C’était l’événement hier soir pour toute la #TeamOM : le passage de Jacques-Henri Eyraud dans la nouvelle émission de SFR Sport, Breaking Foot. La jeune chaîne sportive avait d’ailleurs lancé un appel aux questions pour le président marseillais sur Twitter. Au delà de la déception des supporters, qui ne s’estiment pas avoir été vraiment relayé en plateau, s’ajoute l’intérêt tout relatif de l’intervention de JHE.
« 102 millions d’euros soit le tiers de ce qui a été dépensé en dix saisons » Eyraud
Il était apparemment d’abord venu pour passer un message que voici :
« J’ai regardé les dix dernières saisons à l’Olympique de Marseille, 10 saisons, ça fait 20 mercatos. L’OM a dépensé en acquisition de joueurs 330 millions en 20 mercatos, sur les dix dernières saisons. Nous avons dépensé en deux mercatos 102 millions d’euros soit le tiers de ce qui a été dépensé en dix saisons. Certains pourront penser que ce n’est pas suffisant, ce que je veux leur dire c’est qu’on montre là qu’on est sérieux, qu’on a de l’ambition, qu’on veut continuer. Il faut juste donner un peu de temps à cette équipe de trouver les automatismes nécessaires pour avoir des performances à la hauteur des attentes de chacun. »
🎙 JH Eyraud : « En 2 mercatos, nous avons dépensé 102 M € … soit le 1/3 de ce qui a été dépensé depuis 10 ans à l’#OM ! » ⚪️🔵 #BreakingFoot pic.twitter.com/6bIb0lMyOu
— SFR Sport (@SFR_Sport) 21 août 2017
Un message qu’il a répété une seconde fois au cours de l’émission comme pour bien faire comprendre qu’il était à retenir. Ce matin, il est malgré tout éclipsé par son petit commentaire sur Diego Costa. Pas un hasard non plus. La recette « un peu de rêve, beaucoup de pragmatisme » a prouvé son efficacité depuis dix mois.
Et puis son hiatus budgétaire n’est finalement qu’une update de son petit cours magistral délivré en amphi… heu… en salle de presse du centre RLD le 26 Juin dernier (voir plus haut). « Le montant des acquisitions de joueurs par saison depuis dix ans a représenté en moyenne 27M€, il faut savoir que le montant total des acquisitions de joueurs à date sur la saison en cours, pour encore quelques jours, a atteint 83M€. »
Au delà de la malléabilité des chiffres d’un discours à l’autre (27 x 10 = 330 ?) on distingue clairement un axe de communication (« on a mis de l’argent comparé à ce qui a été fait ces dix dernières années ») énoncé en début et en fin de mercato comme pour légitimer un travail qui commence à être remis en cause par les supporters.
Lorsque les chiffres disent tout et son contraire….
Le problème de ce genre de comparaisons chiffrées est qu’elles sont souvent brouillonnes et hors contexte. Quid de l’inflation ?
Il y a tout d’abord l’inflation de la monnaie utilisée (l’euro), un critère que nous maîtrisons assez mal et sur lequel nous ne nous attarderons pas au contraire de celle du marché du football. Sans retourner jusqu’en 2006, nous pouvons déjà constater que les sommes investies pour réussir dans le football français ont vécu, sans surprise, un virage inflationniste aux alentours de 2012.
Ce rapport de l’observatoire du football du CIES datant de Mars 2015 démontre par exemple que l’investissement en transfert pour terminer sur le podium en Ligue 1 à doublé entre la période 2009-12 et la période 2012-15. Jusqu’à 2012, 94 millions suffisaient, depuis il faut compter plus du double (199). Le PSG et Monaco avec leurs investisseurs étrangers sont passés par là ainsi que de nouvelles mannes financières à l’étranger qui ont augmenté l’indemnité moyenne de transfert…
De plus le précédent propriétaire de l’Olympique de Marseille se positionnait sur le marché depuis plusieurs années dans une optique de vente du club et de liquidation de l’effectif qui rend la comparaison avec la conjoncture actuelle peu pertinente.
Il faut se souvenir qu’en 2007, le prix évoqué pour la vente du club à Jack Kachkar était de 115M€, bien loin de la petite cinquantaine déboursée par Frank Mc Court à l’été dernier. En cause, un actif joueur dilapidé depuis pour notamment rendre la mariée présentable et sans kilos superflus dans ses comptes.
Si le bostonien avait récupéré un club endetté mais émaillé de Batshuayi, Payet, Mandanda et autres Imbula, ses 100M€ investis sur le marché des transfert auraient à coup sûr eu une autre résonance sur l’effectif actuel.
La dynamique d’investissement a changé à l’Olympique de Marseille et c’est tant mieux ! Nous repartons de l’avant après des années de recul-frein, par contre, nous restons dans la même dimension financière que lors des bonnes années LD…