Hèèè ma fouaaa, c’est là que tu vois que l’OM est comme une religion, une sorte de divinité.
L’OM te met des claques mais tu lâches rien. Tu te dis que tu as dû les mériter quelque part. Que tu as trop joui pendant qu’il te dispensait ses bienfaits. Que tu t’es sans doute trop moqué des autres à leur montrer sa force quand le club t’avait emmené tout en haut, comme si tu étais maintenant coincé dans la roue d’un terrible Karma. Tu pries en permanence pour la victoire de ton équipe, tu te fabriques toutes sortes de rituels sacrés. Tu attends, tu gagnes parfois, tu perds souvent, puis tu mises tes espoirs sur le match d’après. Il te suffirait juste d’un pas de côté pour sortir de ces enchaînements frustrants de rencontre en rencontre, quitter la communauté hétérogène des supporters et ne plus avoir à te préoccuper des résultats de jeunes hommes très riches par le seul fait que tu passes du temps à te préoccuper de leur sort. Des fois tu te promets de l’effectuer ce pas de côté, mais tu le retiens. Mon vieux père me faisait le coup après chaque défaite, il m’annonçait solennellement que c’était son dernier match, qu’il arrêtait l’OM comme un jour on arrête les femmes, ou le sucre, mais à chaque fois il reprenait lui aussi le chemin du stade juste au prétexte bien commode de m’accompagner. Je suis plus sage que lui, je ne dis jamais que c’est terminé.
J’entretiens juste l’idée qu’un jour, peut-être, je dirai stop. Quand j’aurai l’impression que l’OM ne ressemble plus à l’idée que je continue, malgré tout, de m’en faire.
Quand le sentiment me gagnera qu’on l’a complètement arraché à Marseille, sous l’effet de l’argent et des formidables capacités de manipulation de ceux qui le possèdent. Peut-être que nous n’en sommes plus très loin quand je lis l’interview que vient de donner un certain Hervé Philippe (je n’en avais jamais entendu parler), le « head of content and média » du club (c’est pas une fonction qui claque, ça ?) : « Actuellement nous avons environ 10 millions de fans dans le monde entier, dont plus de 50% qui n’habitent pas en France et près de 90% qui n’habitent pas à Marseille ». Ce cher Hervé nous apprend qu’ils ne sont pas moins de 25 personnes à travailler uniquement pour la communication sur les différentes plateformes médias, entre ceux qui sont chargés de produire et ceux qui s’occupent de la diffusion, sans compter les cerveaux qui conçoivent et valident les messages, définissent les objectifs.
Les résultats de l’équipe ne s’améliorent pas. Les réactions qui autrefois poussaient entraîneurs et dirigeants vers la sortie semblent avoir perdu de leur portée.
Enfermés dans le club, ceux qui le dirigent pensent qu’ils n’ont plus rien à craindre de la ville et des supporters qui la peuplent encore. Seul l’avenir nous dira s’ils ont tort ou raison. Une chose est sûre, plus le temps passe, plus j’ai, parfois, l’impression que l’OM est de moins en moins l’OM. Ça me rend furieux.
C’était la séquence dépit, une nouvelle après bien d’autres… et tant vendredi on gagne à Bordeaux, fada…
Vive le grand Roger Magnusson !
Thierry B Audibert
