Voilà vé, tu n’as plus le droit de penser et de livrer tes constats dans le monde prodigieux des entraîneurs du football français. Surtout si tu es étranger, et jeune de surcroît.
Qu’est-ce qu’il a pas dit Pablito, président du club français le plus prestigieux ? Moins deux, ils vont descendre en bande pour lui péter la gueule devant chez lui peuchère.
Des réponses de petites frappes
Le débat, ils ne connaissent pas. Contre-argumenter courtoisement, avec civilité, permettre le dialogue des intelligences, construire des raisonnements qui pourraient se compléter au lieu de s’opposer, impossible. Il ne s’agit pourtant pas de faire un match.
Au lieu de cela, le jeune président espagnol s’est fait envoyer par médias interposés des réponses de petites frappes sans intérêt.
« Mais qui tié toi ? » ou « Tia fait quoi dans ta vie ? » mais aussi « Si tu veux ouvrir ta gueule, va le faire dans ton pays » ou bien alors « À moi tu parles ? Tu sais qui je suis, fada ? ». On exagère pas si on dit que ce qui a été rétorqué à Pablo Longoria tout au long de la journée d’hier tient dans ce malheureux ramassis de vulgarités.
Je ne suis pas en train de sous-entendre que les propos du président de l’OM sont incontestables. Mais il est loin d’avoir tort sur tout. Il a le mérite de faire ressortir une vérité qu’on a tous identifiée quand on est un amoureux du beau football, celui qui privilégie les capacités créatives, l’inspiration, la fulgurance plutôt que la solidité et la puissance.
Il n’a pas tort Pablo
En France, on joue pour être solide derrière et user l’adversaire pour dans un deuxième temps le faire craquer. Celui qui me dit qu’il a aimé l’équipe de France championne du monde en titre, celle de Deschamps, me contredira peut-être, mais hors de tout propos nationaliste ou chauvin, je dois avouer pour ma part avoir nettement préféré les propositions belges ou croates, voire même le Japon, plutôt que le jeu français lors du dernier Mondial.
Et puis franchement, beaucoup l’ont dit, mais depuis Wenger, Houllier, Tigana en Angleterre, Zidane en Espagne mais le marseillais est-il un bon exemple, non, les entraineurs français s’exportent peu voire pas du tout. Un peu en Afrique ou au Qatar. Garcia à la Roma vaut-il seulement la peine d’être cité.
En découvrant les propos de Pablo, c’était sur le plateau du FC Marseille lundi, je n’ai certes pas été tenté de partager totalement son avis, mais au regard des réactions déclenchées je ne peux que me ranger à ses côtés sans hésiter.
Du coup, on a qu’une envie : celle de voir Longoria réussir son assemblage lors du prochain mercato, avec des joueurs que Sampaoli saurait guider vers des performances enthousiasmantes. On voudrait que le tandem qui va piloter le club ferme les bouches de ces mecs dont on ne peut pas dire non plus qu’ils aient réussi de grandes choses dans leurs carrières.
Ce qui est sûr, c’est que Pablo le démonteur n’a pas forcément bien préparé le terrain à son entraîneur argentin. L’OM sera désormais attendu au coin du bois à chaque journée de championnat. Mais cela changera-t-il quelque chose par rapport à l’habitude ? Sûrement pas, l’OM de tous temps à fait l’objet d’un traitement spécial. L’équipe à abattre.
Le moment de frapper
Cet après-midi, les lorientais se présenteront au stade Vélodrome dans l’espoir de nous arracher un point. Ils sont aux portes des barrages, au fond du sac. Ils ont accumulé pas mal de nuls, notamment à Montpellier, comme nous, même s’ils se sont pris une belle raclée dernièrement face au RC Lens, notre rival pour la 5e place. Ce sera l’occasion de voir si nous sommes capables de faire aussi bien que les sang et or. Les merlus sont annoncés avec des absents mais ne les écoutons surtout pas. Je suis toujours marqué par le soir d’un OM-Lorient perdu 2-3 sous Gerets, quand Gourcuff alors entraîneur du club breton se plaignait de ne pouvoir se présenter avec ses meilleurs éléments. J’avais laissé 1000€ sur ce coup…
Le calendrier est favorable. C’est le moment d’envoyer du jeu. Et puis désormais, nous aurons en tête à l’occasion de chaque victoire qu’ainsi Pablo Longoria et Jorge Sampaoli ferment les bouches des grandes bouches du foot français.
Il n’est pas surprenant que la philosophie qui fait passer le jeu avant le classement dérange profondément ceux qui entretiennent la médiocrité ambiante.
Après tout, cela ne me déplait guère que Marseille et l’OM soient des ambassadeurs du beau football, car il est le seul qui sait faire rêver les enfants.
Vive le grand Roger Magnusson !
Thierry B Audibert