Aïoooli supporters olympiens du seul Olympique
Il y a un tweet, hier, qui nous a énervés, un peu amusés aussi car après tout c’était rigolo de répondre derrière. Il émanait pourtant de quelqu’un de brillant en la personne de François Pesenti, ex patron de RMC, j’ai pas le temps de fouiller dans sa bio mais de mémoire son parcours est remarquable, parti des bases du journalisme pour aller conquérir une situation de pouvoir dans une grande station de radio, et maintenant de télé, qui a largement fait son beurre sur le football.
Mais on peut être une pointure dans son domaine et rester affligé de petites faiblesses qui mettent à distance le factuel. Répondant à un tweet de Gregory Coupet, désormais entraîneur des gardiens au FC Nazilyon, François Pesenti laisse entendre à celui qui est sans aucun doute son ami, que toute la France serait derrière son club dans son match aller contre le grand FC Barcelone.
Il lui échappe ainsi complètement, et c’est une belle forme de mépris pour elle, que la communauté des supporters de l’OM, dont chacun sait qu’elle n’est pas contenue sur le seul territoire de la région marseillaise, se fout du tiers comme du quart du destin du club de Jean-Michel Aulas. Non seulement on s’en fout, mais on souhaite qu’il se vautre comme une merde. « Pourquoi tant de haine ?» serait-il tenté de me répliquer avec toujours autant de candeur que dans son tweet, « ne crois-tu pas qu’il y a assez de haine dans l’actualité en ce moment, les insultes à Finkielkraut, la profanation des tombes juives en Alsace qui fait suite à des signes nazis sur des images de Simone Veil, ces échanges virulents entre israéliens et palestiniens, que tu veux participer ainsi à en rajouter avec ce qui n’est que du football ? ».
C’est formidable quand tu écris tout seul dans un restaurant après une grosse journée de travail, tu peux t’inventer un dialogue avec un type qui ne t’adressera jamais la parole. Cela me fait penser à un livre que j’ai lu dernièrement, son titre : Je suis Ariel Sharon. Il est écrit par une jeune femme palestinienne dont le père a grandi à Chatila, y voyant la mort de très près le jour des massacres bien connus.
Dans ce livre, l’auteure Yara El-Ghadban prend la voix des femmes de la vie de Sharon, elles lui parlent de lui, de lui avant lui et du parcours qui l’a amené à devenir ce qu’il est devenu, un homme avec du sang sur les mains, elles lui parlent avec amour et sans complaisance, et on ne sait jamais au fond si leurs mots sont des mots d’amour ou des mots de mépris et de haine, ces mots qu’elles lui susurrent à l’oreille pendant qu’il se trouve dans ce long coma prolongé qui précéda la mort du dirigeant israélien.
L’amour et la haine sont tellement proches. La seule chose qui nous relie aux supporters lyonnais et qataris c’est le football. Il ne t’a sûrement pas échappé cher François que le foot est une opposition, et que chez les supporters cette opposition ne s’arrête jamais, particulièrement depuis les années 80, quand les médias dans lesquels tu as fait ta carrière ont favorisé et encourager les rivalités qu’il génère presque naturellement et c’est toujours le cas de la radio dont tu vas quitter la responsabilité.
Pour autant je te rejoins, le football n’est pas la guerre
Mais planter un but n’est rien d’autre qu’un meurtre symbolique. On ne veut pas détruire les lyonnais et leur ville, (elle est pas belle, qu’ils se la gardent), mais on veut les voir souffrir dans la défaite de leur club en bois qui n’était rien avant Aulas, et qui ne sera plus rien après sa mort.
C’est ainsi. Alors quand tu te permets, François Pesenti, de parler au nom de tous les français pour les unir derrière la bannière lyonnaise, on déclenche pas l’intifada mais on a tous envie de te dire, à Marseille et ailleurs « hein ? Tié fada toi ! ».
Alors que je finis ce billet, le match du FC Lyon se termine sur un 0-0, on espère qu’il vont se faire fracasser au Camp Nou pour le retour.
Vive le grand Roger Magnusson !
Je suis Ariel Sharon, de Yara El-Ghadban est disponible aux éditions Mémoire d’encrier. 16€.
Thierry B. Audibert