Pilier du Marseille Champions Podcast, Yannis publie un nouveau billet de l’OM sur Football Club de Marseille…
C’est une nouvelle page de la grande histoire olympienne qui se tourne, et un nouveau chapitre qu’on espère audacieux, rythmé et porteur d’espoir qui débute. L’arrivée du sanguin Jorge Luis Sampaoli Moya sur le banc de l’OM a tout pour devenir une osmose enivrante, victorieuse et chaotique comme seul le club phocéen peut nous en offrir. Sa philosophie de jeu portée vers l’offensive, son exigence et son tempérament peuvent redonner plaisir, émotions et fierté aux supporters. Le natif de Casilda semble constituer le parfait remède pour rebooster un club à la recherche d’une identité de jeu qui colle à sa devise. Cependant, à Marseille même les plus sulfureuses idylles finissent par disparaître, et rien ne se passe jamais tout à fait comme prévu.
Sur le bitume à peine réchauffé par un soleil printanier, l’heure est à l’impatience et à l’excitation. L’OM s’apprête à entamer un nouveau cycle et tout le monde est de nouveau prêt à s’enflammer. Le profil du coach argentin et le timing de son arrivée à la tête du onze olympien suscitent bien des interrogations mais qu’importe, la Canebière est prête à l’embrasement. Cet OM piétine et a grandement besoin d’un nouveau guide et d’un nouveau souffle. À travers Sampaoli, le souvenir de la folle saison 2014-2015 de Marcelo Bielsa resurgit. La personnalité atypique de l’ancien entraîneur de l’Atletico Mineiro devrait rapidement lui permettre de faire corps avec cette ville pas comme les autres dont les rues regorgent d’histoire.
Quartier emblématique du centre-ville de Marseille, proche de la Canebière, Belsunce est un quartier populaire. Du boulevard d’Athènes au grand centre commercial du Centre Bourse, en passant par l’Alcazar, ancienne salle de spectacle reconvertie en bibliothèque, ses ruelles grouillent d’humanité. « Fleuron des quartiers phocéens » comme le clamait Bouga dans son célèbre titre « Belsunce breakdown », c’est un quartier atypique aux effluves de Méditerranée, niché au cœur de Marseille.
Le célèbre Cours, perpendiculaire à la Canebière, a été baptisé Belsunce en hommage à Monseigneur Henri François-Xavier de Belsunce-Castelmoron, évêque de Marseille dont le dévouement lors de la grande Peste de Marseille de 1720 marqua l’épiscopat. Son attitude pendant cette période fut très courageuse. Beaucoup de marseillais furent frappés de sa bienveillance et sa dévotion envers les malades. L’évêque multiplia les gestes spectaculaires en exorcisant le fléau du haut du clocher des Accoules, comme le raconte Chateaubriand dans ses Mémoires d’outre-tombe : « Quand la contagion commença de se ralentir, M. de Belsunce, à la tête de son clergé, se transporta à l’église des Accoules : monté sur une esplanade d’où l’on découvrait Marseille, les campagnes, les ports et la mer, il donna la bénédiction, comme le pape à Rome, bénit la ville et le monde : quelle main plus courageuse et plus pure pouvait faire descendre sur tant de malheurs les bénédictions du ciel ? »
« L’idée, c’est de changer l’histoire de l’endroit où tu vas, rien de moins. Si tu ne vas pas quelque part avec cette envie, faire ce métier a peu d’intérêt. » Jorge Sampaoli dans So foot
Mgr Belsunce fit de nombreuses processions et consacra la ville au Sacré-Cœur de Jésus pendant une messe célébrée le 1er novembre 1720 sur le cours qui porte désormais son nom. Il déclara à cette occasion : « À Dieu ne plaise que j’abandonne une population dont je suis obligé d’être le père. Je lui dois mes soins et ma vie, puisque je suis son pasteur. »
Mais dans son œuvre « La Peste », Albert Camus évoque en revanche une fin hautement chaotique pour l’évêque de Belsunce. Vers la fin de l’épidémie, l’évêque ayant fait tout ce qu’il devait faire, croyant qu’il n’était plus de remède, s’enferma avec des vivres dans sa maison qu’il fit murer ; que les habitants dont il était l’idole, par un retour de sentiment tel qu’on en trouve dans l’excès des douleurs, se fâchèrent contre lui, entourèrent sa maison de cadavres pour l’infecter et jetèrent même des corps par dessus les murs, pour le faire périr plus sûrement.
Par analogie, on peut d’ores et déjà imaginer ce qu’il adviendra du passage de Jorge Sampaoli sur le banc marseillais. Le chantier est immense et la mission qui lui incombe ressemble à celle d’un guérisseur, durant laquelle «Sampa » devra se donner corps et âme comme Mgr Belsunce il y a plusieurs siècles. Pour raviver la flamme d’une part, et soigner des supporters en plein désarroi face à la situation de l’OM. Si son passage au Brésil n’a pas été couronné de succès, il rappelle néanmoins qu’il est capable de relancer une équipe, lui inculquer un style, et obtenir des résultats avec peu de moyens. Charge aux dirigeants de savoir capitaliser sur sa philosophie ultra offensive pour bâtir l’OM de demain et rendre ses lettres de noblesse à la devise « Droit au but » qui trône fièrement sur le maillot blanc.
Belsunce, c’est mon quartier fétiche. Celui de mes premiers amours. C’est dans ce quartier que la vérité de Marseille m’a enlacé pour ne plus jamais me quitter. À Jorge Sampaoli désormais de s’imprégner de cette ville et d’y écrire sa propre histoire.
Belsunce Breakdown
Yannis
@B_Yannis_