Unanimement, quelle que soit l’équipe que vous supportez, on ne pourra pas dire que 2020 aura été une année faste pour le monde en général et pour le football français en particulier. Et la crise sanitaire engendrée par la covid aura sans doute échauffé les esprits à tel point que les colères et les rancœurs sont exacerbées. Plusieurs sujets qui, de prime abord, ne sont pas liés démontrent tout de même que le football français ne va pas bien et que observateurs et commentateurs – à quelques exceptions près – se voilent la face ou ne disent pas tout haut ce que tout le monde pense tout bas. Ce qui, en tant que passionné de ce jeu me fait m’interroger sur la direction du football professionnel en France. Y a-t-il vraiment un capitaine dans le navire et si oui, où veut il amener le paquebot LFP, qui est loin d’être insubmersible ?
Les « Turpintudes » de l’arbitrage français
Faisant suite à la défaite à Rennes et aux déclarations d’André Villas Boas à la fin du match sur l’arbitrage français dans son ensemble et l’arbitrage de l’OM en particulier, le site du club a diffusé via des tweet quelques statistiques pour le moins affligeantes.
Je ne vais pas commenter ces graphiques, ils parlent d’eux-mêmes. Puis, je ne veux pas rentrer dans la paranoïa dont il serait tellement facile de m’accuser en tant que supporter. Mais ce n’est pas la première fois que je le dis, je trouve l’arbitrage français déplorable et j’irai plus loin en accusant la mentalité française dans son ensemble. Car je ne pense pas que le mal vienne seulement de l’arbitrage.
Il apparaît évident qu’à la lecture de ces statistiques, l’Olympique de Marseille n’est pas arbitré de la même façon que les autres clubs. Pourquoi ? Je n’en ai aucune idée. Beaucoup diront que l’OM dérange, je ne le pense pas. Je ne vois pas en quoi notre club serait dérangeant. Qu’il y ait des animosités entre groupes de supporters, ok, mais entre la LFP et l’OM ? Je me refuse à rentrer dans ce genre d’accusations qui, pour le coup, sont paranoïaques.
En revanche, il serait normal que l’OM soit arbitrée exactement de la même façon que les autres. Si la façon dont l’OM est sanctionnée est la bonne façon, alors que tous les clubs soient en moyenne à plus de 3,5 cartons par match. L’OM est l’équipe la plus cartonnée de France avec un total de 38 cartons jaunes après seulement 15 journées dont 2 matchs en retard.
Alors je n’ai pas voulu focaliser sur l’OM et j’ai regardé le total cartons L1. Nous en sommes à 638, ce qui fait une moyenne par journée de championnat de 1,25 carton par match. Puis j’ai comparé avec les quatre autres grands championnats (qui eux le sont vraiment…grands) et là surprise ou demi-surprise à vrai dire puisque c’était un ressenti que j’avais déjà. Respectivement, la Barclays Premier League, Le Calcio, La Liga et la Bundesliga en sont à 0,87 carton/match, 1,06 carton/match, 1,12 carton/match et 0,99 carton/match (Sources : transfermarkt.fr). Il y a deux façons d’interpréter ces chiffres. Soit nos arbitres n’ont aucune psychologie et dégainent les cartons à tour de bras, soit les acteurs de L1 qu’ils soient joueurs ou staff ne respectent absolument plus les hommes en noir et les règles de ce jeu. La vérité se trouve sans doute entre les deux. Il se trouve que je regarde tous les match de l’OM, mais pas seulement et bien souvent je me fais ces deux réflexions. Je regarde également les match de Ligue des champions et quelques matchs de Barclays Premier League. Et au-delà de la différence de niveau, il y a clairement une façon différente d’arbitrer. Le jeu en BPL et en LdC est beaucoup plus fluide parce que moins de fautes sont sifflées et donc les joueurs habitués à cette façon linéaire d’arbitrer ne s’arrêtent pas de joueur au moindre contact et ne se plaignent pas au premier courant d’air, voire ne font des roulades sur 1400 mètres. C’est une mentalité différente.
J’en veux pour preuve, le match Nîmes-OM joué récemment. Jordan Amavi, joueur le plus averti de l’effectif marseillais, reçoit un jaune après seulement une minute de jeu sur la première faute du match. Je ne conteste pas la faute, elle y était, il n’y a rien à dire, mais un peu de psychologie en avertissant verbalement le joueur qui n’avait même pas protesté en plus.
Autre match, autre exemple. Le PSG-OM du 13 Septembre dernier. L’arbitre du soir, Jérôme Brisard fut totalement dépassé par les acteurs du match. Et pourtant ce n’est pas faute d’avoir averti rapidement dans le match, puisqu’après seulement sept minutes de jeu, le Japonais Hiroki Sakai recevait le premier carton (d’une longue liste) du match. Mais ce soir-là, les parisiens avaient décidé de jouer le vice et ont totalement dégoupillé. Par exemple, la faute de Neymar sur Payet très rapidement dans le match, sanctionnée d’un jaune aurait dû au minimum être accompagnée d’une discussion avec la star brésilienne qui prend un peu trop ses aises en L1, voire carrément être sanctionnée par un rouge direct car la faute était volontaire et vicieuse, tout comme la provocation verbale qui s’en est suivie. Et si un joueur de l’OM avait agit de la même manière, j’aurais dit exactement la même chose. Il n’y a rien de partisan. C’est juste qu’à un moment donné, il y en a marre des joueurs qui ne respectent pas le jeu et l’esprit du jeu. Que ces derniers s’appellent Neymar, Messi ou Ronaldo.
D’ailleurs le traitement médiatique des arbitres, des matchs et de certains joueurs dont Neymar en particulier est sans doute l’un des problèmes qui gangrène notre football. Quand je vois les excuses publiques qu’a dû faire Thiago Mendes pour donner suite à sa faute sur Neymar, je me dis que ce championnat marche sur la tête. Mais cela me permet de faire la transition vers le sujet suivant.
Qui a gratté Dédé ?
Pour faire écho à l’excellent article de MassaliaLive écrit pas le non moins excellent @maximepelfresne, il faut ajouter dans l’analyse de l’arbitrage, le traitement médiatique. Et la passe d’arme entre l’entraîneur de l’OM et l’un des journalistes de La Provence est le fruit de ce traitement médiatique qui n’est que de surface. Pour les suiveurs passionnés et bénévoles que nous sommes et qui tentons de partager notre OM à travers nos mots, parfois nous sommes atterrés par la pauvreté des questions posées à AVB en conférence de presse. Rares sont les questions purement tactiques, alors qu’il est prompt à y répondre. C’est toujours la même rengaine. Les blessés ? L’arbitrage ? Les transferts en période de mercato, les contrats des joueurs. Après je ne jette pas la pierre aux journalistes à qui on demande de faire vendre un format qui est quasi désuet afin de faire en sorte que les annonceurs viennent remplir les cases et financer la survivance de toute une entreprise. Mais justement, lorsque l’on sait que notre métier et notre emploi ne tiennent pas à grand-chose, ne faut-il pas s’appliquer la plus grande humilité ?
Le complexe de supériorité de certains est effrayant et j’en veux pour preuve la tirade de tweet d’Alexandre Jacquin : https://twitter.com/AJac13/status/1339945224525783049
Monsieur Jacquin, vous êtes qui pour prétendre savoir qui peut ou ne peut pas s’exprimer ? Bien sûr je ne cautionne pas les insultes gratuites et les invectives sous couvert d’anonymat, mais vous qui vous octroyez le droit de vous exprimer plus que les autres, êtes donc suffisamment intelligent et habile du verbe pour répondre ou ne pas répondre quand vous estimez que c’est inutile ?
Alors, oui, le comportement d’AVB n’est pas normal et je ne l’approuve pas. Quand on est professionnel, aussi fortes que soient les pressions, on se doit de les assumer et de garder ses nerfs. Mais comme l’a parfaitement souligné Maxime, les professionnels n’en sont pas moins des hommes. Sur un terrain de foot, Villas-Boas aurait pris un rouge direct. Mais c’est toujours la même chose entre la provocation et celui qui répond à la provocation. Zidane/Materrazzi et tant d’autres exemples. Le journaliste n’avait pas à s’en prendre de la sorte à AVB mais AVB n’avait surtout pas réagir comme ça. Mais je vous invite à lire Maxime, il a tout dit et je ne veux pas faire de redondance, c’est parfaitement dit.
Y a des juristes à la LFP ?
On attend avec impatience Mardi prochain, la décision du tribunal de Nanterre dans le conflit qui oppose Mediapro à la Ligue de Football Professionnelle, mais il apparaît incroyable qu’un diffuseur qui s’est engagé contractuellement en 2018 à verser 800 Millions d’euros par an n’honore pas son contrat en tout impunité et s’en sorte en tout et pour tout avec un accord avoisinant le versement d’une centaine de millions d’euros, là où plus de 300 millions auraient dû être versés à la LFP. Pire que pire, l’accord permet au diffuseur hispano-chinois de s’en sortir sans aucune poursuite de la Ligue. Clairement les clubs et la LFP devront faire une croix sur un peu plus de 200 Millions d’euros dans un premier temps et sans doute plus, une fois que la ligue aura trouvé un nouveau diffuseur.
Pourquoi pas de poursuites ? Car la ligue se retrouve dans une impasse qui sans doute la conduirait à sa perte et à celle de nombreux clubs professionnels. Si la LFP avait engagé des poursuites contre Mediapro, il est quasi certain que les avocats et autres juristes de Médiapro auraient trouvé des failles juridiques soit contractuelles, soit dans le droit français, pour s’y engouffrer et faire traîner les choses en longueur. Et si c’est une chose que la LFP n’a pas, c’est bien le temps. Les clubs qui ont la moitié de leur budget construit sur les ressources des droits TV ne peuvent plus se permettre d’attendre des ressources qui ne viendront peut-être jamais.
Il était donc temps de trouver un accord qui libère ainsi les deux parties et permet à la ligue de trouver un nouveau diffuseur. On espère en tous cas, que cet épisode aura servi de leçon en lançant à l’avenir les appels d’offres et surtout en demandant des garanties et en blindant juridiquement les contrats.
Cela aura démontré, si preuve il fallait, que les directions passées et actuelles du football français ne sont pas très visionnaires et très prévoyantes et que la question sur la qualité juridique des personnes qui y travaillent mérite d’être posée.
Que se serait-il passé s’il n’y avait pas eu de crise sanitaire ? Jaume Roures aurait-il agit de la même façon ? La crise sanitaire est-elle un prétexte pour se désengager d’un contrat finalement estimé après coup surpayé ? Nous ne le saurons sans doute jamais. Et je fais la distinction entre Mediapro et la chaîne Téléfoot sur laquelle travaillent de nombreux journalistes de qualité et que j’apprécie et je leur souhaite sincèrement le meilleur pour la suite de leurs carrières.
Le football français prend, tant au niveau sportif, qu’au niveau de ses dirigeants une direction assez inquiétante. Les résultats des clubs en coupe d’Europe sont plus que mauvais avec seulement deux clubs restants en lice au printemps, le niveau médiocre de la L1 n’est plus à démontrer tant techniquement que dans les identités tactiques. Alors bien sûr, le résultat est important mais gagner sans jouer, c’est d’une tristesse absolue au niveau du spectacle. Et de nos jours, pour vendre des images à l’international, il faut du spectacle, chose que la BPL a parfaitement comprise. Déjà qu’il n’y a pas de spectacle dans les tribunes des stades les plus fréquentés, s’il n’est pas au moins sur la pelouse…Et je ne crois absolument pas (j’espère me tromper, bien sûr) dans les capacité des dirigeants, Vincent Labrune en tête, à se réinventer. Cette révolution culturelle aurait dû avoir lieu, il y a bien longtemps déjà, mais on préfère se cacher derrière la vitrine PSG et l’équipe de France.
Tacle Glacé