FCM donne la parole aux supporters de l’OM. Nico du podcast MCP (@CommeElleVient1) a écrit cette lettre au président de l’Olympique de Marseille, Jacques-Henri Eyraud.
Cher Jacques-Henri,
Je me permet de t’appeler comme ça non pas parce que je t’apprécie, mais plutôt parce que ton séjour parmi nous commence à tous nous coûter beaucoup.
Je ne parle même pas des centaines de millions d’euros que tu as cramé et que ton patron n’est pas prêt de revoir. Après tout, il ne semble pas t’en tenir rigueur mais plutôt des conséquences de tes actions depuis plus de quatre ans.
Aujourd’hui, tu nous expliques que tu souhaites ni plus ni moins que repenser le supportérisme à Marseille. C’est ambitieux, tu ne trouves pas ? Des supporters, on en a à l’OM depuis des décennies. Mon grand-père allait au stade, mon père aussi et je compte bien sur mes descendants pour en faire de même.
C’est curieux cette habitude que tu as de vouloir réformer, rénover, réinventer, disrupter comme disent beaucoup de tes amis. Certes, beaucoup de choses allaient mal à l’OM quand tu es arrivé mais il y avait aussi des choses sur lesquelles tu aurais pu t’appuyer. Ce club n’était pas une startup, il ne partait pas de zéro.
Tu as commencé par vouloir changer la manière de faire des transferts. On était tous d’accord. Personne n’a plus envie de procès, d’escroquerie, de Thomas Deruda ni de Lamine Diatta. Tu nous a sorti une « liste noire » d’agent. Ca t’a duré un peu moins de six mois, puis tu as fait venir Grégory Sertic. Puis Nemanja Radonjic. Puis tu as reçu l’offre « miraculeuse » pour André-Frank Zambo Anguissa. Enfin, tu as fait la faramineuse opération Balotelli. N’entrons pas dans les détails mais disons qu’on a su à quoi s’en tenir.
Tu as aussi obtenu la tête des Yankees. Tu n’as pas rencontré beaucoup de résistances. Le groupe était un peu moribond, une sale affaire de mœurs collait aux basques de son leader et puis, surtout, on venait de tutoyer les étoiles avec une finale européenne. La gloire, ça a tendance à nous rendre un peu plus malléable, je l’avoue. Tout le monde savait qu’ils faisaient un peu de biz, c’était dur de les défendre. On s’est un peu inquiété mais on a laissé faire. Le vent commençait à tourner et à lever un fond d’air mauvais.
Ensuite, quand les choses sont devenues moches avec Rudi Garcia, tu as refusé de le virer. Tu parlais de stabilité alors qu’on était surtout stables dans la médiocrité. Oui, tu ne cédais pas à la culture de l’instant mais l’instant était mauvais, très mauvais. Garcia est parti de lui-même et nous avons perdu pas mal de fric et d’illusions dans l’affaire. Surtout on est passés pour des nuls dans un sacré paquet de matchs, ce qui n’est pas très agréable.
Après tout ça, tu t’es fait discret. Tu as compris que c’était mieux pour tout le monde. André Villas-Boas a été une bonne pioche, enfin. Il a pris la lumière et a bien travaillé, nous avons finis deuxièmes à la faveur de quelques très beaux matchs, de pas mal de purges victorieuses et de l’arrêt prématuré du championnat. Alors que cette opportunité inespérée de relancer le projet est arrivée, tu t’es débrouillé pour te fâcher avec ton coach, populaire et crédible, en virant son ami Zubizarreta (qui a failli mais pas plus que d’autres).
Nous avons donc entamé une nouvelle saison avec un coach agacé, un effectif pas du tout renouvelé, à moitié en fin de contrat et, forcément, nous nous sommes plantés. C’était pas la peine de revenir en Ligue des Champions pour faire ça, tu ne crois pas ?
Tu as installé Ouvrard (difficilement) et Longoria et c’est peu après que tu as décidé de passer trop de temps sur Linkedin. En mai dernier, tu t’es fendu d’un texte en guise de leçons tirées de tes années à l’OM. Tu parlais des supporters comme d’“éléments exogènes« . Ce n’était déjà pas très délicat. Puis, il y a quelques semaines, tu as fait cette fameuse interview vidéo qui t’a causé tant de soucis.
Après avoir à moitié insulté un grand nombre de tes anciens salariés, tu as ni plus ni moins raconté que ce n’était pas souhaitable d’engager des supporters au sein du club parce qu’ils seraient moins productifs les lendemains de défaites. Traite nous de crétins, pendant qu’on y est, non ?
La suite, on la connaît, l’envahissement de la Commanderie, un moment terrible pour tout le monde. Le choc a été grand. La justice s’en occupe et c’est normal même si tu ne m’enlèvera pas de l’idée que ceux qui se sont fait gauler sont surtout ceux qui n’ont pas réussi à s’enfuir avant d’être de dangereux casseurs dignes des envahisseurs du Capitole. Aussi, tu ne m’enlèveras pas non plus de l’idée que tout ça, c’est une belle connerie mais ça ne mérite pas d’aller aux Baumettes. D’ailleurs, c’est quoi le bilan final des dégâts ? Je n’ai pas vu passer cette information. Sans doute un oubli.
Nous voilà donc à aujourd’hui. Le moment est critique. L’initiative que tu as lancé, pardon de te le dire mais elle sent un peu le moisi. Que les groupes de supporters aient des problèmes, sans doute mais sans eux, je te le dis tout de suite, tu n’as plus rien, tu n’es plus rien. Si des gens aiment ce club à en pleurer et viennent de très loin pour acheter des places au Vel, ce n’est pas pour applaudir gentiment Nagatomo ou Rongier en bouffant des hot dogs tièdes (une fan expérience un peu médiocre, si tu me le permets). S’ils viennent, c’est avant tout pour se sentir appartenir à une communauté, un peuple, un patrimoine culturel.
Dans ce Vélodrome, on tente de construire une utopie où tout le monde chante d’une même voix, très fort si possible. Parfois ça marche, parfois ça ne marche pas mais on essaie. Les gens veulent en être. Et si on est connus dans le monde entier c’est avant tout pour ça. Pour cette outrance, cette folie, ce refus d’être raisonnables parce que raisonnables, on est obligés de l’être tout le reste du temps.
Tu cherches à détruire ce miracle fragile et tu as tort, dans les grandes largeurs.
Aujourd’hui, moi je me pose surtout une question. Ce sport, il ne te plait pas, tu as envie d’en changer les règles (les doubles buts pour les frappes hors de la surface, quel souvenir…) et tu le compares à un jeu vidéo ou à un service de streaming. Ces supporters, tu les méprises (qu’ils aient un suit ou pas), quand tu ne portes pas plainte contre eux, tu cherches à casser leurs rituels les uns après les autres. Tes résultats, tu dois en convenir, ne sont pas satisfaisants. OK, OM Records c’est sympa, la diversification bat son plein mais sur le plan sportif et économique, tu n’es pas bien meilleur qu’un vulgaire Vincent Labrune. Et, pardon de te le dire, mais Vincenzo avait le mérite de nous faire un peu marrer, lui.
Tu diriges un club que tu n’aimes pas, dans un sport que tu n’aimes pas et tu y obtiens des résultats médiocres. Alors, entre nous, qu’est-ce que tu fais encore là ?