Hèèè ma fouaaa, ça y est, j’ai le contrecoup. Cette saison noire, ou plutôt blanche, commence à me peser sur l’âme.
Vous me voyez là, je rigole, je fais comme-ci, mais franchement c’est pas ça. Je sais que c’est pareil pour beaucoup de ceux qui me lisent. Et comment ne pas cultiver une certaine appréhension devant toutes les infos en bois qui vont nous bombarder la tête jusqu’à la reprise, cela même alors que Rudi Garcia est toujours en poste.
Je crois l’avoir déjà écrit par ici, quand l’OM ne va pas bien, je me réfugie dans le passé du club. C’est là que je ressource mon amour, ma passion. L’Histoire de l’OM c’est une rivière qui coule majestueuse, avec ses courants, ses barrages, ses précipices, ses virages sinueux. Le passé m’aide à supporter le présent.
Ça va mal ? On ne connaît pas vraiment les moyens réels et les intentions du propriétaire, on laisse en place un président incapable, on ne sait pas vraiment quels joueurs vont nous quitter, et pour quel prix ? Et en plus nous ignorons lesquels et combien de joueurs arriveront et qui les choisira. C’est ce qu’on appelle un temps de grande incertitude.
Et pourtant, qu’est-ce qu’ils pouvaient dire les supporters de l’OM au sortir de la guerre, alors que tout était à reconstruire.
Rendez-vous compte. Il fallait retrouver les joueurs. On ne savait même pas où se trouvaient certains. Jean Bastien par exemple, le meilleur milieu de terrain, tout le monde ignorait où il était. Ça paraît fou.
Il n’y avait plus de local, il fallait en retrouver un, autre que l’arrière-salle d’une brasserie de Castellane.
Le stade Vélodrome était sous le contrôle des américains. Un jour qu’un match amical de reprise est programmé pour l’OM. Match annoncé dans les journaux et tout.
Et voilà que nos libérateurs arrivent tranquilles pour se faire une partie de football américain, ils prennent le terrain avant. Ils accepteront néanmoins d’abréger leur partie parce que le public hurle et gronde. T’imagines, si un jour les chinois nous envahissent et nous font le coup ?
Le stade de l’Huveaune est truffé de mines allemandes.
On va justement utiliser ceux qui les ont installés puisqu’ils sont désormais des prisonniers de guerre, et ils vont sortir de là-dessous près de 300 engins de mort.
La saison 1945-1946 n’est pas terrible. Nous sommes aux portes de la descente. À l’entame, le club est dans l’incapacité financière de reprendre Larbi Ben Barek prêt à revenir. Le Franco-marocain part au Stade Français qui va nous sortir en quart de finale de la Coupe de France. Nous sommes battus 3-1 et la perle noire est dans le coup des trois buts. L’épisode va pousser Pierre Robin, le père de Jean, à démissionner. Oui, parce qu’à cette époque mon cher Jakenri, quand on échouait, on démissionnait. Ou bien on était amené à le faire…
La question de la rémunération des joueurs se posait déjà.
Les joueurs trouvaient qu’on ne leur redistribuait pas assez par rapport aux recettes-guichet. Seuls ceux ceux qui avaient un bar, comme Zatelli, Pironti, s’en sortaient, ou Aznar, lequel s’était mis dans le commerce de la chaussure. Son commerce, rue de Rome, resterait l’une des boutiques les plus connues jusqu’aux années 70.
À l’intersaison 1946-1947 on remontait une sorte de centre de formation. On appelait les clubs de la région à envoyer vers l’OM leurs meilleures pépites. On promettait aux clubs qui jouaient le jeu quelques vagues gratifications. Cela ne vous rappelle rien ?
Oui mais voilà, en 1948, nous étions champions de France… Il faut absolument que je vous parle du titre de 1948 ces jours-ci.
Ne rêvons pas trop. Il faudrait pour rêver un peu, autre chose qu’un Jacques-Henri Eyraud à la tête du club. Nos perspectives de bonheur devront attendre son départ ou plutôt son prochain échec, malheureusement. Qu’il se débrouille avec ces joueurs très bien payés grâce à lui, qui ont décidé pour l’instant de rester. D’un autre côté, je vais me régaler de le voir pédaler dans la semoule qu’ils sont en train de lui préparer. Je vais pas le plaindre.
Débrouille-toi, Jakenri !
Vive le grand Roger Magnusson !
Je tire les infos historiques de ma bible: Marseille, un club de légende. Gilles Castagno.
Thierry B Audibert
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