Retrouvez les témoignages de deux journalistes de Tele Radio Stereo, radio 100% AS Roma, sur les passages de Garcia et Strootman dans la capitale italienne…
Dans le cadre de son voyage à Rome pour couvrir le match de l’OM face à la Lazio, notre journaliste Mourad Aerts s’est rendu dans les locaux de Tele Radio Stereo pour y rencontrer deux de leurs journalistes, Stefano Petrucci et Augusto Ciardi. Retrouvez leurs impressions sur Rudi Garcia et Kevin Strootman plus bas.
« la force et la symbiose qu’il avait montré avec le groupe au début, Garcia l’avait un peu perdu sur la fin… »
Quel souvenir gardez-vous du passage de Rudi Garcia à la Roma ?
Stefano Petrucci : « Garcia a été très important sur le plan du caractère. Il a apporté une humilité et une forte volonté de participer. Il a réussi à motiver une équipe qui sortait de plusieurs saisons ternes, d’une passe difficile. »
Augusto Ciardi : « Le premier souvenir qui me vient quand on parle de Garcia, c’est celui de ses débuts. Il est arrivé à un moment très compliqué pour la Roma. Il est tout de suite entré en symbiose avec les joueurs les plus importants du vestiaire et avec lui, l’équipe a réussi à faire quelque chose qu’elle n’a depuis jamais reproduit. Le début de saison 2013-2014 fut très exaltant (10 victoires d’affilée, record). »
Il paraissait avoir une relation très forte avec les tifosi, vous confirmez ?
Stefano Petrucci : « Garcia est un communicant extraordinaire… »
En France, pas vraiment ! Il est très professionnel, très carré mais… n’a pas vraiment charmé les supporters marseillais…
Stefano Petrucci : « À Rome, il utilisait des expressions très françaises qui fonctionnaient très bien. Comme celle utilisée après un derby remporté alors que la Roma sortait d’une série peu glorieuse dans ces matches. Il a dit qu’après cette victoire, ils avaient remis l’église au centre du village. Ce genre de déclarations a fonctionné magnifiquement auprès des tifosi. »
La fin de son règne fut un peu plus difficile, non ?
Augusto Ciardi : « Le mariage était consommé. Comme beaucoup de relations, elles commencent très bien et se tassent petit à petit. Il n’a plus réussi, à la fin, à tenir son équipe. Parfois dans le foot, une équipe a besoin d’un coup de fouet, d’un signal fort et ça arrive bien souvent que ce signal soit le changement d’entraineur… »
James Pallotta, propriétaire de la Rome, a expliqué récemment : « Avec Garcia, l’équipe dérivait, elle semblait perdue. » Il s’est félicité d’avoir changé d’entraîneur en cours de saison pour atteindre son objectif de qualification en Ligue des Champions. Vous êtes d’accord avec son constat ?
Stefano Petrucci : « Je ne sais pas si l’équipe était à la dérive mais ce qui est certain c’est que la force et la symbiose qu’il avait montré avec le groupe au début, il l’avait un peu perdu… Il avait perdu le contact avec le groupe. Les raisons sont diverses. Rome est une ville très compliquée. Très compliquée à gérer, elle te mène à des situations particulières, dangereuses. Garcia était peut-être devenu trop romain et qui est trop romain, souvent, ne gagne plus. »
« Strootman ? Tout le monde l’aimait au club ! »
Passons à Strootman, quel souvenir gardez-vous de son passage à la Roma ?
Augusto Ciardi : « Quand la Roma prend Strootman, j’étais très heureux comme beaucoup. Le club avait pris l’un des meilleurs milieux de terrain européens. Il avait fait du bon boulot avec le PSV, était déjà international néerlandais. C’était un joueur que voulait Allegri, déjà, quand un an plus tôt il devait venir à la Roma mais qu’il était finalement resté au Milan. C’était une belle opération mercato et il a confirmé sur le terrain en jouant magnifiquement bien.
C’est sa triple opération, avec le risque de ne plus jouer à un certain niveau, qui l’a coupé dans sa progression. Ça a changé son apport à l’équipe. Il y a eu deux Strootman à la Roma. Le second Strootman était presque un joueur normal comparé au premier qui était fantastique. »
Stefano Petrucci : « Strootman était, lors de sa première année, un joueur extraordinaire. On en a vu peu comme lui. Certains le comparaient à Falcao (le grand brésilien des années 80) dans son impact. Aux plus grands. Il était énorme, jusqu’à sa blessure au genou. Il a commis l’erreur de se faire mal opérer aux Pays-Bas si bien qu’il a dû s’y reprendre trois fois. »
Son départ a, malgré tout, été très mal vécu par les tifosi cet été…
Augusto Ciardi : « Tout le monde l’aimait au club.Il est resté dans les mémoires parce que c’était un grand professionnel. Les circonstances de son départ aussi ont fait mal aux supporters, fin août, alors que le championnat avait déjà commencé et qu’il avait
joué le premier match. »
Stefano Petrucci : » Il était impossible pour le club de le remplacer à ce moment-là. Ça a énervé les tifosi et même certains joueurs de l’équipe. Au-delà du rendement technique, il était charismatique, volontaire. Sa grinta plaisait aux supporters et à ses coéquipiers. Il doit se sentir important. C’est un joueur qui a besoin d’être dans un environnement positif pour s’exprimer au mieux. »
Tous propos recueillis par Mourad Aerts