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Exclu FCM – OM : Le processus de vente décrypté par un spécialiste

Par La Redaction FCM - Publié le - Mis à jour le

Vente OM : Gaudin veut avoir son mot à dire par FootballClubdeMarseille Exclu FCM – OM : Le processus de vente décrypté par un spécialiste
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Depuis l’officialisation de la mise en vente de l’Olympique de Marseille par Margarita Louis-Dreyfus, les supporters de l’OM attendent avec impatience de connaître le nom du futur repreneur. Alors que des tractations seraient actuellement en cours avec plusieurs potentiels investisseurs, il semble peu probable que la vente soit finalisée avant le début de la saison prochaine. C’est ce que nous confirme l’avocat d’affaires spécialisé dans le sport, Me Thierry Granturco. Mandaté par un investisseur nord-américain, ce dernier avait d’ailleurs approché le club phocéen et connait parfaitement ce type de dossier. Entretien.

 

 

 

Il y a quelques mois, l’OM vous avait indiqué que le club n’était pas à vendre. Votre client est-il revenu à la charge depuis l’annonce de MLD ?

 

Thierry Granturco : Non, pas du tout. Au départ, il n’était pas enclin à travailler sur la Ligue 1. Il nous avait donné un cahier des charges, et on lui avait dit que l’OM pouvait malgré tout correspondre à celui-ci. On l’a donc amené à s’intéresser à l’OM, mais vu le traitement qui nous a été réservé, il n’y est pas revenu deux fois. La manière dont Igor Levin a fait face à nos demandes est limite acceptable. A partir de ce moment-là, nous nous sommes dirigés vers des clubs de Premier League. Lorsque nous avons appris deux mois plus tard que l’OM était officiellement à vendre, nous n’y sommes pas retournés car la manière dont cela s’était passée n’était pas convenable. Notre client avait déjà bien avancé sur son investissement à Swansea. Mais même si cela n’avait pas fonctionné avec Swansea, il n’y serait pas retourné car les interlocuteurs que nous avons eu à Marseille n’étaient pas des personnes avec lesquelles on pouvait vraiment discuter.

 

 

 

Que s’est-il passé exactement ?

 

 

Thierry Granturco :  Dans un premier temps, nous n’avons pas eu de réponse. Puis ils ont démenti avoir reçus des demandes d’informations. Or lorsqu’on passe par un cabinet d’avocats, toutes les demandes sont adressées par écrit et laissent donc des traces… Nous avons fait plusieurs demandes qui ont été ignorées, ce qui ne se fait pas d’un point de vue de notre code déontologique entre avocats. Ils nous ont mis dans une position inconfortable par rapport à notre propre client.

 

 

 

Votre client a donc investi en Premier League ?

 

 

Thierry Granturco : Oui, à Swansea. Il est en phase de formalisation de l’acquisition. Le deal est fait, mais il ne sera formalisé qu’après la clôture de l’exercice comptable 2015/2016.

 

 

 

À Marseille, plusieurs projets de reprises sont à l’étude, combien de temps peut prendre le processus de vente ?

 

 

Thierry Granturco : Je suis incapable de dire quand les uns et les autres ont demandé l’accès au dossier. Si les accès au dossier ont été demandés après la déclaration officielle de la propriétaire Margarita Louis Dreyfus, on peut penser qu’il ne sont pas près de vendre. Si elle a accepté à partir du mois de janvier de faire des présentations aux uns et aux autres, alors en réalité on se trouverait actuellement dans une phase qui leur permettrait de conclure. En règle générale, pour un dossier de ce type, il faut compter six mois. Il y a deux types d’audit à faire que l’on appel des due diligence qui sont relativement longs. Le premier consiste à réaliser un audit comptable assez traditionnel avec quelques spécificités liées au football, notamment à cause de la DNCG. Celui-ci n’est pas très long. Le second est un audit juridique qui prend beaucoup plus de temps. Il faut s’assurer que l’image comptable et financière de la société ne soit pas dénaturée par des contentieux qui naîtraient après l’achat. Il s’agit par exemple des contrats des joueurs, des deals avec les agents, des relations avec l’administration fiscale et sociale française, des sponsors… Pour ces deux audits, on estime qu’en-deçà de trois mois, on fait rarement du bon boulot. Cela n’empêche pas les négociations de se faire en parallèle. Dès qu’un deal est trouvé, à ce moment-là commencent les actes. Cela commence d’abord par des actes internes comme passer devant le comité d’entreprise pour communiquer les contours précis du projet de reprise. Celui-ci doit ensuite passer devant le conseil d’administration, puis en Assemblée Générale dans des délais qui sont incompressibles et fixés par la loi.

 

 

« Le club vendu avant la reprise? Cela me parait  impensable »

 

 

Il est donc impossible que le club soit vendu avant la reprise si les tractations ont débuté lorsque MLD a communiqué officiellement ?

 

 

Thierry Granturco :  Cela me parait effectivement impensable. La vraie question est de savoir si le processus a vraiment été lancé à ce moment là ou s’il y avait déjà des tractations en coulisses bien avant. Cela expliquerait peut être pourquoi l’on nous ait mal répondu. Ce qui est certain, c’est qu’un processus de ce type prend 6 mois lorsqu’on fait bien les choses, et 4 mois et demi lorsqu’on les fait mal.

 

 

 

Un audit financier est mené depuis plusieurs mois par Dominique Bernard, est-ce le signe d’un processus de vente engagé dès son arrivée ?

 

 

Thierry Granturco :  Non, mais ce sera forcément utile même si un investisseur ne fera pas confiance à un audit diligenté par le club. Celui-ci avait pour but de permettre à Margarita Louis Dreyfus de savoir où elle en est précisément car il y avait quand même des chiffres très alarmants qui circulaient. Soyons clair, aujourd’hui il n’y a aucun doute sur le professionnalisme de l’équipe de Madame Louis-Dreyfus au sein du groupe Louis-Dreyfus. Il y a par contre de gros doutes sur le professionnalisme de l’équipe du club phocéen. Ce qui fait que lorsque vous abordez ce genre de dossier, vous le faites un peu crispé vu le passif assez conséquent du club. Le problème, c’est aussi que MLD n’est pas l’interlocutrice première et qu’avant d’approcher le club il faut d’abord passer par de nombreux intermédiaires qui n’inspirent pas la plus grande confiance. D’où la nécessité de faire des audits sérieux. Il suffit pour un investisseur d’aller sur Google ou d’ouvrir le journal pour se dire que la situation de l’OM sportive, économique et judiciaire n’est pas facile.

 

 

 

Est-ce gênant pour un repreneur de finaliser une reprise en cours de saison ?

 

 

Thierry Granturco :  Oui, c’est très compliqué, puisqu’il ne reste plus que la fenêtre du mercato hivernal pour travailler, on perd presque un an. Si on a un investisseur qui a une calculette à la place du cerveau, il ne le fait pas car il sait que la première année est perdue. S’il s’agit d’un investisseur qui a également une écharpe de l’OM autour du cou, il acceptera peut-être que la première année soit une année de transition, de communication. Il acceptera d’abandonner financièrement ce qu’il peut investir en terme d’image. Si c’est un investisseur du Moyen Orient par exemple, l’image sera plus importante que le résultat financier.

 

 

Propos recueillis par Benjamin Courmes

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