Fatche de, le suspens monte…
L’Olympique de Marseille sera-t-il vendu bientôt, d’ici quelques semaines, mois ? Ou bien jamais ? Les optimistes espèrent, les autres restent sous la couverture du froid réalisme. Ne peut-on pas trouver que toutes les pensées sont légitimes ?
Ce qui nous attire dans l’espérance d’une vente, c’est de voir le club pris en main par des actionnaires capables de l’armer pour le remettre en situation de voguer vers de grandes conquêtes.
Dans cette perspective, l’OM planté par les investissements et les décisions ratés du président Eyraud, ne pourra que difficilement exister dans la compétition suprême et ceci pour des années. McCourt, malgré sa fortune, semble désormais un peu court pour relancer le projet.
Si la Ligue des Champions est au sommet d’un immeuble de 30 étages, vous préférez prendre l’ascenseur ou les escaliers ?
Lors du dernier Apéro-Mercato du FC Marseille, je me suis un peu emporté en invitant l’actionnaire américain à se casser s’il cherchait à faire une grosse plus-value sur la vente, ce qui pourrait faire traîner d’éventuelles négociations. Je veux encore une fois rendre hommage à McCourt pour le risque qu’il a pris en achetant le club et en investissant bien au-delà de ce qu’il avait annoncé. Pour autant, il est bien le seul responsable de son management et de la catastrophe qui a suivi. Le club est certes en Ligue des Champions, mais où sera-t-il à la fin du prochain exercice ? Cela vaut-il la peine pour le propriétaire de le posséder encore au-delà ?
Mais il faut le dire, si nous connaissons désormais la candidature de Mourad Boudjellal, et de l’homme d’affaires tunisien Ajroudi, nous n’avons aucune certitude que l’argent sur lequel ils comptent pour la transaction, et pour les premiers investissements, sera bien au rendez-vous.
Certains ont raillé Ajroudi pour le contour méditerranéen de son projet, peut-être une tentative maladroite pour amener l’opinion sur autre chose qu’une supposée guerre Qatar-Arabie Saoudite au travers de notre championnat. Il n’en demeure pas moins que Marseille a plus à voir avec la mer qui la borde qu’avec le reste de la France. La ville doit tout à la mer, y compris une grande partie de sa population. Michèle Rubirola dans son premier discours de maire, samedi, après une séance élective palpitante, a d’ailleurs commencé par citer Blaise Cendrars : « Marseille appartient à qui vient du large ».
Je ne vois pas ce que cette idée d’un Olympique de Marseille grand club du bassin méditerranéen a de risible ou ridicule.
Elle porte tout en même temps une certaine logique et une belle sagesse. Quant à MR Ajroudi, il est hors de question que je l’aborde avec le moindre préjugé, contrairement à d’autres. S’il y a la moindre entourloupe dans son jeu, nous le saurons assez tôt. Mais pourquoi se mettrait-il dans la sauce s’il n’a pas les capacités qu’il avance ?
Alors que nous ignorons encore si les négociations ont vraiment commencé, la candidature Boudjellal essuie déjà pas mal d’attaques. Elles étaient attendues. Celle qui se profile ciblera sûrement l’assassinat du journaliste, Kasshogi, déjà évoqué par Romain Molina, et d’autres. Je ne voudrais pas que certains oublient que les états commettent parfois de lourdes erreurs qui les poussent au meurtre. Tous les états ont des cadavres dans les placards. Faut-il rappeler le Rainbow Warrior, ou Robert Boulin ? Peut-on se permettre d’évoquer la belle place mondiale qu’occupe la France dans la vente d’armes ?
Le championnat français est écrasé depuis quelques années par un pays multimilliardaire qui a fait le vide autour de lui dans le but de conquérir la Ligue des Champions.
C’est du dopage financier. Nous sommes au regret de constater qu’aucune règle, aucune loi, aucune remarque éthique n’est faite à l’encontre de ce comportement dérégulateur des compétitions. Si personne n’intervient, que ce soit en France ou en Europe, alors il ne me semble pas incongru de laisser un autre état fortuné choisir Marseille. C’est bien volontiers que j’accepterais ce destin, en attendant qu’un jour ce petit monde se retire parce qu’il ne prendrait plus le moindre plaisir au football.
L’OM a déjà gagné la Ligue des Champions, il peut le refaire si on lui en redonne les moyens. Nous avons un des plus beaux stades du monde, un des publics les plus fervents et les plus chauds de la planète foot. Je ne doute pas que notre club peut intéresser quelqu’un de puissant au Moyen-Orient. Molina, pour reparler de lui, avance qu’à force d’entendre parler de ce projet, les saoudiens pourraient finir par en avoir l’idée. Ce moment est peut-être advenu.
De plus, je suis sûr que pas mal de stars mondiales viendront plus volontiers chez nous qu’à Paris, parce que nous sommes un vrai club et un vrai public. Et pour moins cher peut-être.
Il y a toutefois un écart sensible entre l’espoir et la réalité et nous allons naviguer entre les deux pendant un certain temps.
La lettre d’intention est-elle partie ? L’argent est-il arrivé sur un compte ? Le prix du club a-t-il été fixé ? Qui serait aux côtés d’Ajroudi ? Ou bien rien de tout ça, Mourad Boudjellal serait en train de se faire enculer selon les termes de Romain Molina qui nous dit qu’il travaille douze heures par jour mais n’a eu besoin que de deux ou trois coups de fil pour mesurer la véracité des envies saoudiennes vis à vis de l’OM.
Il y a selon moi deux types d’incertitude, la bonne et la mauvaise. Je n’arrive pas à me l’expliquer, mais je la trouve bonne, cette incertitude.
Vive le grand Roger Magnusson !
Thierry B Audibert
@TBAudibert