Chroniqueur sur l’Équipe 21 et président de l’association Foot Citoyen, Didier Roustan évoque, dans la deuxième partie de notre entretien, le changement d’entraîneur en cours de saison, le profil idéal du futur coach et le fantasme autour de la vente du club. (Voir la première partie sur le mercato et la Ligue 1).
L’erreur c’était de virer Baup
FCM – José Anigo était-il la personne idéale pour succéder à Elie Baup ?
Didier Roustan : « Personnellement, je n’ai pas compris pourquoi on a viré Baup. On le vire sous prétexte qu’il ne tenait plus le vestiaire et on prend José Anigo juste pour recadrer les joueurs. Il pouvait très bien le faire sans prendre la place de l’entraîneur puisqu’il était déjà omniprésent. Il assistait à tous les entrainements, il faisait tous les déplacements, il était dans le vestiaire avant et après les matchs… A la limite, il aurait pu simplement épauler Baup. Je ne pense pas qu’Anigo voulait sa place, au contraire, il me semble qu’ils s’entendaient bien tous les trois avec Labrune, mais, pour moi, l’erreur c’était de virer Baup. Il fallait garder une certaine forme de continuité. C’était certainement le fusible idéal pour les supporters, mais si ce sont les supporters qui dirigent alors…. »
Le drame de Baup s’est de les avoir amenés en Ligue des Champions
FCM – Choisir Baup pour succéder à Deschamps, c’était peut-être ça le mauvais choix, non? L’OM n’aurait-il pas du miser sur un entraineur d’envergure ?
D.R. : « Il y avait des problèmes de budget. Et puis, il faut qu’il s’entende bien avec Anigo. Un coach d’envergure doit avoir tout pouvoir et peut être que ça ne l’amusera pas d’avoir un directeur sportif qui fait tous les déplacements, qui est présent à la mi-temps, après les matchs, qui parle sans arrêt aux joueurs…. Et puis, ils ont été débordés avec Deschamps. Il les a un peu baladé et les premiers jours de la reprise à Crans Montanna, il n’y avait personne. Baup avait quand même une grosse expérience. Le drame de Baup c’est de les avoir amené en Ligue des Champions.
FCM – Zidane entraineur de l’OM, ça serait une belle histoire non? C’est crédible selon-vous?
D.R. : « C’est un gros risque. Zidane aura certainement plus de caution que la moyenne car il est marseillais et que les gens l’aiment bien, mais s’il n’obtient pas de résultats les supporters vont quand même râler . Si j’étais Zidane je n’irais pas faire mes premières armes en tant qu’entraineur là-bas. Ce n’est pas un club simple. L’OM a quand même de grosses ambitions et il faut une grosse expérience pour pouvoir supporter beaucoup de choses à Marseille. Je prendrais plutôt un entraîneur expérimenté d’une certaine envergure.»
Il faudrait plus un baroudeur
FCM – Le nom de Gourcuff revient aussi régulièrement, c’est une bonne idée selon vous?
D.R. : « Non, il n’a pas le profil. Un gars comme Gerets avait tout. Il avait une autorité naturelle, il avait ses convictions, mais en même temps il était cool. Gourcuff est trop breton, il aurait du mal à se fondre dans l’ambiance marseillaise. Il a réussi à Lorient, mais c’est comme un Guy Roux, si tu le sors de son cocon… Il faudrait plutôt repartir de zéro avec un entraîneur étranger qui a l’habitude des clubs un peu chauds, mais si possible francophone ».
Bielsa, c’est pas mal mais il faut savoir que c’est un fou
FCM – Et Bielsa ?
D.R. : « Ha oui Bielsa c’est pas mal, mais il faut savoir que c’est un fou. C’est un super entraineur, mais ça veut dire qu’il va falloir être aux ordres, ça va être carré. Est-ce que Labrune, qui gère maintenant les transferts, peut accepter un entraineur qui va vouloir tout décider ? Et puis c’est rare que les grands entraineurs viennent seul sans staff. »
FCM – On entend systématiquement dans les médias que l’OM est invendable, vous êtes de cet avis?
D.R. : « Oui un peu. Un mec qui mettra 400M€ voudra tout pouvoir. Ça ne veut pas dire qu’il voudra écraser les supporters, mais est-ce possible d’avoir tous les pouvoirs à Marseille ? Disons que ce qui s’est passé ces dernières années et la réputation du club ne plaident pas en faveur d’un tel investissement. »
FCM – Sans ça, l’OM n’est-il pas voué à vivre dans l’ombre du PSG et de Monaco dans les prochaines années?
D.R. : « Vu l’évolution du football, s’il n’y a pas un repreneur, ils lutteront toujours entre la 3e et la 5e place en championnat et n’iront jamais bien loin en Ligue des Champions. Ou alors, il faudrait une certaine forme de continuité avec de la réussite sur certains joueurs. Dans l’état actuel, il faudrait un gros concours de circonstances pour que l’OM puisse jouer le titre. Après, il faut voir ce que veulent les supporters… »
FCM – Pour finir, j’ai entendu dire que René Malville n’avait pas trop apprécié que vous le traitiez de guignol?
D.R. : « Je ne l’ai pas traité de guignol. Il y a des gens qui n’ont manifestement pas compris ce que je voulais dire dans mon blog. J’expliquais que les supporters de Dortmund ne pourraient pas comprendre un mec comme René Malville. C’est une question d’environnement. Naples ce n’est pas la Juve, Boca ce n’est pas le Bayern. Moi, je m’en fous, je le trouve sympathique, mais s’il ne comprend pas, je n’y peux rien. Il fait du buzz avec ça, s’il est content tant mieux pour lui. Je n’ai pas vu sa minute mais on m’a rapporté qu’il m’avait attaqué sur le fait que je me moquerais des gens qui ont l’accent. Alors ça, par contre, c’est intellectuellement malhonnête. Mon père est marseillais, je ne vais pas me moquer de mon père. Je suis pote avec pleins de marseillais dont Cantona, je suis moi même du sud… Je ne me suis jamais moqué des accents, c’est ridicule ».
Propos recueillis par B.C
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