Hèèè ma fouaaa, je pensais vous la faire courte, mais non, il y avait des choses à raconter.
J’ai bien fait ce que j’avais dit. Mon tout petit moment de grève à moi tout seul. Sans chercher à rameuter les journalistes pour faire le buzz, j’ai fait un truc qui me tenait à cœur. Il m’aurait été insupportable d’entrer dans le stade ce soir après une telle saison où nous nous sommes faits prendre pour des cons sur toute la ligne.
Alors, je suis bien arrivé avec ma chaise pliante et ma glacière devant le stade, avec des bières, des cocas, de quoi un peu me sustenter.
J’étais tout seul d’abord et comme personne ne venait, vous savez ce que j’ai fait ? Hèèè ma fouaaa, j’ai bossé, histoire de prendre de l’avance pour lundi.
Et puis j’ai eu de la visite avec @beligane qui souvent me contacte pour me signaler des fautes dans mes billets que je m’empresse de corriger, c’est son rôle dans @olympiens. Content de l’avoir vue et que nous nous soyons parlés.
Et puis, mes potes Jacques et Pierre, aux côtés desquels je me tiens dans le Virage Sud habituellement sont passés me dire bonjour. @willnice13 également, et c’était sympa de faire sa connaissance. Et puis l’ami Jeremy Degun. J’ai vu aussi des gens me dire qu’ils lisaient souvent mes billets et cela m’a fait très plaisir, des gens de mon âge, ou plus jeune, comme Mathias qui m’a dit des choses très gentilles.
J’avais pensé à tout sauf à un décapsuleur pour 2 bières que m’avait filées mon ami Sourigna, grand spécialiste des bières.
Mais je vous dois la vérité, je me suis abstenu de boire car il est une autre chose à laquelle je n’avais pas pensé… l’envie de pisser. Lors de mon premier moment de protestation du temps de MLD, il y avait encore le chantier du Centre Commercial du Prado, c’était pratique. Là, il m’a fallu attendre la mi-temps et qu’il n’y ait plus personne pour traverser Michelet, prendre une ruelle en face à gauche, et faire mon affaire dans un jardin, de la rue, à travers le grillage. Moooon dieu, que c’était bon, j’avais cru mourir avant de libérer enfin ma vessie reconnaissante.
Il y a un truc incroyable quand on reste devant le stade, c’est le nombre de gens qui arrivent en retard, jusqu’à une 1\2 heure, sans se presser. Les mecs, ils ont les maillots, tout, leur godet de bière encore à la main, ils s’amènent en parlant, rien à battre du match.
J’avais vu la première mi-temps sur mon iPad, et je dois dire à quel point j’étais content de ne pas être entré pour voir ça. Quelle indigence. C’était juste insupportable et je m’en veux presque d’avoir tenu si longtemps. On se moque de nous, les enfants. Ils nous ont pris pour des cons. Si ce que vous avez vu en première mi-temps, c’est du football, alors je n’y comprends plus rien. Et ce fut comme ça toute la saison. Ceci n’est pas l’OM. Désolé. Il va falloir changer de mentalité, de McCourt jusqu’au nouvel entraîneur. On veut bien supporter, pas cautionner le néant, la nullité absolue, cette paresse lamentable.
Et la deuxième mi-temps ? Rien vu. Voilà pourquoi. Je venais de me réinstaller après mon épisode urinaire bienvenu, quand une femme brune et souriante, pantalon noir, baskets de marque, maillot de l’OM bleu parfaitement ceintré, grand sac à main, s’approche de moi pour me demander si j’étais là pour vendre quelque chose. Elle avait vu la glacière, elle m’avait déjà remarqué intriguée avant le match, elle venait de quitter le stade après la première mi-temps. Je lui réponds que je ne vendais rien, mais que si elle le souhaitait, je pouvais lui offrir un coca ou une bière. Elle déclina l’offre mais une longue discussion comme je les aime s’ensuivit qui me permit de faire la connaissance de S…. une jeune femme de 38 ans (pour moi, c’est encore jeune), une peau légèrement mate due à ses origines tunisiennes, elle est arrivée bébé en France avec ses parents qui s’installèrent dans les quartiers nord. Comme je lui demandais pourquoi elle était sortie du Stade, elle m’expliqua qu’elle œuvrait au soutien d’un homme politique marseillais qui allait se présenter aux prochaines municipales, et que donc elle était venue faire quelques images dans le stade qui pourraient lui servir. Alors voilà que nous avons parlé politique. Elle trouvait que je dégageais quelque chose de parisien, elle voulait dire « classe », un peu dans ma façon de parler, ce qui me fit beaucoup rire. Nous avons évoqué Marseille, l’immigration, la religion, le ramadan, le bled. S…….. a beaucoup de naturel et de spontanéité. Il n’y avait rien, et je m’empresse de le préciser de tendancieux dans ses attitudes, elle était en confiance et je l’étais aussi, même si elle tentait de me raccrocher à son candidat, parce que c’est une femme de conviction, mais sans insister non plus. Ce fût très agréable de la questionner, d’écouter ses réponses, de remonter son itinéraire qui l’avait conduite à habiter désormais dans le 8e arrondissement (le plus bourgeois de Marseille, je le dis pour les non-marseillais qui me lisent), et nous nous sommes quittés bons amis.
Nous avons bien entendu la clameur sur le but, c’était donc Thauvin, mais je n’ai même pas regardé le ralenti sur l’IPad.
À 10 minutes de la fin, je commençais à avoir un peu froid alors que je pensais m’être suffisamment couvert, S………. m’avoua qu’elle se caillait aussi, mais elle avait le maillot manche courte. Je me suis tiré les amis.
Voilà ma drôle de soirée. Chose qui me fascine aussi, il y a des gens qui arrivent très en retard au stade, et d’autres qui partent très en avance. Permettez-moi de trouver cela fort incongru quand on est comme nous le sommes le plus souvent, passionnés à mort pour ce jeu et pour ce club. Manquer une minute est une torture. Ce qui m’amène à dire que louper tout un match représente pour moi un lourd sacrifice. Je redoute que dans les mois qui viennent, si malheureusement comme je le pressens les choses tournent mal pour l’OM, je ne sois conduit à en sacrifier d’autres. Car le club s’enfonce dans la médiocrité sportive et footbalistique sous la conduite d’Eyraud, je ne vois pas pourquoi je changerais d’attitude.
Je me console en pensant qu’il sera amené inévitablement à partir en cas de nouvel échec. Et c’est un drôle de paradoxe que d’attendre un nouvel échec que l’on ne souhaite pourtant pas.
En tout cas, c’était une drôle de soirée…
Vive le grand Roger Magnusson
Thierry B Audibert
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