté des résultats sportifs de l’équipe.
Source : EcoFoot
Un chiffre largement supérieur à la petite vingtaine de millions engendrés jusqu’ici par l’OM dans son enceinte. En atteignant un tel chiffre, le scénario d’ « un stade pouvant financer l’achat d’un bon joueur par an » prendrait de l’épaisseur.
Les équipes de JHE peuvent-elles le faire sans dénaturer l’expérience marseillaise ? Réponse imminente…