Voilà longtemps que je n’avais pas posé sur papier une réaction vis à vis de l’OM et il convient, à la vue de la récente sortie de notre président dans le journal l’Equipe, de se lancer de nouveau.
Nous sommes donc à J+2 du « bilan » promis, lors d’un ersatz de conférence de presse n’ayant finalement pour but que d’annoncer notre nouveau sponsor. Et je peux déjà dire que je ne suis pas satisfait de ce que j’ai lu.
Je tâcherai donc, tout au long de ce billet, de comprendre et d’interpréter les dires du président de l’OM en tant que supporter, en me basant sur mon seul ressenti. Bien qu’il y ait fort à parier que mon interprétation rejoigne celle d’une grande majorité.
« Cette solution qui consiste à garder le contrôle sur sa communication »
Premier point, avant même d’aborder le fond de l’article : la forme. En effet je pense que nous étions tous convaincus que cela se ferait sous la forme d’une conférence de presse, là où les journalistes auraient pu poser de vraies questions. Des questions gênantes, sans nul doute, mais des questions qui auraient permis de confronter Jacques Henri Eyraud à ses propres responsabilités, ainsi qu’à ses échecs. Ainsi aurait-il pu publiquement expliquer, point par point, la teneur du nouveau cycle dont il nous parle depuis peu. Mais en choisissant de passer par le biais de cet article pour dresser un bilan de ce qu’il a accompli jusque-là, il semble évident qu’il privilégie la solution de facilité. Celle qui consiste à garder le contrôle sur sa communication.
On constate, curieusement que ce n’est pas le journal régional qui a été choisi pour cette sortie. Ceux qui ont pu voir la conférence de présentation d’UberEats comprendront pourquoi. Il pourra toujours dire que nos journalistes avaient un pressant besoin de vacances.
L’introduction étant faite, entrons dans le vif du sujet. J’épargnerai aux lecteurs les réponses-bateau et me concentrerai sur les points qui m’ont laissé interrogatif.
« D’emblée il annonce la couleur »
Passons les réponses sur son impatience de voir débuter AVB, et concentrons-nous sur ce qui interpelle, c’est à dire le nouveau cycle tant annoncé comprenant la formation et les contraintes financières. D’emblée il annonce la couleur : Villas-Boas est venu car c’est un coach formateur et qu’il accepte de travailler avec des contraintes financières ( L’OM ne doit pas avoir plus de 30M de déficit sur trois ans, il s’élève actuellement à un peu plus de 80M ). Le mot est même clairement énoncé : L’OM va maintenant reposer sur un modèle basé sur la formation. La promesse est belle, car oui énormément de supporters aimeraient pouvoir soutenir des jeunes talents produits par le centre de formation.
Ce discours cependant sonne creux. Quand on sait qu’aucun jeune joueur ne sera retenu en cas d’offre. On le voit aussi dans la lenteur des négociations de leurs contrats (les cas Lihadji et Kamara en sont les exemples), ou encore dans leur détection. Les partenariats pour le moment concernent les très jeunes. Il s’avère difficile de faire venir des jeunes talents, ils ne sont plus très nombreux à affluer à Marseille, depuis quelques années.
Il y a 3 ans, quand JHE parlait de la formation, il tablait sur cinq à sept ans. Aujourd’hui on se retrouve dans l’obligation de devoir partir sur un cycle qui se basera sur la formation et les jeunes talents, tout en priant pour un réveil des cadres et ce cycle nous mènera à 2024 pour les qualifications de la nouvelle formule de C1.
Ce qui nous amène aux objectifs à court terme. C’est à dire ceux de la saison à venir : une énième tentative de qualification en C1. Le tout avec moins de moyens et plus d’incertitudes.
Inutile de préciser que nous devrons une fois de plus compter sur la faiblesse de la Ligue 1 et des éventuelles glissades des rivaux, pour y parvenir.
« Responsable, mais pas coupable »
Deuxième point important de cette interview, le bilan de la saison dernière et celui des actes de JHE.
A plusieurs reprises les journalistes de l’Equipe ont tenté de mettre Eyraud devant ses choix, et en lisant les différentes réponses que ce dernier a donné, une seule phrase me vient en tête : « Responsable mais pas coupable ». Les plus vieux auront bien vu la référence, mais cela illustre totalement l’échange. S’il a bien voulu reconnaître timidement une part de responsabilité, il a pris soin d’insister sur le fait que les joueurs sont les principaux responsables.
Et s’il n’a pas entièrement tort sur le fond, un autre souci demeure. Celui de son aveuglement face à ses propres erreurs. Notamment son choix de conforter Rudi Garcia jusqu’en 2021, alors que les résultats n’étaient pas au rendez-vous. Il lui a également donné les pleins pouvoirs au mercato, faisant place nette à un fiasco dont il est inutile de rappeler l’ampleur. Pour autant, il garde cette fâcheuse tendance à expliquer à qui veut l’entendre, que son bilan n’est pas si catastrophique compte tenu des années passées et que la grille salariale gargantuesque n’est que la résultante d’un essai pour avoir une équipe compétitive (justifiant au passage la dilapidation de l’enveloppe des 200M€ promise par le propriétaire Franck McCourt).
Il est question ici, d’un réel problème d’ego et d’une difficulté manifeste à se remettre en question, alors qu’il navigue à vue dans un milieu qu’il ne connaît que depuis 3 ans.
« … on va recruter, ou pas. »
L’attraction principale de l’été était aussi à l’ordre du jour dans cet l’article. Si dans un premier temps il expliquait à demi-mot que nous devions d’abord voir si des jeunes étaient capables de s’intégrer à l’équipe première, il a sorti tous les mots clés qu’il est courant d’entendre en période d’abonnement.
Nous avons eu le droit aux « investissements significatifs pour la L1 », à l’ « équipe compétitive », ainsi qu’aux « deux trois profils ciblés ».
Mais bien que ce discours ait fonctionné durant quelques années, force est de constater qu’aujourd’hui il ne fait plus effet.
Tout d’abord à cause des faits. Car en vous écrivant aujourd’hui – 11 Juillet 2019 – j’ai le regard sur notre mercato qui n’est pas loin de rappeler le désert de Gobi. L’OM est à l’heure actuelle le seul club qui n’a pas recruté pour la période en cours.
De plus, une contradiction est à souligner dans cet article qui, tout en évoquant une marge de manœuvre réelle, nous offre aussi de brillants passages sur les restrictions budgétaires, les obligations de ventes avant achat et l’éventualité qu’au terme de tout cela, il n’y ait malgré tout pas beaucoup de mouvement. Mais alors, que croire ?
En outre, on a pu aussi apercevoir une veine tentative de remettre Zubizarreta au premier plan. Eyraud a pris soin de nous préciser l’importance du réseau de notre directeur sportif, en nous citant des noms tels que Sanson ou encore Gustavo. Nous avons pendant longtemps espéré qu’apparaitrait, avec la disparition de Rudi Garcia de l’organigramme, des noms de jeunes joueurs espagnols peu connus. Il semblerait que les propositions des noms Franco-Français émanaient de l’ancien portier espagnol.
Chaque mot nous donne ici l’impression, que nous serions bien optimistes de nous attendre à quoi que ce soit et pourtant, il continue de planer un certain suspens qui – vous l’aurez compris – n’existe que pour faire vendre des abonnements. En définitive, il est impossible de savoir à l’heure actuelle si nous allons recruter ou pas.
« … éviter de faire plus de débordements qu’il y en a déjà eu. »
Avant de conclure sur ce billet je tenais à avoir un mot pour l’Affaire « Rami » s’il y en a une. En effet, on y voit la volonté déguisée du club de rompre le contrat d’un joueur qui a plus pensé à s’acoquiner avec quelques présentateurs parisiens, plutôt qu’à retrouver son meilleur niveau. Je ne vois pas d’un très bon œil le dénouement de cette histoire, qui finalement aurait dû être gérée en interne pour éviter de créer plus de débordements qu’il n’y en a déjà eus.
« … Je suis inquiet et c’est peu de le dire. »
En conclusion, je pourrai donc affirmer que je suis inquiet et c’est peu de le dire. En dépit des discours de façade qui marcheront sans doute avec certains, nous nous retrouvons à entrer de façon prématurée dans un cycle, non par conviction mais par obligation. Nous essayons de calquer des formules qui fonctionnent chez les autres, sans avoir les bases solides nécessaires à cette entreprise, ni même l’investissement adéquat.
Les mercatos se suivent et se ressemblent, avec à la tête de l’entreprise OM, un entrepreneur incapable de se remettre en question pour essayer ne serait-ce que de sortir la tête du marécage dans lequel il nous noie. Nos ambitions affichées ne sont pas à la hauteur d’un club comme L’OLYMPIQUE DE MARSEILLE. Car s’il est nécessaire de le rappeler à notre président : nous ne sommes pas un petit club formateur. Nous sommes un club qui se doit de jouer avec les plus grands.
Enfin, Monsieur Eyraud, il convient peut-être de ne pas oublier que les supporters marseillais sont l’essence même de ce club. Leur demander d’ « aller un peu moins sur les réseaux sociaux. » va à l’encontre même de ce qu’est un supporter de l’OM, qui vit intensément sa passion. Une passion qui ne peut être ni dictée, ni enrayée, ni cloisonnée.
Les réseaux sociaux sont pour la plupart le seul moyen de rencontrer d’autres supporters et de donner un avis sur ce qu’il se passe. Cette voix c’est la nôtre, elle nous appartient… et nous permet également de vous faire remarquer avec ironie, que vous êtes bien capable de vouloir nous faire déserter les lieux, tout en vous félicitant d’être entré dans le top des 20 des clubs les plus actifs sur ces fameux réseaux, seulement 18 questions plus tôt.
Le poids des mots c’est important.
Julien
Correction : Caroline
Remerciements : Caroline, Marius.
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