Hèèè ma fouaaa, le billet de ce matin m’a posé un problème.
Devais-je ou non l’écrire en sachant qu’il n’allait pas faire plaisir à tout le monde ? Alors qu’un sentiment intérieur me poussait tout de même à passer par-dessus mes craintes ?
Alors, je m’y suis collé.
Je vais revenir ici sur ma perception du Jump joué au piano par le jeune Mourad lors de l’entrée des joueurs.
Que l’on ne se méprenne pas sur mes intentions. L’histoire de ce jeune garçon ayant grandi à La Castellane, totalement déconnecté de la musique classique, qui retrouve à l’oreille sur un piano des lignes mélodiques issues de grandes partitions, alors que cet instrument ne se trouve pas dans son environnement, qu’il n’a pas eu d’éducation musicale, c’est magnifique. Vraiment !
J’ai adoré que l’on se penche sur lui. Que l’on se débrouille pour lui fournir un piano, qu’on le prenne en main pour démarrer une véritable initiation technique et musicale.
J’ai apprécié l’idée de lui proposer de jouer le Jump sur la pelouse alors que les joueurs arrivaient sur le terrain. Je me suis même dépêché de rentrer dans le stade, grommelant que la foule soit encore trop importante au premier barrage, pour ne pas rater ça.
Puis Mourad a joué… Franchement j’attendais beaucoup mieux et c’est là que ma gêne a commencé.
Que l’on soit bien d’accord, je ne veux pas porter de jugement négatif sur son niveau. Jonathan Mac Hardy, le journaliste-consultant de RMC, supporter de l’OM d’après ses dires, a lâché sur Twitter un jugement lapidaire : « c’est nul ! ». Il s’est pris une grande marée d’insultes. C’était très maladroit parce c’était surtout blessant pour le petit.
Ce qui me pose problème, c’est qu’alors qu’il n’est qu’au début de son parcours dans la musique, qu’il semble tellement loin du niveau de virtuosité que certaines bonnes âmes croient bon de lui attribuer, une boîte comme Universal lui fasse enregistrer un disque, que la chaîne M6 comme nous l’avons appris dans Le Phocéen demande à l’OM qu’il fasse le morceau sur la pelouse (est-ce pour un reportage ?), que Jacques-Henri Eyraud l’accepte si facilement.
Je pense que le petit Mourad devrait être longuement placé sous cloche, le temps pour lui d’ingurgiter des heures de boulot avec de très bons profs, de perfectionner cette oreille innée, absolue ou relative, peu importe, soit préparé pour s’approcher de la perfection et supporter la pression du spectacle. Il doit prendre son temps. Comme le dit le proverbe : Chi va piano va sano e va lontano.
Mais il semble que l’histoire est tellement belle que certains ont décidé de l’exploiter. Ici reposent mes doutes. Est-ce une si bonne chose pour lui, même en considérant l’éclairage que ce petit évènement a porté sur lui ?
L’histoire est belle avec ce don spontané et improbable habitant ce corps juvénile. Qu’en sera-t-il demain quand il aura pris de l’âge et qu’il découvrira qu’il n’est pas plus doué que des dizaines d’autres, que certains sont capables d’appréhender parfaitement des œuvres qui lui poseront problème. Que deviendra-t-il quand les projecteurs bienveillants se détourneront s’il n’est pas conditionné à supporter l’extrême discipline que la musique réclame ?
Quand on me signale la présence de M6 dans son entourage, j’ai envie de demander s’il mérite d’être traité comme une vulgaire vedette de téléréalité, alors qu’à la différence de cette triste caste sans talent, il a un don artistique qui doit se voir développé.
Alors, tout simplement, je n’apprécie pas ce que je pressens, mais je peux me tromper, qu’on est en train de faire de lui. Jacques-Henri Eyraud en a ainsi profité pour faire un joli coup de com’. Entre la deuxième place de l’équipe, sa réponse à Aulas dans les suites de OM-Lyon, et Mourad, le voilà qui rattrape une partie de son déficit d’image.
Je ne suis pas musicien moi-même. J’ai grandi avec un prof de piano, mon oncle recevait ses élèves dans la pièce à côté de ma chambre. Je n’ai pas souhaité continuer les leçons avec lui, pas vraiment envie de me coltiner son enseignement très strict. Mais j’adore la musique classique. Je vais assister à des concerts, je vois plus d’une quinzaine d’opéras par an. Mon oreille est sensible. Pas autant que je le voudrais, il me manque beaucoup de choses, mais je détache facilement ce qui est parfait de ce qui ne l’est pas encore.
Je souhaite de tout mon cœur qu’on favorise le chemin de Mourad jusqu’au bout de ses possibilités... mais si au bout du compte, parce que des gens pas très bien intentionnés n’auraient nourri à son égard que des considérations pécuniaires ou de communication, et qu’il le vive mal, je préfère poser ce billet là, au moins n’aurais-je pas cautionné la couillonnade.
Car qui ne dit mot consent.
Vive le grand Roger Magnusson !
OM – [OLYMPIENS] CHI VA PIANO… (RETOUR SUR LE JUMP AVANT OM-BREST)
Par olympiens2 - Publié le - Mis à jour le
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