À l’heure où l’Olympique de Marseille se cherche match après match un système efficace à adopter et place beaucoup (trop?) d’espoir en sa recrue Mario Balotelli pour dynamiser les choses il y a une question qui revient de plus en plus pour beaucoup d’entre nous : Pourquoi Rudi Garcia ne teste pas le 4-4-2 losange (ou 4-1-2-1-2 pour ceux qui préférent) tant il semble adapté aux profils de nos joueurs actuels comparativement aux systèmes adoptés jusqu’à aujourd’hui ?
C’est une question à laquelle on ne saurait répondre, d’autres se demanderont pourquoi avec l’arrivée d’un attaquant capable d’évoluer seul en pointe nous voudrions passer à 2 devant, c’est à celle-ci précisément que nous allons essayer de répondre et de démontrer que c’est bien le 4-4-2 losange qui mettrait nos joueurs dans les meilleures dispositions et nous assurerait le meilleur équilibre.
Mettre le maximum de joueurs dans de bonnes dispositions :
C’est forcément l’élément majeur et celui qu’on observe en premier, le souci du 4-2-1-2 favorisé actuellement (et certaines de ses variantes) est qu’il place beaucoup de joueurs à des postes qui ne leur conviennent pas pleinement.
Germain a besoin d’un appui, Payet a besoin d’être dans l’axe et de délaisser un peu le travail défensif, Sanson et Lopez ont besoin d’un guide et d’une sécurité dans leurs dos ainsi qu’idéalement d’une solution devant eux qui se charge de la dernière passe (Ils n’ont jamais autant brillé que dans le 4-3-3 de la saison 2016-2017) Strootman et Gustavo ont besoin d’un relais, de quelqu’un capable de porter le ballon, Thauvin se montre de plus en plus obnubilé par les buts et de moins en moins concerné par la construction ou les taches défensives et Balotelli même s’il est évident qu’il est capable d’évoluer seul en pointe de l’attaque n’a jamais été aussi efficace en Ligue 1 qu’avec Alassane Pléa qui lui tourne autour et fait le travail de l’ombre pour lui.
Il se pourrait bien qu’ils trouvent chacun leur bonheur dans notre système.
Varier les attaques efficacement et provoquer le surnombre :
le système offre beaucoup de possibilités offensives, que ce soit par la combinaison entre les deux attaquants et le milieu offensif, par le surnombre que provoque la projection d’un latéral ou d’un relayeur voire les deux, les possibilités sont nombreuses.
Voyons un exemple d’attaque des plus basiques, les fléches noires représentent les déplacements de nos joueurs, les rouges la circulation du ballon. Imaginons que Strootman trouve appui sur Balotelli (1) que Balotelli fasse une remise qui lance Payet vers le jeu (2), à la réception du ballon il est possible (si tout le monde a bien suivi) que Sanson soit une possibilité un peu en retrait pour temporiser la montée de Sarr qui lui-même peut être une solution au même titre qu’Amavi, qui doivent apporter le surnombre dans cette situation. le plus évident est que Thauvin réalise un appel en profondeur et est parfaitement servi par Payet pour se retrouver face au but.
En quelques décalages on peut obtenir une opportunité de but dans le meilleur des mondes mais on voit surtout qu’il y’a beaucoup de choix pour notre numéro 10 et que le surnombre peut être vite créé par la montée de latéraux ou milieux, dans l’axe comme sur le côté et ça seulement sur une attaque des plus basiques.
Extrêmement exigeant pour les latéraux aussi bien tactiquement que physiquement ou techniquement, le schéma amenant une forte densité au milieu, l’occupation des couloirs est faite en très grande partie par les latéraux qui doivent donc multiplier les allers-retours mais aussi fournir leurs attaquants de bons ballons. Vu le profil et les performances de nos latéraux actuels, c’est un énorme point noir.
A contrario c’est un atout extrêmement intéressant d’avoir 3 joueurs offensifs tels que Balotelli, Thauvin et Payet pour animer cette attaque car aucun d’eux n’est résigné à un seul domaine ; leurs palettes offensives sont larges.
Balotelli a une capacité de passes au dessus de la moyenne pour un attaquant, il peut aussi bien lancer un coéquipier que prendre la profondeur ou servir d’appui. Thauvin, on le sait est évidemment capable d’occuper un couloir mais aussi de combiner ou finaliser une action de même que Payet.
C’est une force de laisser une grande liberté sur ces 3 joueurs, en plus de déresponsabiliser un peu Balotelli et Payet du travail défensif qu’ils n’apprécient pas. Cependant le système devient très dépendant d’eux. Si on imagine parfaitement Germain pouvoir prendre une place dans le trident offensif ça ne sera pas le cas de tous les joueurs sur le banc, et il sera très difficile d’avoir une solution viable en cas d’absence de Payet (indisponible encore quelques matches), seul véritable numéro 10 de l’effectif et joueur à qui le système profite le plus et inversement.
Une sécurité défensive et une forte densité dans l’axe a double tranchant :
On le sait notre équipe encaisse beaucoup trop de buts, même si ce système ne sera pas la solution miracle qui fera atteindre les 35km/h de pointe de vitesse a Rolando, il aura le mérite de permettre une certaine assise defensive et éviter au maximum que nos centraux défendent la profondeur mais se focalisent sur les duels aériens.
En effet, en phase défensive on a un trident axial qui doit réagir vite pour isoler le porteur du ballon, ce qui permet de contenir les attaques sur le côté et forcer les centres ainsi que dissuader les frappes de loin et combinaisons dans l’axe, mais provoque forcément un espace important à l’opposé et une propension accrue à subir des contre-attaques en cas de projection massive de nos joueurs et de pertes de balles. Prudence donc ! Il est aussi nécessaire que nos milieux soient capables de coulisser sur un côté pour épauler les latéraux et qu’ils ne se retrouvent pas en situation de 2 contre 1 à répétition, c’est donc très exigeant pour eux aussi.
Nouvel exemple basique, imaginons une perte de balle de Thauvin avec le système relativement en place (sans mouvements ou projections importantes). Voici le comportement que doit avoir l’équipe, le bloc doit basculer et les joueurs couvrir mutuellement les déplacements de leurs partenaires et cela ouvre obligatoirement une zone à l’opposé mais sécurise plus efficacement l’axe.
Il est difficile d’exercer un véritable pressing dans ce schéma, la plupart des récupérations au milieu se feront par lectures du jeu et interceptions mais surtout par la ligne défensive. Globalement les milieux peuvent gêner et isoler les porteurs de balles mais c’est à la ligne défensive de récupérer le ballon et remporter les duels. Et si en face il y a de très bons joueurs dans l’utilisation et la conservation du ballon, avec des renversements de jeu rapides d’un côté à l’autre et de bons joueurs de couloirs, cela peut devenir compliqué et très usant pour les joueurs qui se retrouvent à beaucoup courir et touchent peu de ballons.
Evidemment un système se travaille, particulièrement celui-ci qui demande une discipline de fer et consomme beaucoup d’énergie. Il n’y’a aucune recette magique mais dans une situation compliquée où les joueurs ont du mal à se situer, la solution est peut-être de les mettre dans un confort maximal. Et la montée en puissance de l’équipe pourrait être assez rapide avec l’acquisition de la connaissance du système, un travail sur la complémentarité des joueurs et la création d’automatismes.
Tu sais ce qu’il te reste à faire, Rudi.
Zempeknio
Afficher les commentaires
0